Grâce à Thomas Pesquet, on peut désormais explorer l’ISS dans Google Street View

Grâce à Thomas Pesquet, on peut désormais explorer l’ISS dans Google Street View

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Par Thibault Prévost

Publié le

Patiemment numérisée à 360° par l’astronaute français, la Station spatiale internationale (ISS) est désormais au catalogue de Google Street View. Magique.

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Ça fait presque vingt ans qu’elle se balade tranquillement au-dessus de nos têtes – à une altitude de 400 kilomètres et une vitesse de croisière de 27 600 kilomètres/heure –, et pourtant, nous ne savons presque rien d’elle. La Station spatiale internationale, ISS pour les intimes, est pourtant devenue l’auberge de jeunesse des astronautes des cinq continents, hébergeant h 24 un petit cénacle de chercheurs dans l’apesanteur de ses dortoirs orbitaux.

Récemment, vous ne l’aurez pas loupé, c’est notre Thomas Pesquet national qui s’est offert un séjour prolongé dans l’Airbnb de l’espace, du 18 novembre 2016 au 2 juin dernier. Et à part tweeter à tout va et exercer ses talents de photographe depuis l’orbite – prends ça, Yann Arthus-Bertrand –, le Français s’est aussi occupé d’un petit side project de rien du tout : capturer l’intérieur de son lieu de travail à 360°. Grâce à son boulot et celui de ses collègues, l’ISS est désormais le premier objet non terrestre explorable sur Google Street View. On ne saurait trop vous conseiller de tenter l’expérience, c’est formidable :

Pour parvenir à cela, Google a donc chargé les astronautes sur place de photographier les lieux dans leurs moindres recoins à l’aide d’objectifs classiques, comme le font les Google Cars dans sur toutes les routes du monde (ou presque). À une différence près : envoyer des objets dans l’espace coûte très cher, et on ne rigole donc pas avec le poids. L’utilisation d’un trépied étant exclue, les habitants de l’ISS ont dû recourir à un bon vieux système D pour stabiliser l’objectif en apesanteur : deux câbles tendus en travers l’un de l’autre se croisant à l’endroit voulu pour prendre la photo, tandis qu’un appareil numérique traditionnel tournait sur lui-même, raconte la BBC. Avec un tel système, chaque panorama demande 24 prises de vue différentes – oui, c’est galère, mais encore une fois, ça vaut le coup.

Quatre mois de photographie

Le projet, en collaboration avec les agences spatiales européennes, japonaise et russe, a duré quatre mois, les équipes de Google Street View inventant au passage une méthode pour collecter les photos depuis le sol en utilisant uniquement les instruments déjà sur place. Au total, ce sont désormais 15 modules et 17 zones qui sont totalement explorables du bout du doigt ou de la souris, agrémentés d’annotations pratiques pour comprendre ce que vous êtes en train de regarder. Bah oui, forcément, au premier regard, ça ressemble vachement à un salmigondis de câbles et de composants électroniques.

Et si, techniquement, Google n’est pas le premier à offrir une expérience spatiale interactive – l’Agence spatiale européenne le faisait déjà en 2015 et l’année dernière, la Nasa cousait entre elles des images des missions Pathfinder pour les rendre compatibles avec la réalité virtuelle (VR) –, Google Street View est de loin la plateforme la plus immersive de toutes. Résultat : on a vraiment l’impression de voler tranquillement en orbite (et je n’ose imaginer l’effet avec un casque de VR). Un petit conseil : allez vous caler dans l’espace Cupola, cette sorte de bulle translucide tournée vers la Terre. Chaussez un bon casque audio isolant. Mettez-vous un 65daysofstatic dans les oreilles – disons “End of the World Sun”, tiens – et laissez-vous partir. Parfois, l’époque nous offre encore quelques raisons de penser qu’elle est formidable.