13 États américains refusent aux élèves transgenres l’accès aux toilettes de leur choix

13 États américains refusent aux élèves transgenres l’accès aux toilettes de leur choix

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Par Théo Chapuis

Publié le

C’est une victoire dans la “guerre des toilettes” pour les opposants au droit des élèves transgenres d’utiliser des toilettes conformes à leur identité sexuelle.

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C’est un nouvel accrochage sur le front de la lutte pour les droits des personnes LGBT aux États-Unis. Alors qu’en mai 2016 l’administration Obama avait recommandé aux établissements scolaires et académiques de permettre aux élèves d’utiliser les W.-C. correspondant à leur identité sexuelle, Reed O’Connor, un juge fédéral texan, a bloqué cette directive le dimanche 21 août. Ce recours en justice a été prononcé pour le Texas et 12 autres États américains.

La consigne de la Maison-Blanche se fonde sur l’amendement “Titre IX”, qui interdit toute discrimination sexuelle dans les programmes d’éducation soutenus par l’État fédéral. Ainsi, Washington compte permettre aux élèves hommes qui se sentent femmes (et vice versa) de se rendre dans les toilettes de leur choix.

Or Reed O’Connor refuse de s’y plier, justifiant dans sa décision de justice que l’État fédéral se rend coupable d’une “redéfinition radicale” du mot “sexe”. Eh oui : le juge fédéral argue que ce mot réfère uniquement au sexe biologique, soit celui indiqué sur l’état civil. Selon lui, la décision de Washington transforme les écoles en “laboratoires pour une expérience sociale de masse”. Pour le juge, la loi doit respecter les “différences biologiques et anatomiques entre étudiants garçons et filles telles que déterminées à leur naissance”.

Statu quo

Dans les faits, cette décision de justice contradictoire à la ligne Obama instaure un statu quo qui oblige les élèves transgenres d’utiliser les toilettes conformes au sexe inscrit sur leur état civil — et fait fi de ceux qui se réclament d’une identité sexuelle différente. Cependant, cette obligation ne concerne que les États qui ne souhaitent pas suivre les recommandations fédérales, soit une douzaine d’entre eux, majoritairement des États du Sud ou ruraux.

Parmi les plaintifs, on compte notamment l’Alabama, le Wisconsin, la Virginie-Occidentale, le Tennessee, l’Oklahoma, la Louisiane, l’Utah, la Géorgie, le gouverneur du Maine et le ministère de l’Éducation de l’Arizona. Le texte du rapport du juge texan peut être consulté dans son intégralité sur le site de la radio américaine NPR.

La “guerre des toilettes” fait rage aux États-Unis

Cette décision de justice s’inscrit dans ce que les journaux ont déjà qualifié de “guerre des toilettes” aux États-Unis. Ses origines remontent à 2013, quand la Californie est devenu le premier État à contraindre ses écoles à laisser les élèves trans disposer des lieux d’aisance auxquels ils s’identifiaient.

Mais les États-Unis sont un pays fédéral et les lois diffèrent d’un territoire à l’autre. Des faits divers relatifs ont par la suite parsemé l’actualité : citons par exemple le cas de cette élève trans du Missouri qui a fait face à de vives réactions lorsqu’elle a demandé à utiliser les toilettes pour femmes de son école au début de l’année 2015 ; mais aussi celui de Coy Mathis, petite fille née garçon, qui a obtenu le droit d’utiliser les cabinets pour filles de son école élémentaire du Colorado. Toutes ces affaires ont joui d’un grand écho médiatique, signe qu’il s’agit là d’un sujet de société qui polarise l’opinion.

Les opposants aux droits des personnes trans à utiliser les toilettes de leur choix brandissent souvent un argument pour manifester leur opposition : leur accorder ce droit, c’est permettre à des pervers déguisés en femmes d’agresser des femmes et des jeunes filles dans les toilettes.

Et les femmes dans les toilettes des hommes ?

S’adressant sur Twitter au gouverneur du Mississippi, le républicain Phil Bryant, qui a acté la contrainte de se rendre dans les toilettes de son sexe d’état civil en mars, le militant LGBT américain et transexuel James P. Sheffield, complètement barbu, a posé la question des hommes dans les toilettes des femmes sous un autre angle :

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Traduction : “D’après la loi, je dois désormais aller dans les mêmes toilettes que votre femme.”

D’autres personnes transgenres avaient alors suivi son exemple sur Twitter :

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Traduction : “Vous avez fait une loi pour que tous les hommes partagent les toilettes avec moi ?”

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Traduction : Donc vous voulez que j’utilise les même toilettes que votre femme et vos filles ?

À lire –> Des lois anti-LGBT provoquent une vague de contestation aux États-Unis

Article écrit en collaboration avec Salomé Vincendon