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Vidéo : à Las Vegas, ces trois joueurs de poker pros nous ont raconté leur quotidien

Vidéo : à Las Vegas, ces trois joueurs de poker pros nous ont raconté leur quotidien

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Par Louis Lepron

Publié le

À l’occasion des World Series of Poker, qui se tiennent chaque année à Las Vegas, on est allés à la rencontre de trois joueurs professionnels français de poker.

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Se retrouver dans un motel dans le fin fond de la Californie, à quelques encablures de la Vallée de la Mort, est la meilleure façon de se rendre compte de la folie de Las Vegas. Les halls sont immenses et subissent une glaciale climatisation, censée compenser, avec 20 degrés de moins, la chaleur étouffante des rues qui entourent le Strip, nom qui désigne la portion de route longeant les plus grands hôtels-casinos de la ville et du monde.

Et la liste comparative se poursuit : pas de cafards qui débarquent à la nuit tombée, pas de bestioles mortes dans la piscine, pas de breakfast qui encombre l’estomac. Tout, ici, est aussi lisse que le capot des imposants 4 x 4 qu’on peut croiser sur les avenues.

À Las Vegas, les noms des hôtels sont prestigieux, à la hauteur des espérances financières d’un client, d’un touriste ou d’un Américain de passage : le Bellagio, le MGM, le Rio, le Palazzo ou le New York-New York. Des intitulés qui claquent à la lueur des devantures brûlées par un redoutable soleil. À peine arrivé, “on se croirait à Disneyland” est la première réflexion honnête que tout bon visiteur peut se faire. On trouve ici un château, un peu plus bas une immense fontaine, là une statue de la Liberté, semblant indiquer non pas le chemin vertueux de l’émancipation mais la route de la fortune.

Dans les palaces clinquants, une effervescence gagne constamment les couloirs, salles et autres services dédiés à la culture du jeu : qu’il soit 13 heures, 2 heures ou 7 heures du matin, vous trouverez toujours un mec sentant l’alcool à six mètres avec un T-shirt “PornHub” ou “KISS ME” essayant désespérément de gagner au black jack et sautant sur sa chaise alors que la musique des jeux virtuels qui l’entourent n’en finit pas de vrombir.

La Cité du vice

Il n’existe qu’une ville au monde où tout repose sur la consommation et c’est Las Vegas, devenue au fil des décennies un élément important de la pop culture et du cinéma, de Casino à Very Bad Trip, laissant sur le trottoir des personnages, comme celui de Zach Galifianakis, essayer de profiter de cette particularité pour… faire de l’argent. Ce n’est finalement pas pour rien qu’on l’appelle la Cité du vice.

En 2017, la ville est loin d’être ringarde. On y vient pour jouer, évidemment, organiser un enterrement de vie de jeune fille (ou de garçon) ou passer un week-end entre potes. Après toutes ces semaines et mois de travail, l’idée est de déposer son cerveau, casser sa routine faite de sport, d’enfants criards ou d’études coûteuses pour louer une chambre au 36e étage d’un hôtel, passer son temps à la piscine et découvrir au soleil, bière locale à la main et de la crème sur la gueule, les joies du farniente.

On est ici pour flamber, manger, perdre, gagner, retirer, se saper, boire, boire, boire à bas prix, tant et si bien que les hôtesses passent et vous servent des verres forts pour un simple pourboire.

Sarah, Yoh et Erwann

C’est dans ce cadre extraordinaire (et le mot est faible) qu’on a suivi des joueurs pros de poker français signés dans la Team PMU Poker. L’idée ? Comprendre comment trois jeunes ont choisi de se lancer dans un monde à part, décidant, à leur manière, de consacrer leur vie à voir défiler des cartes et à essayer de comprendre ce que cachent celles de leur adversaire.

Face à nous, on a donc retrouvé Sarah, Yoh et Erwann. Avant même de leur avoir parlé, on savait déjà que se dégageraient trois personnalités bien distinctes. Un peu comme dans la présentation convenue de Suicide Squad, mais sans les effets spéciaux.

Avant tout, il y a Sarah Herzali. À 28 ans, elle évolue en tant que joueuse dans un monde de mec. C’est une “cash-gameuse” mais se concentre tout autant sur les tournois plus classiques. Voilà près de dix ans qu’elle fréquente les salles de poker.

Yoh, aka Johan Guilbert, c’est le mec connecté. À peine est-il arrivé dans une salle, dans le cadre d’une soirée ou d’un évènement quelconque, que son iPhone devient le prolongement physique de son bras droit, mettant en scène sa vie de joueur, pour mieux en faire profiter ses followers sur ses réseaux sociaux. Sa particularité, presque logique, est qu’il est un “twitcheur” de renom. Ses parties, il les fait profiter, en live, à des milliers de personnes.

Pour finir, Erwann Pecheux, 26 ans. Cet ancien étudiant en école d’ingénieur a décidé de se lancer dans le poker avec un avantage : son expertise des probabilités. Son point fort est donc sa capacité à décortiquer le jeu et, au fil des années – il a participé à près de 700 tournois en live et près de 4 000 “online” –, à dégager des automatismes. Il a découvert le poker en 2010, en vacances, puis a décidé d’arrêter ses études pour se consacrer entièrement à sa passion.

Pour Erwann, le poker peut facilement être mis en lien avec le quotidien :

“C’est un peu une métaphore de la vie dans le sens où l’on retrouve tout ce qu’on voit au quotidien : on va prendre des risques, on va investir, on va avoir des relations aux autres différentes en fonction des joueurs. Avec qui on va avoir confiance ou pas, bluff ou pas bluff, chance ou malchance.”