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Abdel en vrai : “Les non-musulmans doivent aller vers les musulmans, et inversement”

Abdel en vrai : “Les non-musulmans doivent aller vers les musulmans, et inversement”

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Reese Witherspoon during AFI Fest 2005 Opening Night Gala Presents “Walk the Line” Los Angeles Premiere – Arrivals at ArcLight Hollywood Cinerama Dome in Hollywood, California, United States. (Photo by Jason Merritt/FilmMagic)

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Par Konbini

Publié le

L’humoriste belge Abdel en vrai est exaspéré par les amalgames dont sont victimes les musulmans depuis les attentats. Dans une récente vidéo, il dénonce cette injustice. Konbini l’a rencontré à Bruxelles. 

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Après la tuerie de Charlie Hebdo, Abdel en vrai a voulu réaliser une vidéo, pour témoigner de sa révolte. Mais il a peiné à trouver les mots et a préféré abandonner l’idée. “Je ne m’en sentais pas capable, nous explique-t-il. La situation était trop délicate pour que je puisse en rire.”

Après les attentats du 13 novembre, ne plus rester silencieux est devenu comme un devoir, pour lui. Face au choc du massacre, évidemment, mais aussi aux risques d’amalgames envers les musulmans, notamment dans son pays. Les personnes de confession musulmane, regrette Abdel en vrai, sont de plus en plus la cible de propos injurieux. “Certains disent qu’il faut renvoyer les musulmans chez eux'”. L’humoriste veut changer la donne. Cette vidéo est là pour ça.

Âgé de 26 ans, Abdel en vrai, élu “Bruxellois de l’année” en 2013,  n’aurait jamais pensé rencontrer un tel succès en ligne. Sur YouTube, sa vidéo accumule près de 400 000 vues tandis que sur Facebook, il a atteint la barre des 600 000 vues. “Je me disais quand même qu’elle pouvait bien marcher car elle abordait l’actualité”, glisse-t-il.

Les amalgames sont nourris de l’ignorance vis-à-vis de l’islam, nous dit-il. J’ai donc pris l’initiative de faire une vidéo, pour expliquer aux gens que les musulmans souffrent eux aussi, voire plus. Ils souffrent à cause des pertes humaines et en raison du fait qu’ils sont conscients qu’ils vont être victimes d’amalgames.

Au-delà du ton décalé de sa vidéo, l’humoriste veut faire passer un message. Dans sa capsule, il conseille notamment : “S’il vous plaît, arrêtez les amalgames. C’est comme si tu envoyais une amende à tous les automobilistes quand il n’y en a qu’un seul qui fait un excès de vitesse. Eh bien, nous, on ne veut pas payer des amendes pour des mecs qui font n’importe quoi.”

“L’erreur vient de l’ignorance des citoyens”

Depuis les attentats du 13 novembre, Molenbeek est décrite comme “la plaque tournante des réseaux djihadistes”. Les habitants en souffrent, les Bruxellois partagent leur tristesse. Mais la vie continue. L’humoriste n’a changé aucune de ses habitudes. Il se sent, en plus, en sécurité à Bruxelles. “Il y a des militaires, des policiers et des contrôles partout. Je suis quelqu’un de croyant, je crois en Dieu et c’est lui qui me protège. Je ne veux pas jouer le jeu des terroristes, qui veulent nous effrayer”, précise-t-il, un tantinet inquiet :

Il faut que les non-musulmans aillent vers les musulmans et inversement. On ne se connaît qu’entre frères ou amis très proches. Il y a un verset dans le Coran, où Dieu dit : “On vous a créé entre peuples pour que vous vous connaissiez.” L’erreur vient de l’ignorance des citoyens. Nous sommes tellement stupides, nous êtres humains, qu’on ne veut pas faire l’effort d’aller vers l’autre. La responsabilité est partagée.

Selon Abdel, le rire peut être une arme pour lutter contre la bêtise ou l’indifférence. Le Bruxellois invite d’ailleurs Jan Jambon à faire des blagues, des sketchs et même venir jouer sa première partie. Pour rappel, le ministre de l’Intérieur belge avait déclaré vouloir “nettoyer” Molenbeek… “La dernière personne qui a dit ça est Hitler, par rapport à des quartiers juifs”, juge Abdel en vrai.

Ces derniers jours, néanmoins, les Belges n’ont pas manqué d’humour, postant par exemple des images de chat sur Twitter pendant un assaut de la police, faute d’avoir le droit de divulguer des informations. Une vague de félins qui a, étonnamment, un peu attristé Abdel en vrai : “Le peuple semble uni seulement face à de telles tragédies.” 

Jessica Collini, à Bruxelles