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Y a-t-il des pays plus sûrs que les autres pour les femmes en 2016 ?

Y a-t-il des pays plus sûrs que les autres pour les femmes en 2016 ?

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Par Juliette Geenens

Publié le

Il existe, au mieux, des zones moins dangereuses que d’autres dans le monde.

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Le quotidien Gulf News a relayé une étude, le mois dernier dernier, sur la sécurité des femmes d’un pays à l’autre. Repéré par Courrier International le lundi 21  août, l’article du journal émirati explique l’importance pour les millionnaires de la question de la sécurité des femmes, notamment dans le choix du pays où ils comptent s’installer ou voyager : “Les gens veulent être certains que leur femme est leurs filles se sentent protégées, dans l’endroit où ils souhaitent vivre.” 

L’enquête, qui s’est penchée sur ce problème finalement universel, nous vient du cabinet sud-africain New World Wealth. Elle dresse le classement des pays où il fait bon vivre pour la gent féminine.

D’après Courrier International, les pays anglophones restent les zones les plus sûres quand on est une fille. Dans le top 3 figurent : le Canada sur la dernière marche du podium, la Nouvelle-Zélande en deuxième position et l’Australie à la tête du classement.

L’Écosse est première en Europe

Le point commun entre l’Australie et Nouvelle-Zélande est l’efficacité des polices locales, rapporte l’étude. Là-bas, les discriminations et les violences à l’encontre des femmes seraient bien plus réprimées par les forces de l’ordre. Quant au Canada, le taux de criminalité relativement faible a de quoi attirer les personnes qui aspirent à plus de sécurité, les femmes en premier lieu.

Son voisin, les États-Unis se situent à la quatrième place, ce qui est plutôt correct. Apparement, le fait qu’elles puissent porter une arme dissuade les potentiels agresseurs, et les lois et campagnes gouvernementales visant à réduire la maltraitance envers les femmes contribueraient à mieux les protéger.

Le premier pays européen à apparaître dans la liste est l’Écosse (encore un territoire anglo-saxon). Sur le continent africain, la République de Maurice, la Namibie, et le Botswana sont les mieux classés. En Asie, les États les plus sûrs sont le Japon et le Sri Lanka.

Plus en sécurité ou moins en danger ?

Les facteurs pris en compte dans cette étude et le manque de chiffres et de données poussent à relativiser ce classement. L’étude de New World Wealth n’est d’ailleurs pas disponible en ligne. Les conclusions du cabinet semblent oublier le fait que dans le monde les violences faites aux femmes sont encore très communes, y compris dans les pays qui arrivent en tête du classement.

Il semble donc difficile de parler de pays “sûrs” quand finalement ils sont juste moins dangereux. Les facteurs qui rentrent en compte sont plus complexes que le simple fait de pourvoir porter une arme : il peut s’agir de la législation d’un pays envers les violences faites aux femmes ou encore de la place de la femme dans la culture locale.

D’autant plus que le cabinet sud-africain semble s’attarder sur la situation dans le domaine public, en omettant la violence conjugale, qui représentait en 2014, 38 % des meurtres de femmes dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé.

En plus des violences perpétrées dans le cercle intime, il existe une multitude d’autres formes de discrimination qui touchent les femmes : le mariage forcé, les mutilations génitales, les crimes d’honneur. Les féminicides sont des crimes courants dans tous les pays du monde, sans distinction, et posent encore un grave problème dans la société actuelle. Un problème trop grave pour que l’on puisse vraiment publier un classement des pays où elles sont considérées en sécurité.

Violences sexuelles, physiques, morales et féminicides

L’OMS a publié une enquête sur les violences au sein du couple à l’échelle mondiale. L’organisation a constaté que “35 % des femmes ont subi des violences physiques et/ou sexuelles de leur partenaire intime”. Et parmi les pays concernés par ce type de violence, on retrouve justement les États-Unis, le Canada et l’Australie où 40 à 70 % des femmes assassinées ont été tuées par leur conjoint.

Au Sri Lanka, en 2013, les Nations unies ont observé un constat scandaleux : 96,5 % des hommes accusés de viol ne sont pas poursuivis en justice, alors que 15 % des interrogés par l’organisation ont avoué avoir déjà abusé d’une femme dans leur vie, y compris leur conjointe.

De même, il y a deux ans, l’Unicef a comptabilisé près de 700 millions de filles de moins de 18 ans mariées de force. Les mariages forcés conduisent, dans la majorité des cas, à des violences sexuelles et physiques subies par l’épouse.

Un classement incomplet

Si on en croit un sondage du National Center of Victims of Crime dévoilé en 2011, une femme sur cinq a été violée au cours de sa vie, aux États-Unis. Dans le même pays, une étudiante sur cinq sera également agressée sexuellement pendant ses études universitaires, selon un rapport de la Maison-Blanche pour la protection des étudiants contre les agressions sexuelles, publié en 2014.

L’excision est encore largement pratiquée sur les femmes, particulièrement en Afrique. On compte entre 100 et 140 millions victimes de mutilation génitale et sexuelle, toujours en vie aujourd’hui et chaque année, trois millions de filles seraient menacés par cette torture dans le monde, précise l’ONU.

Le classement de New World Wealth est loin d’être complet et survole une grande partie du problème de la sécurité des femmes. Certes, il existe des zones du monde où les femmes sont bien plus en danger que d’autres. Cependant, dans le monde entier, les femmes sont rarement en sécurité, d’autant plus qu’elles sont encore trop nombreuses à se sentir menacées dans leur propre foyer.