Transpirer plus pour manger plus : l’acceptation de soi à travers le sport

Transpirer plus pour manger plus : l’acceptation de soi à travers le sport

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Par Valentine Cinier

Publié le

Aujourd’hui, faire du sport ne veut pas forcément vouloir dire avoir envie de maigrir. Lorsque l’on pousse la porte d’une salle de sport, on ne cherche plus seulement à brûler des calories : l’exercice physique doit servir à soigner la tête et l’esprit. 


Pourquoi les salles de sport sont-elles si glauques et vides de sens ? Tout simplement parce que, pour beaucoup de personnes, faire du sport dans ces conditions est un calvaire. Qui prend du plaisir à s’agiter sur un vélo elliptique en regardant BFM ? À la fin d’une séance, l’esprit fatigué par la lumière blanche des néons et le regard des autres âmes perdues de votre salle, il ne s’est rien passé dans votre tête. Les mêmes frustrations sont toujours là.
Loin des salles de muscu et des cours de “renfo”, un monde parallèle alliant sport et bien-être, lâcher-prise et acceptation de soi est en train de naître, avec des sports, des coachs et des studios qui vous poussent au-delà de la dépense physique, qui vous apportent quelque chose en plus. Ces nouvelles façons de faire du sport procurent une autre sensation, un sentiment de délivrance, de concentration ou d’introspection qui nous aide à mieux nous connaître et nous aimer.

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Transpirer plus pour manger plus

Pour comprendre ce nouvel élan, il faut commencer par intégrer le fait que les filles et les garçons qui font du sport ne cherchent pas forcément à perdre du poids. Tout le monde peut faire du sport, quelque soit son corps ou son poids.
Lucie est journaliste, elle a 26 ans et le sport l’aide à trouver son équilibre : “Je ne fais pas du tout du sport pour maigrir. J’ai fait une croix sur les régimes car j’adore manger et il est hors de question de me restreindre. Le sport me permet d’éliminer, de sculpter mon corps plutôt que de perdre du poids.”
La clef, c’est aussi de s’accepter et d’apprendre à aimer son corps. C’est le cas de Mélanie, 28 ans. “J’ai toujours fait beaucoup de sport, tout en étant en surpoids. Pourtant, je n’ai jamais arrêté d’en faire, pas pour maigrir à tout prix mais car ça me fait du bien”, nous explique-t-elle.



À partir du moment où tu fais du sport, tu peux être fière de ton corps. Fanny l’a bien compris. Cette assistante de direction est petite et vraiment bien en chair et pourtant elle déroule les kilomètres et est finisher de plusieurs courses de 10 et 20 kilomètres :

C’est ma force, j’adore provoquer l’incrédulité des gens quand ils voient le gras de mon corps se balancer au rythme de ma foulée. C’est jouissif. Et quand je fais du yoga, je me mets systématiquement en brassière. Je n’ai pas honte de mon corps et je l’assume.”

Aujourd’hui, une nouvelle famille de sportifs est née sur les réseaux sociaux. Ce sont ces filles qui démontent les préjugés qui assurent que les “gros” ne peuvent pas faire de sport ou que le poids est un facteur de réussite et de bonheur. Aux États-Unis, nous vous avions fait découvrir Jessamyn Stanley, professeure de yoga vinyasa plus size qui décomplexe de nombreuses femmes sur Instagram.


Même état d’esprit dans une récente vidéo de Movemeant, une communauté américaine qui aide les jeunes femmes à avoir confiance en elles et à accepter leur corps, en prônant le pouvoir du “#bellyjelly” (“ventre flasque”). Logiquement, vous serez bien boostées après l’avoir vue, car elle démontre que le pouvoir réside en chaque femme peu importe ce à quoi son corps ressemble.

Il y a aussi l’histoire de Roslyn Mays, qui a toujours été en surpoids et qui a pourtant décidé de consacrer sa vie à sa passion du pole dance. Aujourd’hui, elle donne des cours et des représentations de pole dance entourée d’autres femmes fortes qui osent se déhancher.

Le New York Times a même publié un mini documentaire, Dangerous Curves, qui lui est consacré. À voir absolument. Celle qui se considère “presque comme Beyoncé” est à retrouver également sur Instagram.

Retour en France, avec la rencontre de Faye Lolita, une jeune coach sportive de 26 ans qui revendique et cultive ses formes. Sur Instagram, “Loli” poste des photos d’elle avant-après… mais dans le sens inverse de ce que l’on voit d’ordinaire. On remarque ses muscles se développer, sa silhouette se sculpter tout en prenant du poids.
 
Elle s’explique : Un jour, je suis tombée sur une photo de moi datant d’il y a quelques années et j’ai réalisé que j’avais grossi. Je ne m’étais pas rendu compte que j’avais pris ce poids tout comme je n’avais pas cherché à le perdre à l’époque, ça s’est vraiment fait naturellement… donc autant l’assumer et en parler. J’ai toujours été assez lourde et le poids n’est pas un tabou pour moi.” 


Revendiquer son poids, ses formes, ses kilos en trop, tout en étant soi-même coach crée parfois un malaise certain, ce qu’elle souhaite combattre : “C’est vraiment dérangeant que quelqu’un qui ait des formes donne des cours de sport, parce que je ne rentre pas dans un moule. Et donc j’essuie des critiques.”
Mais Faye Lolita le dit, elle est tout aussi heureuse comme ça et se rend compte qu’elle décomplexe beaucoup de femmes à travers les réseaux sociaux. “Je ne m’interdis rien, je me fais plaisir, je mange. En revanche, il faut bien comprendre que je n’ai pas une mentalité de feignasse. Je ne dis pas “Ne faites rien et acceptez-vous avec vos bourrelets’, affirme-t-elle. Mais plutôt faites du sport pour vous sentir bien et acceptez-vous comme vous êtes.” D’ailleurs, elle sait que d’une certaine façon ses formes rassurent ses clientes.

Se vider la tête, se fixer des objectifs, créer du bonheur

Quels que soient votre poids, votre âge ou votre job, il y a forcément un sport, un coach ou un studio fait pour vous et qui saura vous comprendre et vous motiver. Au yoga ou au cours de Pilates, l’esprit répond au corps, aux muscles ce qui est assez magique. Le running est aussi efficace, si on aime transpirer en solo.


Proposer autre chose que du sport sur un vélo, c’est le défi que Léon (28 ans) et Antoine (26 ans) ont relevé en créant Dynamo Cycling, il y a moins de deux ans.  Un concept d’indoor cycling qui connecte le corps et l’esprit en rythme avec de la musique, le tout dans le noir (ou tout du moins la pénombre).
On retrouve dans ces sessions des sportifs de tous physiques, tous styles et tous âges. Pas de course à la performance, pas d’horloge, pas de bracelet électronique ni de portables, interdits dans le studio. “On ne vend pas de promesse de résultats physiques ou une perte de poids”, précise Léon. Ici, pas de body shaming. Et en étant dans le noir, certaines personnes se désinhibent complètement et ne ressentent plus aucune pression ou le regard parfois très sévère qu’elles portent sur leur propre corps. Presque tout le monde est en brassière.

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“Les gens ne viennent pas pour brûler des calories, ils viennent pédaler pour quelque chose de beaucoup plus puissant, se vider la tête, se fixer des objectifs, générer du bonheur, de la motivation, de l’inspiration”
, explique Léon. Pendant 45 minutes, 43 personnes pédalent ensemble, sur le même rythme. Petit paradoxe : tu vis une expérience très personnelle où tu es dans ta bulle, dans le noir, les yeux fermés mais en même temps tu es vraiment tirée par l’énergie et le rythme du groupe. Et c’est vrai qu’à la fin de ton cours, tu te sens différente.
C’est vrai que c’est difficile d’expliquer à quelqu’un la différence entre un cours de vélo classique en salle et ceux dispensés chez Dynamo Cycling, nous explique le créateur de la méthode. Oui, ce sont des vélos dans le noir avec la musique à fond et un coach. Et justement, la grande différence est là. Nos coachs sont des artistes qui créent une expérience unique.” Dans la salle, il se passe quelque chose d’indescriptible. Les gens se lâchent vraiment : ils crient, sourient, chantent et ils pleurent même.
Le sport, une thérapie vous avez dit ?