Cette thérapie reproduit et apaise les hallucinations des schizophrènes grâce à un avatar

Cette thérapie reproduit et apaise les hallucinations des schizophrènes grâce à un avatar

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Crédit : King’s College London

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Par Pierre Schneidermann

Publié le

Les premiers résultats de l’étude clinique menée par des chercheurs et médecins londoniens sont prometteurs.

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Dans ce dialogue à trois que la vidéo nous montre, le dispositif est atypique : un patient atteint de schizophrénie fait face à un avatar dans une pièce, le médecin supervise le tout dans une autre. Quand le médecin parle dans son micro, l’avatar reproduit les paroles dans l’autre pièce, mais la voix du médecin est modifiée.

Le patient répond à l’avatar. Ou plutôt, il se défend. Car l’avatar n’est pas très avenant. Il est plutôt envahissant, il faut le repousser. Le médecin observe la joute et, avec sa vraie voix cette fois-ci, donne des conseils au patient et l’encourage. Il est important qu’il ne se laisse pas malmener.

En tout, le patient subira six confrontations de ce genre étalées sur douze semaines, chacune d’elle durera dix/quinze minutes. L’avatar a été créé sur-mesure pour le patient : son visage et sa voix, définis en amont, sont censés correspondre aux vraies hallucinations provoquées par la schizophrénie du patient. La confrontation numérique a pour but de l’aider à affronter ses véritables démons. Les médecins et chercheurs du King’s College London et du Maudsley Hospital ont baptisé leur procédé “Avatar Therapy”.

L’étude clinique, dont les résultats ont été publiés dans la revue Lancet et synthétisés sur le site de l’université, a été réalisée sur 150 patients atteints de schizophrénie depuis environ 20 ans, entendant trois ou quatre types de voix, chez qui les médicaments ne fonctionnaient pas, et ne bénéficiant pas de sessions thérapeutiques régulières. 75 d’entre eux ont entamé cette thérapie innovante. Les 75 autres ont entamé des sessions de thérapie traditionnelle.

Résultat : après les douze semaines de traitement, les symptômes hallucinatoires avaient davantage diminué dans le premier groupe. Et les patients étaient mieux armés pour les affronter. Pour sept d’entre eux, les voix avaient complètement disparu, contre deux dans l’autre groupe. Ceci dit, au bout de 24 semaines, les symptômes avaient autant diminué chez le premier groupe que le second. 

Si les résultats de l’étude se confirment à grande échelle et qu’ils démontrent leur efficacité sur le long terme, il s’agit d’une méthode alternative crédible pour les 60 à 70 % de schizophrènes atteints d’hallucinations et encore plus pour les 25 % d’entre eux chez qui les médicaments demeurent inefficaces, chiffres mis en exergue par l’équipe du King’s College London.