Vidéo : la campagne d’Everlast pour mettre K.O le sexisme dans la boxe

Vidéo : la campagne d’Everlast pour mettre K.O le sexisme dans la boxe

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Par Aline Cantos

Publié le

À travers sa nouvelle campagne, la marque de vêtements et équipements de boxe Everlast dénonce le sexisme dans le milieu sportif.
Don’t call me a female boxer. I’m a boxer” (“Ne dites pas de moi que je suis une femme boxeuse. Je suis une boxeuse”) peut-on entendre dans la nouvelle vidéo de la marque Everlast. Les sports de combats sont considérés comme des disciplines masculines, les femmes peinent depuis toujours à s’y faire une place.
Jusqu’en 2012, seuls les hommes ont d’ailleurs accès à la prestigieuse compétition olympique. En effet, il faut attendre les Jeux de Londres afin de voir sur le ring des boxeuses de haut niveau alors même que la discipline a été intégrée à la compétition depuis 1904. Néanmoins, leur présence reste marginale avec 36 combattantes contre 250 de leurs homologues masculins. La France n’a d’ailleurs qualifié aucune femme pour l’évènement.

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La boxe, l’apanage des hommes

Si cette présence olympique peut sembler très maigre, c’est aussi parce que la pratique de ce sport est essentiellement masculine. Ainsi, à travers sa campagne, Everlast tente de recruter celles qui n’ont pas encore franchi le pas. Bon nombre de facteurs expliquent cependant cette réticence.
Les remarques sexistes sont le quotidien des boxeuses même lorsque ces dernières ont fait leurs preuves. En témoigne la réflexion du multiple champion du monde de boxe Fabrice Tiozzo à l’égard de la championne Anne-Sophie Mathis après que cette dernière ait reçu en 2012 le Gant d’Or l’Équipe, récompensant le meilleur boxeur de l’année :

La récompense d’Anne-Sophie Mathis est méritée mais dans les années 1990, quand nous étions cinq champions du monde, elle ne l’aurait jamais eue. Je n’aime pas la boxe féminine à cause d’un manque de technique. Elles ne font que se taper dessus et s’abîment beaucoup.

Qu’ils les perçoivent comme des menaces ou comme des concurrentes illégitimes, les boxeurs ne sont pas tendres envers leurs équivalentes féminines. Ceci est accentué par un écart de rémunération pouvant aller jusqu’à 90% de plus pour les hommes. La sous-rémunération s’ajoute à une sous-médiatisation importante. Quand les hommes sont reconnus pour leurs performances, les multiples championnes féminines peinent toujours à se faire une place dans les médias.

Une médiatisation encore faible

Le football, sport encore très sexiste

De plus, leurs homologues masculins ne sont pas tendres envers celles qui tentent de s’imposer dans le milieu sportif. Le très médiatisé Zlatan Ibrahimovic, recruté au Paris Saint-Germain depuis 2012, en apporte la preuve avec des propos très durs dirigés vers les équipes féminines de football :

Quand je suis à l’étranger, on me compare à Messi et Ronaldo. Quand je rentre à la maison, on me compare avec des footballeuses… L’été dernier, on m’a demandé : “Qui est le meilleur : Lotta Schelin (l’attaquante suédoise de Lyon) ou vous ?” Non mais c’était une plaisanterie ou quoi ?! Avec tout le respect dû aux femmes, vous ne pouvez pas comparer le football masculin avec le football féminin, affirme-t-il en 2013 au quotidien suédois Expressen.

Pourtant très populaire, le football reste donc lui aussi très fermé aux initiatives et performances féminines. Le sport reste un environnement très soumis à la loi du genre. La prédominance masculine fait obstacle à l’engagement des femmes dans cet univers. Certains, professionnels ou amateurs vont même jusqu’à la violence afin de repousser les sportives.
Un récent exemple illustre cette tendance au mépris. L’équipe féminine parisienne Les Dégommeuses a été victime d’une agression ce mercredi 28 janvier 2015. Insultes, menaces physiques, homophobie, l’équipe masculine qui les précédait sur leur stade d’entrainement menée par son entraineur a tout fait afin de repousser les jeunes femmes pourtant venues dans le seul but de s’entrainer.

Déconstruire le sexisme par la réussite

Ces faits hautement condamnables ne sont pas isolés mais les sportives de tous horizons n’ont de cesse de démontrer leur légitimité dans ce milieu pourtant hostile.
De nombreuses sportives prouvent clairement que le sport n’est pas qu’une affaire d’hommes. On pense ainsi aux basketteuses françaises qui sont revenues parées de médailles d’argent après les Jeux Olympiques de 2012 ou à l’ancienne capitaine de l’équipe de France de football féminine, Corinne Diacre, qui a pris en main l’entrainement de l’équipe masculine de Clermont depuis juin 2014.
C’est en brillant par leur réussite que les femmes tentent de déconstruire le sexisme en milieu sportif et de s’y faire une place. Avec leurs performances toujours plus impressionnantes, ces dernières semblent bien parties pour montrer au monde entier qu’elles sont parfaitement légitimes dans les disciplines physiques.