Dans la Silicon Valley, les écarts de richesse se creusent

Dans la Silicon Valley, les écarts de richesse se creusent

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© Silicon Valley / HBO

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Par Pierre Schneidermann

Publié le

En 20 ans, neuf personnes sur dix ont vu leurs salaires diminuer.

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L’Everett Program – une entité qui regroupe des chercheurs et étudiants de l’Université de Santa Cruz, en Californie –, vient de nous pondre une étude des plus édifiantes. La question de base est toute simple : les inégalités économiques au sein de la Silicon Valley sont-elles à la hausse ? La réponse est tout aussi simple : oui.

Les chiffres avancés par Everett sont les suivants :

  • Pour 90 % des travailleurs implantés dans la Silicon Vallley, les revenus ont diminué en l’espace de 20 ans (en prenant en compte l’inflation). Pourtant, entre 2001 et 2017, le revenu par tête global a augmenté de 74 % (ce qui témoigne donc d’une grosse inégalité dans la redistribution des richesses).
  • En 20 ans, la proportion des boulots à salaires faibles a augmenté de 25 %. Le nombre de jobs à salaires moyens et élevés a, en toute logique, diminué.
  • Les “tech-workers” âgés connaissent des déconvenues. Dans les années 1990, les mieux payés avaient en moyenne 51 ans. Ce chiffre est retombé aujourd’hui à 48 ans.
  • Enfin, les employés possèdent moins d’intéressements sur les revenus (sous forme d’actions au sein des entreprises) qu’avant. De 64 % en 2001, on est tombés à 60 % en 2016.

Notons que les deux premiers points ne concernent pas uniquement les employés de la tech. Ils prennent en compte toutes les professions du territoire, et ce pour mieux mesurer l’impact de la nouvelle économie sur toute la région.

Pourquoi ces inégalités ? Le rapport s’est évidemment posé la question et avance quelques explications :

  • Les entreprises de la tech paient des fortunes pour les salaires de leurs ingénieurs en recherche et développement, mais se désintéressent ensuite de toute la partie production et de leurs prestataires
  • Certaines entreprises sont des gagnantes absolues, en position quasi monopolistique, nous les connaissons toutes : Google, Microsoft, Facebook, Amazon, Apple, Netflix… Cela laisse beaucoup de concurrents sur le carreau.

Pourquoi avoir scruté à la loupe les retombées sociétales de l’économie de la Silicon Valley ? Le rapport se justifie ainsi : “Malgré le fait que la concentration des industries technologies y soit unique, la région représente, sous de nombreux aspects, une version plus intense des tendances qui se dessinent dans l’économie américaine, et même dans le monde entier.”

Puisqu’il s’agit d’un rapport engagé, l’Everett Program lance quelques pistes aux accents keynésiens pour enrayer la tendance :

  • Investir pour dynamiser la croissance des jobs à revenus “moyens” (éducation, construction ou professions médicales), à coups de politiques publiques.
  • Augmenter les revenus les plus faibles et favoriser les avancements de carrière.
  • Inciter les industries à haute valeur ajoutée à avoir des relations “durables” avec leurs partenaires économiques (autrement dit, qu’elles redistribuent mieux leur richesse).
  • Faire baisser les coûts de la vie (logements, électricité, nourriture, soins, etc.) dans la région, notamment pour mieux faire supporter les périodes de chômage.