Des films déclassifiées d’essais nucléaires américains apparaissent sur YouTube

Des films déclassifiées d’essais nucléaires américains apparaissent sur YouTube

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Par Thibault Prévost

Publié le

Le Laboratoire national de Lawrence Livermore a passé les cinq dernières années à collecter et restaurer des films d’essais atomiques réalisés par les États-Unis.

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À la fin de la Seconde Guerre mondiale, après les démonstrations de force de Hiroshima et Nagasaki qui ont tué environ 200 000 Japonais, les États-Unis (comme la France) se sont mis en tête que la bombe nucléaire pouvait encore être améliorée. Entre 1945 et 1962, avant que la France ne se serve d’atolls polynésiens comme laboratoires de test atomiques, les Américains inauguraient la méthode avec près de 210 essais nucléaires atmosphériques – ceux qui font les jolis champignons – sur son territoire.

Si un certain nombre des enregistrements de ces expériences sont encore protégés du sceau du secret, une équipe de chercheurs s’active depuis cinq ans pour traquer, récolter, restaurer, numériser et publier la dizaine de milliers de films dispersés aux quatre coin du pays. Le 16 mars, 64 d’entre eux ont été mis en ligne sur YouTube.

Un travail d’archiviste

Derrière ce projet d’archéologie filmique étonnant, un physicien spécialisé dans les armes nucléaires, Greg Spriggs, employé au Laboratoire national de Lawrence Livermore (LLNL), une structure qui étudie les armes nucléaires et promet d’œuvrer pour “faire du monde un endroit plus sûr”. À la tête de son équipe d’archivistes, Spriggs explique être parvenu à récupérer 4 200 films et en avoir fait déclassifier 750. Certaines des bandes sont littéralement en état de décomposition.

“Vous pouvez sentir cette odeur de vinaigre quand vous ouvrez les boîtes, un sous-produit du processus de décomposition des films”, explique Greg Spriggs à Gizmodo. D’autant que peu importe les conditions de conservation, les bandes se décomposeront irrémédiablement car “elles sont faites de matière organique, et la matière organique se décompose”, tout simplement. Pour les chercheurs, c’est donc une course contre la montre, semée d’obstacles administratifs et judiciaires, pour faire déclassifier les films avant de les numériser.

Selon Greg Spriggs, le processus prendra encore un ou deux ans pour les 3 480 films restants, certains ayant été réalisés avec des caméras à très haute fréquence – jusqu’à 2 4000 images par seconde. Que son équipe y parvienne ou non, il convient néanmoins de saluer un effort essentiel pour la mémoire collective, à l’heure où les tensions diplomatiques entre grands propriétaires de joujoux nucléaires font renaître dans nos cœurs pacifiés les craintes oubliées d’un conflit armé planétaire. Une petite séance de visionnage de feu d’artifice atomique en Technicolor s’impose.