Une bonne partie des immigrés sont plus diplômés que la moyenne des Français

Une bonne partie des immigrés sont plus diplômés que la moyenne des Français

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Par Arthur Cios

Publié le

Un rapport indique que contrairement à ce que l’on peut entendre ici et là, certains groupes d’immigrés sont plus diplômés que la population française.

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Il y a beaucoup de mythes autour de l’immigration. Certains mettent en avant le coût de cette dernière, d’autres parlent de véritable invasion – deux arguments discutables et déjà démontés à de nombreuses reprises. Mais l’idée reçue selon laquelle nous accueillerions toute la misère du monde prend un petit coup avec ce nouveau rapport disséqué par Le Monde.

Intitulée Le Niveau d’instruction des immigrés : varié et souvent plus élevé que dans les pays d’origine, cette étude de Mathieu Ichou, chercheur à l’Institut national d’études démographiques (Ined), nous apprend en effet qu’une bonne partie des personnes qui s’installent en France sont parfois plus diplômées que la plupart des Français.

Une immigration plus diplômée qu’il n’y paraît

Tout d’abord, il faut savoir que la population française compte 27 % de diplômés de l’enseignement supérieur. Partant de ce constat, Mathieu Ichou s’est concentré sur l’immigration en provenance de 16 pays différents (Royaume-Uni, Chine, Belgique, Allemagne, Roumanie, Viêt Nam, Pologne, Sénégal, Tunisie, Maroc, Algérie, Espagne, Italie, Serbie, Turquie et Portugal).

Si l’on jette un œil sur les groupes de populations immigrées en France, on se rend compte que la diaspora chinoise dans l’Hexagone est diplômée à 43 %, les Roumains à 37 %, les Vietnamiens à 35 %, les Polonais à 32% et les Sénégalais à 27 % — soit la moyenne française. D’autres sont en deçà, comme les groupes en provenance de Tunisie (21 %), du Maroc (19 %) ou de l’Algérie (18 %).

L’autre pendant de l’étude montre en revanche qu’une partie de ces populations n’a jamais été scolarisée. Là où l’on parle de moins de 1 % en France, cette part est toujours presque plus élevée dans les groupes étudiés ici – même si la part de personnes sans instruction est quasiment toujours inférieure à celle des diplômés universitaires (exceptions faites des immigrés portugais et turcs).

À noter également que l’étude compare cette même part à la proportion des personnes diplômées dans les pays concernés. En dehors de la Serbie, de la Turquie, du Portugal et de la Roumanie, les groupes dont il est question sont plus instruits que la population de leur pays de naissance.

Une statistique pas si surprenante

Ainsi, une frange des immigrés issus des pays évoqués plus haut sont bien diplômés. Est-ce surprenant ? Pas vraiment. Il faut un certain niveau de revenus, de ressources mais aussi d’éducation pour pouvoir partir — en tout cas, en ce qui concerne les pays éloignés.

“Contrairement à ce que l’on croit a priori, les migrants maliens qui arrivent [en Europe] sont souvent issus des classes moyennes ou supérieures de leur pays […]. Pour quitter l’Afrique, il faut désormais bénéficier d’un certain niveau de capital économique, social et intellectuel”, souligne Mathieu Ichou au Monde.

Pour appuyer son propos, l’étude exploite également les travaux d’Anne Goujon (de l’Institut de démographie de Vienne) sur le niveau d’instruction des réfugiés arrivés en Autriche en 2015. Se penchant sur les groupes en provenance de Syrie, d’Irak ou d’Afghanistan, la démographe arrive in fine plus ou moins aux même constats que ceux évoqués plus haut.

Il ne semble donc pas très difficile de clamer haut et fort, une bonne fois pour toutes, que nous n’accueillons pas toute la misère du monde. Mathieu Ichou, toujours cité par Le Monde, résume ainsi : “La plupart des discours sur les migrations ne sont pas de l’ordre du rationnel mais de l’idéologique.”

Des chiffres qui nous éclairent sur la réalité de la situation de ces migrants, même s’ils sont aussi très touchés par le chômage. Les Inrocks expliquent ainsi que seulement 57 % des actifs de ces groupes ont un boulot. En outre, les personnes qui sont employées sont majoritairement surqualifiées, ou ont des jobs précaires (un type de postes notamment tenus par des femmes).

Tout cela en sachant que l’on n’accueille pas tant de personnes que cela, comme l’expliquait très bien ce Data Gueule de décembre 2015 :