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L’intersexualité n’est pas forcément ce que vous pensez

L’intersexualité n’est pas forcément ce que vous pensez

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Par Xavier Piedra

Publié le

Depuis le coming out de la top model belge Hanne Gaby Odiele, certains d’entre nous s’interrogent sur la définition exacte du terme “intersexe”.

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Dans l’acronyme LGBTIQ, la lettre “i” signifie “intersexe”. Ce terme parfois méconnu regroupe une variété de conditions dans lesquelles un individu peut être né avec une anatomie qui ne correspond pas aux définitions des genres féminin et masculin. Ces personnes sont nées avec ce que l’on appelle des “organes génitaux ambigus” qui ne permettent pas de définir un genre biologique spécifique.

Ce terme concerne également les individus qui sont nés dans un corps féminin mais qui se sentent foncièrement masculins à l’intérieur, ou l’inverse. Ou encore une personne qui est née avec une mosaïque génétique, ce qui signifie que certaines de ses cellules ont des chromosomes XX et d’autres des chromosomes XY.

Il y a souvent une confusion entre les individus qui s’identifient comme étant transgenres et les intersexes, les deux termes renvoyant aux thèmes du genre, des traitements hormonaux et de la chirurgie d’assignation sexuelle. En effet, les transgenres connaissent des difficultés émotionnelles en ce qui concerne leur identité de genre : il ne s’agit pas nécessairement d’une condition physique, contrairement aux intersexes. Selon la Société intersexe d’Amérique du Nord (SIAN), la plupart des gens qui sont intersexes s’identifient clairement en tant qu’hommes ou femmes, plutôt qu’en tant que transgenres ou transsexuels. Le mot hermaphrodite vient aussi souvent à l’esprit quand on évoque les intersexes. Sauf que selon la SIAN ce terme est “confus et stigmatisant et ne devrait pas être utilisé pour définir quelqu’un qui est intersexe.

(© It’s Pronounced METROsexual, via Facebook)

Le terme intersexe est apparu à l’ère victorienne, une époque pendant laquelle les médecins pensaient que les glandes génitales, aussi appelées gonades, étaient les vrais indicateurs du genre d’un individu. Du fait du manque de connaissance en génétique et en endocrinologie (la science des hormones), les docteurs ont utilisé le terme “véritable hermaphrodite” pour classifier les gens avec des organes génitaux “ambigus”. Le mot lui-même implique que ces personnes sont nées avec deux types d’organes, ce qui est scientifiquement impossible.

Il faut s’avoir que si beaucoup de gens pensent qu’il est extrêmement rare de naître intersexe, la SIAN estime qu’entre un enfant sur 1 500 et un enfant sur 2 000 le sont à la naissance. Kimberly Zieselman, la présidente d’InterACT (une association de défense des droits des jeunes intersexes), interrogée par le magazine Vogue, remet ces chiffres en perspective : “Presque 2 % des bébés naissent intersexes, c’est presque autant que deux qui naissent avec des cheveux roux.”

Depuis peu, InterACT a une alliée de poids à ses côtés. Le top model belge Hanne Gaby Odiele – qui est apparue en couverture de Vogue et dans de nombreuses campagnes pour les marques DKNY et Mulberry – a récemment révélé être intersexe. Née avec des testicules internes, ceux-ci lui ont été retirés pendant son enfance à cause de la peur de ses parents de la voir développer un cancer. Une pratique médicale alarmiste qui s’avère sans réel fondement scientifique.

Après avoir fait son coming out en tant qu’intersexe, Hanne Gaby Odiele a commencé à travailler avec InterACT pour sensibiliser l’opinion publique et plaider contre les chirurgies d’assignation sur les enfants intersexes, qui font plus de mal que de bien.

Taylor Lianne Chandler est elle aussi une figure intersexe célèbre. Top model, auteure et businesswoman, elle est également l’ex-petite amie du nageur Michael Phelps. Une information qui a été révélée par les médias qui ont également évoqué son intersexualité.

Taylor Lianne Chandler a été diagnostiquée intersexe pendant les premières années de son adolescence. Elle a alors été mise sous bloqueurs de testostérone et amplificateurs d’œstrogènes. En voulant financer sa chirurgie corrective, elle a fait chanter un homme, ce qui lui a valu d’être arrêtée et condamnée pour extorsion. Elle a ainsi passé 30 jours dans une prison pour hommes, malgré le fait que son permis de conduire précise qu’elle est de sexe féminin. Trois détenus l’ont violée.

Après cette terrible agression, Taylor Lianne Chandler a partagé son histoire dans plusieurs émissions de télé. Elle a aussi poursuivi la prison où les faits se sont produits et est même parvenue à créer de nouvelles structures, pour former les gardiens de prisons sur la conduite à adopter selon la situation des personnes sur le spectre du genre.

Traduit de l’anglais par Sophie Janinet