#UnderboobChallenge : encore un défi navrant qui rabaisse les femmes

#UnderboobChallenge : encore un défi navrant qui rabaisse les femmes

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Par Olivia Cassano

Publié le

Un nouveau défi a fait son apparition sur les réseaux sociaux : le #UnderboobChallenge, qui consiste à faire tenir un crayon sous son sein. Cette tendance réduit une fois de plus les femmes à leur corps et leur impose un standard de beauté. 

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Les réseaux sociaux ne sont jamais à court de défis qui créent ou nourrissent des complexes. Pour preuve, une nouvelle tendance a récemment fait son apparition. Elle implique des seins et des crayons. Parce qu’apparemment, 2016 ne nous a pas rendus plus intelligents.

Le #UnderboobChallenge – appelons-le le “défi du sein” – ou #PenChallenge (le défi du crayon) est très simple : il suffit de coincer un crayon sous son sein, et s’il ne tombe pas, c’est que vous êtes bien foutue. Plus vous avez des gros seins, plus le crayon a des chances de rester coincé.

Cette mode viendrait de Chine, d’où était déjà parti le “défi de la clavicule”, qui consistait à placer des pièces sur cet os pour souligner sa maigreur. De nombreuses photos ont fait leur apparition sur Weibo, le Twitter chinois. Il existe même des comptes Instagram (@underboobchallenge) et Twitter dédiés à ce défi qui rassemblent des crayons et divers objets coincés sous des seins.

Mais pourquoi ?
Mais pourquoi ? (via The Chive)

L’idée derrière ce défi est très claire : exhiber vos attributs féminins pour prouver que vous êtes bien lotie. Résultat : des femmes postent des photos sur les réseaux sociaux pour montrer que leur poitrine a “du talent” car elle est capable de faire tenir un objet. C’est un énième défi qui réduit la féminité à la forme du corps, suggérant ainsi que seules les “vraies femmes” peuvent tenir des crayons sous leurs seins.

Pourquoi les gens ont-ils besoin de prouver – ou croire – que la taille de la poitrine d’une femme et la féminité sont intrinsèquement liées ? Mais Internet a un fonctionnement mystérieux et parfois stupide. De toute évidence, certaines personnes n’ont pas réfléchi avant de se lancer sur leur téléphone pour poster des photos intimes avec le hashtag #UnderboobChallenge. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas nouveau : les filles qui ont vu Le Journal intime de Georgia Nicholson connaissaient déjà ce défi. Et comme le dit Jas, l’important c’est d’avoir “des seins bien proportionnés”.

Célébrer les gros seins, les lèvres pulpeuses et les cuisses qui ne se touchent pas n’est pas une mauvaise chose en soi. Mais ces tendances soulignent le côté obscur des réseaux sociaux. Nous sommes tellement habitués à décortiquer le corps féminin que ce n’est même plus une surprise de voir ces tendances devenir virales sur Internet. Il faut l’avouer, ce défi est assez marrant, mais il montre aussi que les femmes sont très facilement perçues comme des objets et que la société l’accepte sans se poser de questions. C’est problématique car des jeunes femmes et des adolescentes – qui sont plus sensibles aux messages véhiculés sur les réseaux sociaux – vont voir ces photos et, même si elles savent bien que c’est un jeu, elles vont commencer à croire que leur corps devrait être façonné d’une certaine manière.

Robyn Lawley, une mannequin australienne qui milite pour l’acceptation de soi, avait écrit dans le Daily Beast au sujet de l’obsession pour l’espace entre les cuisses il y a quelques années. Elle expliquait que “nous avons le pouvoir de changer nos perceptions de l’image du corps… et nous avons le pouvoir d’arrêter des tendances qui donnent des complexes”. Le défi des seins n’est pas aussi problématique car il ne glorifie pas la maigreur, mais nous devons arrêter de perpétuer des mythes sur la beauté féminine.

En réalité, au même titre que le “défi Kylie Jenner”, les obsessions pour l’écart entre les cuisses ou le pli au niveau de l’aine, le défi des seins est encore une tendance qui promeut un certain standard de beauté. Jolene Tan, manager chez Aware, une organisation non gouvernementale basée à Singapour qui défend les droits des femmes, a expliqué à la BBC que les hashtags comme celui-ci ne sont qu’une façon supplémentaire de déterminer si le corps des femmes est “assez bien”.

“Les poses et les photos excentriques peuvent être marrantes mais parfois elles deviennent l’expression de rivalités ou de sentiments d’insécurité. Nous devons faire plus pour promouvoir l’acceptation de la diversité des corps des femmes.”

Heureusement, tout le monde ne prend pas ce défi au sérieux et comme à chaque fois qu’une tendance fait fureur sur internet, les trolls viennent la ridiculiser. Cette fois, c’est bien mérité.

Traduit de l’anglais par Hélaine Lefrançois.

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