À Shenzen, la Chine crée la Silicon Valley de demain

À Shenzen, la Chine crée la Silicon Valley de demain

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Par Thibault Prévost

Publié le

Selfie sticks, hoverboards, ordinateurs de la taille d’une clé USB… Dans le quartier de Huaqiangbei, à Shenzen, en Chine, la nouvelle Silicon Valley du gadget bricole le futur.

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Alors que la Silicon Valley, en Californie, après des décennies d’hégémonie sur le monde de la haute technologie, a célébré le passage du millénaire en sacrifiant le bien sur l’autel du service, il existe un nouvel éden pour les Géo Trouvetou de la high-tech, flanqué de la mention “made in China”. À Shenzhen, la zone de Huaqiangbei n’est pas un énième quartier technologique né sur les chemins de traverse de la sous-traitance mais bien la nouvelle capitale du gadget informatique, qui invente, fabrique et exporte 90 % de tous les trucs que vous achetez à des prix ridicules sur eBay en étant prêt à attendre trois semaines. Une gigantesque usine à réaliser les inventions du monde entier et, à ses pieds, un stand d’exposition aux airs de cour des miracles, que Wired s’en est allé filmer en juillet dernier.

Comme l’explique Fusion, Shenzhen a tout de la nouvelle Silicon Valley. Un site de production bardé d’usines, qui mute rapidement en un laboratoire à innovation à la faveur d’un réseau de start-up en pleine explosion (Shenzhen compte un million de petites entreprises), un maillage d’incubateurs, un système de taxes particulier pour le pays et un emplacement entre Hong Kong, Macao (le temple du jeu d’argent), Guangzhou (l’un des plus importants ports de Chine) et Dongguan (l’autre grand site de production du pays). Pour reprendre Fusion, c’est comme si New York, Los Angeles, Detroit et Las Vegas se retrouvaient placées à 2 heures de voiture les unes de autres, formant un filet de sites d’innovation, de production et de vente décentralisés.

Inventer un nouveau modèle

Des conditions idéales pour devenir le nouvel épicentre mondial du matériel de haute technologie, qui fusionnerait les sites de création et de production. Le selfie stick, le “hoverboard” et autres gadgets d’aujourd’hui sont ainsi tous sortis des usines de Shenzhen. Au point que dès 2014, un rapport du Forum économique mondial conseillait de revoir notre terminologie commerciale : fini le “made in China”, place au “created in China”.

Car la Chine, longtemps satisfaite de son statut d’usine du monde, doit désormais passer à autre chose. Et elle est en train d’y parvenir, grâce à l’émergence de services d’achat en ligne, la dernière chose qui manquait à son marché domestique. Avec 11 millions d’habitants, Shenzhen ne peut néanmoins pas se restreindre à une simple imitation de la Silicon Valley : elle doit inventer sa propre formule, avec ses contraintes et ses avantages, et le tout sans perdre de temps. Car déjà les loyers explosent et les déchets électroniques s’entassent.