Au Royaume-Uni, le constat sur le harcèlement sexuel des femmes au travail est accablant

Au Royaume-Uni, le constat sur le harcèlement sexuel des femmes au travail est accablant

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Par Juliette Geenens

Publié le

Plus de la moitié des femmes ont été harcelées au boulot, au Royaume-Uni, affirme une étude publiée le mercredi 10 août.

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Tout le monde le sait et trop peu en parlent. Le harcèlement sexuel sur le lieu de travail est un véritable fléau qui touche un grand nombre de femmes. Il persiste encore aujourd’hui, alors que la grande majorité des gens est consciente de l’existence de ce problème. Une enquête, réalisée au Royaume-Uni et publiée le mercredi 10 août, souligne cette triste réalité.

Selon le Guardian, 1 553 femmes ont été interrogées dans le cadre d’un projet baptisé “Everyday Sexism Project”, mené par des chercheurs du Congrès des syndicats britanniques (TUC). Plus de la moitié d’entre elles ont confié avoir été harcelées sexuellement au travail (52 %). Les jeunes sont d’ailleurs plus touchées que les autres, puisque parmi un panel de femmes âgées de 16 à 25 ans, 63 % affirment avoir été victimes de harcèlement, au cours de leur vie professionnelle.

Une femme sur huit, soit 12,5 % des sondées de l’enquête, a dû faire face à des attouchements sexuels non désirés sur les seins, les fesses ou sur le sexe, ainsi que des tentatives de baisers non consentis — le tout au bureau, sûrement entre la machine à café et la salle de réu’, (rappelons que ces gestes sont des agressions sexuelles condamnées par la loi). Enfin, le viol survenu sur le lieu de travail concerne 1 % des femmes interrogées.

“C’est bon, c’est pour rigoler !”

En plus de révéler ces chiffres accablants, les chercheurs ont recueilli des témoignages choquants de salariées confrontées à des remarques, des gestes et des comportements déplacés, inappropriés, voire insultants.

L’une des femmes interrogées rapporte des propos édifiants de son employeur : “Son plus grand regret est qu’il n’a pas su saisir la chance de me violer dans la réserve du magasin, avant que je parte.” Une autre femme déclare également : “L’employé le plus vieux de l’organisation plaisantait constamment sur le fait que j’avais sûrement envie de faire un massage à mon patron.”

Le pire que dévoile cette étude, c’est que quatre femmes sur cinq ne préviennent pas leur employeur. D’ailleurs, dans 20 % des cas de harcèlement, ce sont les supérieurs hiérarchiques ou des responsables qui en sont les auteurs. Pour la secrétaire générale du TUC, Frances O’Grady, “le harcèlement n’a pas sa place, autant sur le lieu de travail que dans notre société moderne.” Elle précise :

“Combien de fois entendons-nous, encore, que le harcèlement sexuel au travail ne relève que du badinage ? Soyons clair, le harcèlement sexuel est dévalorisant, humiliant et a de graves effets sur la santé mentale.”

Le rapport publié par le TUC a pour but d’attirer l’attention du gouvernement anglais. Angela Rayner, la porte-parole du cabinet fantôme chargée des problématiques portant sur le droit des femmes et l’égalité au sein du parti travailliste, s’est dite choquée des résultats. Elle a ainsi déclaré :

“Il n’y a rien d’amusant à savoir qu’une femme sur trois est visée par des blagues inappropriées et de nature sexuelle, quand elle essaye simplement de faire son travail.”

Pour elle, l’État britannique est incapable de fournir une protection efficace aux femmes dans le cadre de leur vie professionnelle.

En France, également, on décèle un véritable malaise de la part des politiques qui ne parviennent pas à faire disparaître le harcèlement sexuel au travail. En mai dernier, l’affaire Denis Baupin, accusé d’agression et de harcèlement sexuel au sein du parti EELV, remettait sur le tapis la situation alarmante à laquelle les femmes doivent faire face au boulot.

En janvier 2014, l’Ifop publiait une étude qui indiquait que 20 % des femmes, qui ont un emploi, ont été victimes de harcèlement sexuel au cours de leur carrière. En France ou en Angleterre, le chemin vers l’égalité et la sérénité au travail pour les femmes est encore très, très long.