L’Armée de Dumbledore, le premier syndicat étudiant inspiré d’Harry Potter

L’Armée de Dumbledore, le premier syndicat étudiant inspiré d’Harry Potter

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Par Fanny Hubert

Publié le

Peu à peu, on s’est mis à y penser sérieusement, et on a développé une vraie démarche sur des problèmes concrets de l’université, tout en gardant le côté décalé qu’on avait dès le début.

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Le choix d’Harry Potter a été évident tant le sorcier a connu un énorme succès :

On a choisi l’univers qui nous paraissait le plus fédérateur, étant donné que toute une génération d’étudiants a grandi avec. Et puis ça nous permettait d’établir facilement des parallèles entre l’Armée de Dumbledore et notre situation au sein de Rennes 2 : des étudiants qui se rassemblent pour résister contre les forces du mal…

Des demandes farfelues pour de vraies revendications

Pour se faire élire, le syndicat proposait d’installer un choixpeau magique afin de permettre aux universitaires de choisir plus facilement leur orientation, de mettre des chocogrenouilles dans tous les distributeurs, de créer la “fusion avec Poudlard”, de remplacer les UEP “par des cours de défense contre les forces du Mal” ou encore d’introduire “le développement des espaces verts en rasant le campus de médecine pour planter une forêt interdite”.
Dans un article du Monde consacré au sujet, le président de l’UNEF à Rennes souligne l’aspect “contestataire” du vote au profit de l’Armée de Dumbledore :

Leur succès vient du fait que les étudiants se sentent marginalisés de la démocratie universitaire, dans le sens où ils n’ont pas beaucoup de poids dans les conseils. La liste de l’Armée de Dumbledore est venue en expliquant que ces élections ne servaient à rien et ils ont voulu le montrer par l’absurde

Mais derrière ces demandes farfelues se cachent des problèmes concrets sur lesquels François et ses amis voulaient mettre la lumière :

Il y en a certaines qui sont juste là pour le délire – les chocogrenouilles par exemple, mais d’autres portent sur des enjeux plus concrets. Par exemple, proposer d’utiliser un retourneur de temps pour les étudiants en double cursus parce qu’ils ont des cours qui se chevauchent.
Ça permet de mettre en lumière une difficulté réelle, que beaucoup ressentent, tout en parodiant les solutions miracles que proposent les listes traditionnelles, et qui pour la plupart ne sont pas plus réalisables. La caricature et l’humour en général restent une manière très efficace de faire prendre conscience de certains sujets.

Ce qui était prévu dans ce projet, c’était une représentation non paritaire des deux universités, avec 70% des sièges réservés à Rennes 1 dans les instances de décision. On ne voulait pas de cette dépossession de nos choix de gouvernance, et puis on imagine bien les répercussions qu’il y aurait eu sur nos filières lors de la répartition des budgets. Et en dehors de ça, on a aussi une identité à préserver ; Rennes 2, on l’aime comme elle est, elle n’a pas besoin de Rennes 1 pour être une grande université !

“On veut bien partager notre pierre philosophale”

Si le syndicat est arrivé deuxième, il s’agit maintenant de tenir ses engagements. Ce qu’il compte faire selon François Amouzgar. Sur la page Facebook de l’Armée, des propositions moins extravagantes ont donc été mises en place comme “faire de l’universite un véritable espace de vie”, “favoriser le rôle des élus étudiants” ou “réaménager certains bâtiments pour en faire des espaces plus conviviaux” :

C’est un essai de démocratie participative, si l’on veut. On tente de porter les revendications dont les étudiants nous font part, tout en rendant des comptes sur nos activités d’élus. Ce qu’on essaie de mettre en place, c’est aussi une collaboration avec les autres élus étudiants, mais également les personnels administratifs et les professeurs, parce qu’on ne peut rien faire si on reste dans notre coin.

Et même si leur marge de manœuvre est limitée, les membres du syndicat comptent bien faire leur possible pour résoudre des difficultés. Ils invitent même les étudiants d’autres villes à suivre leur exemple et, “s’ils sont inspirés par Star Wars ou le Seigneur des Anneaux, ça leur ira aussi.
Pour finir, François rappelle que Rennes 2 n’est pas la seule université à rencontrer des problématiques similaires et que “plus de moyens pour l’enseignement supérieur et une meilleure prise en compte de l’avis des étudiants seraient déjà un bon début pour y remédier“.
Et si jamais ça ne fonctionne pas, l’Armée a une solution miracle :

On veut bien partager notre pierre philosophale, quand on l’aura, pour financer toutes les universités !

Pas sûr que Voldemort apprécie.