Au Royaume-Uni, le traitement préventif contre le VIH va enfin être remboursé par la Sécu

Au Royaume-Uni, le traitement préventif contre le VIH va enfin être remboursé par la Sécu

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Par Lydia Morrish

Publié le

Une décision majeure pour l’histoire de la médecine britannique a été rendue. La Haute Cour de justice vient d’autoriser la sécurité sociale britannique à rembourser la prophylaxie préexposition (Prep), un traitement préventif du VIH.

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C’est un antirétroviral “révolutionnaire” qui “empêche le VIH d’infecter les cellules de l’organisme en bloquant sa réplication à un stade très précoce de pénétration dans la cellule cible”, comme l’explique l’association Aides. En cas d’exposition, il réduit le risque de contamination. La décision de justice rendue par la Haute Cour de justice pourrait permettre de faire diminuer le nombre de personnes contaminées chaque année au Royaume-Uni, qui s’élève actuellement à 4 000.

Ce médicament, dont l’efficacité a été démontrée par plusieurs études, peut désormais être prescrit aux résidents britanniques sous le régime de la sécurité sociale (National Health Service, NHS). Il s’agit d’une grande victoire pour l’ONG britannique de lutte contre le sida National Aids Trust (NAT), dont la requête en justice à été acceptée le 2 août, rapporte le Guardian. Rappelons qu’en France, la Prep, disponible sous la forme du médicament Truvada, est prise en charge à 100 % par la Sécurité sociale depuis janvier 2016.

(via tumblr)

S’il est pris correctement et régulièrement, ce médicament peut réduire de 90 % les chances d’être contaminé par le VIH, une information qui sera une bouffée d’oxygène pour les nombreuses personnes qui sont particulièrement exposées à ce risque (travailleurs du sexe, personnes qui s’injectent des drogues, hommes homosexuels).

“Bien que la sécurité sociale ait été longtemps convaincue de ne pas avoir d’obligation légale à financer ce médicament, le juge Green en charge du dossier à Londres a statué que la sécurité sociale britannique ‘a commis une erreur en jugeant qu’elle n’avait pas le pouvoir ou le devoir de commander le médicament préventif en question.'”

Les conseillers juridiques du National Health Service soutenaient précédemment qu’il était du ressort des municipalités de fournir le traitement aux personnes à risque. Les militants du National Aids Trust (NAT), eux, mettaient en avant le “devoir moral” de rendre la Prep accessible. Leur lutte a été couronnée de succès.

En réaction à l’avancée que représente cette décision de justice, la directrice du NAT, Deborah Gold, a déclaré :

“C’est une nouvelle incroyable. C’est une victoire pour les nombreuses personnes que la NHS a laissé tomber en s’absolvant de la responsabilité de financement de la Prep. Le jugement a confirmé notre point de vue, qu’il est bien légal que la sécurité sociale prenne en charge la Prep. Maintenant, la NHS doit respecter cette décision.

Chaque année, 4 000 personnes sont contaminées par le VIH au Royaume-Uni. Nous avons un réel besoin de multiplier les options [pour éviter cela], de ne pas nous limiter à l’utilisation du préservatif. La Prep fonctionne. Il permet de faire des économies immense mais surtout de sauver la vie d’hommes et de femmes de ce pays qui vivent avec le danger de contracter le VIH. Toute cette attente pour prendre en charge et financer la PrEP n’est pas éthique et coûte très cher.”

À l’heure qu’il est, 130 000 personnes vivent avec le VIH au Royaume-Uni. Quand la Prep passera dans l’usage courant pour les hommes gays et bisexuels et les travailleurs du sexe, le nombre de Britanniques contaminés par le VIH commencera peut-être enfin à baisser.

Traduit de l’anglais par Celia Guillon