Recharger nos smartphones avec du jus de fruit, c’est (presque) pour demain

Recharger nos smartphones avec du jus de fruit, c’est (presque) pour demain

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Chilled Cranberry Juice in a glass

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Par Nadège Joly

Publié le

Et si, à l’avenir, se faire un smoothie ne serait pas seulement revitalisant pour le corps mais aussi pour les téléphones, tablettes et autres objets énergivores ? Ça serait tellement cool… Jusqu’à présent, plonger son téléphone dans un jus de fruits n’est pas vraiment bon pour sa santé. Mais les chercheurs n’ont pas dit leur dernier mot.

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Les végétaux, et donc les fruits et légumes, produisent leur énergie en se dandinant au soleil. En vrai, ce sont des pigments naturels (comme la célèbre chlorophylle) qui font tout le boulot et captent la lumière du soleil. Avec d’autres amies molécules, ils sont capables de transformer ces rayons de soleil en électrons. Bref ils transforment l’énergie du soleil en électricité, et ce depuis des milliards d’années : c’est la photosynthèse.  
Du coup, l’homme rêve de faire pareil, de se connecter virtuellement au soleil et de pouvoir recharger tout ce qui lui passe par la main. Mais bon, ce n’est pas vraiment encore au point, il a toujours besoin de “cellules solaires” pour imiter la nature.

“Fabriquer du jus avec du jus”

Fabriquer des cellules solaires, c’est justement le challenge de ces étudiants de la Cité scolaire internationale de Grenoble, encadrés par Cyril Aumaître, doctorant au CEA-INAC, et des élèves de licence 2 en prépa intégrée à Polytech Nantes, suivis par Jérémy Freixas, doctorant à l’Institut des matériaux Jean-Rouxel. Ils ont choisi l’option “fabriquer du jus avec du jus”. Comprenez : faire de l’électricité avec du jus de fruits. En l’occurrence, des myrtilles.

Concrètement, c’est hypersimple (ou presque). C’est comme une minipile. Il y a deux plaques de verre, deux électrodes, connectées ensemble grâce à un liquide très conducteur. L’une est recouverte de dioxyde de titane nanostructuré (un matériau pour faciliter la récupération d’électricité) où l’on vient déposer du jus de myrtilles contenant des pigments appelés anthocyanes.

L’autre plaque, dite “contre-électrode”, est souvent faite de platine. Sous la lumière, les pigments du jus de myrtilles génèrent des électrons. Hop, on récupère l’électricité produite. En revanche, attention, ça ne stocke pas l’énergie, ça la produit juste.

Et avec d’autres jus ? Ça fonctionne aussi ! Du moment que les végétaux possèdent une concentration importante de ces pigments capables d’absorber et transformer l’énergie lumineuse, cela fonctionne. Ce tableau, établi par des scientifiques en 2000, et relayé sur Wikipédia, précise les fruits et légumes les plus costauds : aubergine, canneberge, cerise, fraise, framboise, mûre, myrtilles, orange et pomme.

Les travaux de ces étudiants sont prometteurs : il faut l’équivalent d’un panneau solaire de 1 mètre carré pour recharger son smartphone en deux heures. “Cette technologie permet entre autre de convertir l’énergie solaire même lorsque le panneau n’est pas en plein soleil. Ce que ne fait pas un panneau photovoltaïque classique ou du moins avec de moins bons rendements”, explique Cyril Aumaître.

Recharger son téléphone avec ça, tranquillement en sirotant son cocktail avec les copains, ce serait vraiment cool. Mais il faudra attendre encore un peu que la technologie évolue, à moins que vous ne vouliez vous balader avec un panneau de 1 mètre carré, bien sûr. Mais il y a de bonnes raisons d’y croire : d’Ally Aukaulloo, à Paris, à Jackson Megiatto, aux États-Unis, en passant par Daniel Nocera, en Angleterre, de nombreux chercheurs travaillent sur la photosynthèse artificielle. Quoi qu’il en soit, on vous tient au jus !