Découvrons ensemble le premier spécimen de ver marin géant des Philippines

Découvrons ensemble le premier spécimen de ver marin géant des Philippines

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Par Thibault Prévost

Publié le

Pour la première fois, des biologistes ont réussi à découvrir un spécimen vivant de ver marin, qui paraît tout droit sorti d’Alien.

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Depuis le XVIIIe siècle, les pêcheurs philippins récupèrent, au fond de l’océan, d’étranges coquilles vides taillés comme des défenses d’éléphant, longues de plusieurs dizaines de centimètres. Et si les chercheurs ayant étudié ces coquilles avaient une idée assez précise du genre de créature qui vivait à l’intérieur, ils n’avaient pour autant jamais réussi à en choper une vivante. Aujourd’hui, grâce aux travaux d’une équipe de chercheurs cosmopolite dont les travaux ont été publiés dans la revue PNAS, on sait ce qui se cache dans ces coquilles : une sorte de ver géant appelé taret, d’un noir d’encre, mesurant jusqu’à un mètre cinquante de long, rapporte The Verge. Croisez cette chose pendant une baignade et vous ne mettrez jamais plus un orteil dans la mer.

Au-delà de son aspect profondément repoussant au premier abord (regardez donc cette vidéo de l’ouverture de la coquille…), le Kuphus polythalamia est un animal fascinant. Cousin gigantesque du taret mangeur de bois, qui prolifère en se nourrissant des coques de bateau pourries, ce “ver” est en fait plus proche de la famille des palourdes. Cependant, lors de la découverte du spécimen, les chercheurs ont constaté que sa coquille était entièrement fermée, ce qui n’avait aucune explication logique : comment se nourrir et excréter lorsque l’on ne possède aucune ouverture de quelconque côté ? Réponse : du sulfure d’hydrogène, produit de la décomposition de la végétation sous-marine et responsable de l’agréable odeur d’œuf pourri qui émane des marécages. Pour transformer le composé en nourriture, cependant, la bête sert d’hôte à des bactéries qui vivent dans son système digestif et lui préparent presque littéralement à bouffer en transformant la matière première en nutriments.

Pour les chercheurs, un tel système d’alimentation est totalement inédit. Dans une vidéo de la découverte – où l’on peut notamment voir le moment de l’ouverture de la coquille, qui libère cette masse gluante infernale -, Margo Haygood, membre de l’équipe responsable de la découverte, compare le spécimen à “une licorne”, qui complexifie un peu plus notre conception de la vie animale. “Nous ne devons pas croire que nous savons tout ce qu’il y a à savoir au sujet de la biologie de notre planète”, explique-t-elle. D’autres espèces venues tout droit des enfers et se nourrissant de composés chimiques improbables sont encore à découvrir, alors que les profondeurs des océans terrestres ont été bien moins explorés que le système solaire.