L’UE enterre un rapport sur le piratage en ligne, une eurodéputée le déterre

L’UE enterre un rapport sur le piratage en ligne, une eurodéputée le déterre

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Julia Reda- Soure : FlickR

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Par Pierre Schneidermann

Publié le

Une eurodéputée allemande, Julia Reda, a sorti des limbes un rapport sur le piratage des produits culturels commandé par l’Union européenne. Et les conclusions étaient plutôt dérangeantes.

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C’est une nouvelle qui va faire sourire les partisans du piratage. En 2013, l’Union européenne a commandé un rapport au cabinet néerlandais Ecorys. Son coût : 369 871 euros. L’objet de la requête : le piratage des produits culturels a-t-il des conséquences délétères sur leur commercialisation ? La conclusion de ce rapport de 307 pages recoupant les réponses de 30 000 participants, disponible ici, était la suivante :

“De manière générale, il n’y a pas statistiquement de preuve solide établissant les corrélations entre les ventes et les enfreintes aux copyrights. Cela ne veut pas dire que le piratage n’a aucun effet. Cela signifie simplement que l’analyse statistique n’apporte pas suffisamment de preuves pour établir une corrélation. En revanche, une incidence a été constatée sur les blockbusters, avec un déplacement de 40 %, ce qui signifie que lorsque dix films récents sont regardés illégalement, quatre de ces dix films ne seront pas consommés légalement.”

Des conclusions pour le moins nuancées, qui ont tout simplement entraîné l’enterrement du rapport par l’Union européenne. Ce qui est à la fois une bonne nouvelle pour les partisans du piratage (ça leur fait un argument béton) mais aussi une mauvaise nouvelle, puisque l’UE semble avoir des œillères.

La nouvelle a été révélée dans la plus grande légalité par Julia Reda, députée européenne allemande depuis 2014, qui représente les couleurs du Parti des pirates (Piratenpartei). L’eurodéputée s’est procuré le rapport en faisant une demande officielle, en juillet dernier, au nom du Freedom of Information Act (FOIA). Il aura fallu quelques détails rocambolesques pour qu’elle obtienne gain de cause, comme le témoigne sa correspondance avec le site AsktheEU.org. Une fois le rapport rendu public, Julia Reda l’a fait savoir sur Twitter et sur son blog :

Cette révélation intervient au moment où l’Union européenne cherche à mettre en place des solutions pour renforcer la lutte contre le piratage. En septembre 2016, elle avait notamment proposé d’obliger les hébergeurs à installer des “filtres” qui analyseraient tous les contenus uploadés par les utilisateurs. Idée qui avait provoqué une levée de boucliers des pirates du monde entier.