Le tagueur qui mettait de “l’amour” dans tout Paris est mort

Le tagueur qui mettait de “l’amour” dans tout Paris est mort

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Par Louis Lepron

Publié le

À Paris, “L’amour” a pris un sacré coup. 

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Vous les avez peut-être croisées. Cinq lettres qui formaient le mot “amour”, à même le bitume, les trottoirs, un pare-brise esseulé, une froide vitrine de supermarché, entre une crotte de pigeon et un chewing-gum, de Châtelet aux quartier huppés du XVIe arrondissement.

Cet “amour”, il était désiré puis tagué par un certain Jean-Luc Duez, plus connu sous le nom d’artiste de “Shakyamuni”. Le 16 avril, il est décédé à l’âge de 67 ans. Cet ancien des Beaux-Arts de Tourcoing, passé par la publicité, avait essaimé ses mots après une rupture amoureuse en 2001.

Il aura passé près de deux ans dans la pénombre avant que Libération ne le trouve, dévoilant l’identé du tagueur, en profitant pour lui tirer le portrait :

“Il a 54 ans, un nez en chou-fleur, des cheveux gris sale. Il s’appelle Jean-Luc Duez, c’est une grande tige jamais complètement dépliée qui frôle les plafonds et s’emmêle aux poteaux. Il se lève au milieu d’une phrase pour aller taguer une table, dit qu’il connaît Bouddha, scanne tous azimuts de ses grands yeux pâles, crie très fort ‘Bonjour Messieurs Dames’ quand il rentre dans un café. Il est fou : il fallait s’y attendre.”

À propos de la “femme” qui l’a poussé à disséminer des “Amour” dans tout Paris, il explique : “Avant elle, il n’y avait rien. Après elle, il n’y a plus eu de place pour autre chose”. “Persévérance”, “Bonne volonté”, “Patience”, le tagueur a aussi utilisé d’autres mots, aussi vite effacés qu’inscrits sur le sol.