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Trois choses que l’on a retenues du docu de DiCaprio sur le réchauffement climatique

Trois choses que l’on a retenues du docu de DiCaprio sur le réchauffement climatique

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Par Jeanne Pouget

Publié le

On est allés voir Before The Flood (Avant le déluge), le dernier film documentaire de Leonardo DiCaprio sur le réchauffement climatique. Voici ce que l’on en a retenu. 

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Réalisé par Fisher Stevens, produit par Leonardo DiCaprio et Martin Scorsese (entre autres) et distribué par National Geographic (diffusion prévue sur la chaîne le 30 octobre, à 20 heures 40), Before The Flood a pour ambition d’informer, à grande échelle, le public sur l’urgence d’agir contre le réchauffement climatique qui menace la planète et ses habitants : le film va être diffusé dans 171 pays et en 45 langues, juste avant l’élection présidentielle américaine du 8 novembre.

Ce projet a été mené sur trois ans par Leonardo DiCaprio, en parallèle au tournage de The Revenant. L’équipe du film a parcouru le monde, de l’Arctique à l’Indonésie, à la rencontre de nombreuses personnalités écologistes, scientifiques ou politiques. L’acteur et activiste environnemental, nommé “messager de la paix” par l’ONU, pose ainsi la problématique de son film : “Jusqu’où sommes-nous allés dans la destruction de la planète et pouvons-nous encore inverser la tendance ?

Pour y répondre, des “acteurs” de premier choix : Barack Obama, Al Gore, Ban Ki-moon, le pape François, des chercheurs et astronautes de la Nasa, des militants d’ONG, des scientifiques de renom ou encore des leaders communautaires. Le tout sur fond d’images fournies gracieusement par Yann Arthus-Bertrand, avec en filigrane un autre message clair : l’importance du vote de chacun pour influer sur l’avenir de notre planète.

Un film politique

Ce qui marque dans l’engagement écologiste de Leonardo DiCaprio, c’est son message sur l’importance des élections. Before The Flood a d’ailleurs le bon goût de nous rappeler qu’à l’heure où l’Amérique s’apprête à élire son (sa) prochain(e) président(e), les électeurs ont pour la première fois affaire à un candidat climatosceptique, c’est-à-dire qui ne croit pas au réchauffement climatique. Dans un pays gangrené par les lobbys, notamment pétroliers, le documentaire montre à quel point les avancées concrètes en matière d’environnement sont freinées par de puissantes multinationales dotées de moyens quasi illimités.

Alors que certains observateurs évoquent un glissement inquiétant vers un “Trumpocene” (expression volontairement caricaturale basée sur un mix entre “Trump” et “Holocène”, ou “Anthropocène”, évoquant la chronologie géologique de la Terre), le film braque l’objectif sur la montée en puissance des théories du complot sur le climat. Sans marcher pour autant pour la candidate Clinton, le film rappelle que le parti républicain n’a pas toujours été climatosceptique : dans les années 1990, le président George Bush Sr. tirait déjà la sonnette d’alarme au sujet du réchauffement climatique. C’est dire…

Un film pédagogique

Plus qu’un beau documentaire léché aux images époustouflantes montrant la magnificence de la Terre, Before The Flood se présente comme un récit didactique. Les belles prises de vue sont issues des précédents films de Yann Arthus-Bertrand et servent à illustrer les propos du documentaire. Du point de vue filmographique, le docu déçoit un peu : il n’y a pas de plans travaillés et les cuts sont un peu grossiers. L’intérêt ne réside clairement pas dans une volonté stylistique, mais plutôt dans l’effort pédagogique déployé pour les spectateurs, le film répondant de façon exhaustive à toutes les questions qu’ils pourraient se poser sur le réchauffement climatique, notamment grâce aux témoignages des personnes interviewées.

Ainsi, Leonardo DiCaprio se rend sur le terrain et joue un rôle de journaliste pédagogue, qui pose des questions simples afin d’éclairer des sujets complexes. Il va par exemple en Floride, où un élu se bat pour financer des infrastructures à plusieurs millions de dollars, afin de lutter contre la montée des eaux qui menace dangereusement sa ville. En Chine, où la population commence à protester contre la politique environnementale du gouvernement. En Arctique, auprès de chercheurs qui lui montrent concrètement la fonte des glaces. En Indonésie, où il constate auprès de naturalistes que le peu d’animaux sauvages encore vivants sont cantonnés à être capturés et à vivre en cage, sous peine d’être massacrés ou de mourir brûlés dans les feux de la déforestation causés par l’expansion des plantations des palmiers à huile.

Par ailleurs, le film est agrémenté de schémas et de chiffres, et ne se gêne pas pour citer des grands groupes et des marques qui ne jouent pas le jeu et s’engraissent, en participant à la destruction de la planète. Pour que chacun prenne conscience que consommer, c’est en quelque sorte voter.

Un film de solutions

Si le tableau est sombre — car il faut bien être réaliste —, Before The Flood n’a pas la volonté d’en rajouter une couche pour virer dans le pathos. Des initiatives se forment partout dans le monde et des solutions existent à petite, moyenne et grande échelle pour inverser la tendance. L’Inde produit aujourd’hui plus d’énergie solaire que les États-Unis, tandis que des capitaines d’industrie ambitieux (comme Elon Musk avec sa marque Tesla) développent le marché des voitures électriques. De plus en plus d’États mettent en place une taxe carbone, outil efficace — bien que controversé —, consistant à faire payer les pollueurs à hauteur de leurs émissions. Les énergies vertes deviennent plus accessibles et plus intéressantes que les énergies fossiles.

Par ailleurs, de plus en plus de citoyens prennent conscience que leur façon de consommer a une influence directe sur la planète. Réduire sa consommation de viande par exemple, en particulier de viande rouge, est un geste simple et à la portée de tous, qui permet de diminuer considérablement les émissions de gaz à effet de serre, la pression sur les terres agricoles, la déforestation et la destruction des écosystèmes qui en découlent.

En somme, Before The Flood est un documentaire qui s’ancre dans le concret avec une volonté farouche de déconstruire le discours climatosceptique, par le biais d’arguments scientifiques et rationnels. Parfois américano-centré — en raison de l’élection présidentielle tourmentée de novembre et du manque d’information du public américain sur les thématiques environnementales — le film n’en oublie pas pour autant le reste du monde et les problématiques auxquelles font face les pays du Sud, à l’instar des petites îles du Pacifique.

On sent par ailleurs que l’acteur veut croire (malgré son scepticisme assumé à l’origine) à l’accord de Paris sur le climat (COP21), qui peut être vu comme un nouveau point de départ encourageant. L’intérêt de ce film est qu’il mobilise une pléiade de “stars” et d’experts, tout en restant accessible et pédagogue, résumant en 96 minutes l’essentiel des enjeux environnementaux de notre époque.

Before The Flood, sera diffusé le dimanche 30 octobre sur la chaîne National Geographic.