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Quand une intelligence artificielle “écrit” un conte pour enfants

Quand une intelligence artificielle “écrit” un conte pour enfants

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Crédit : calm.com

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Par Pierre Schneidermann

Publié le

Où il est question d’un cheval doré (avec une selle dorée), d’une princesse, d’un renard, d’algorithmes et de : “Mouais, il y a encore du boulot.”

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L’intelligence artificielle (IA) et la production de contenus traditionnellement réservés aux humains, c’est toute une histoire. Qu’il s’agisse de musique, de cinéma, de littérature ou même de journalisme (oui, oui), des dizaines de tentatives plutôt expérimentales essaiment un peu partout, posant à chaque fois leur lot de questions philosophiques très souvent teintées de notes dramatiques.

Dernière tentative en date : un conte pour enfants inspiré des textes que nous ont légués les frères Grimm. Nous devons cette production artistique à l’appli Calm (qui propose méditations et histoires aidant à s’endormir), qui s’est appuyée sur les compétences de l’équipe de Botnik, elle-même spécialisée dans “l’écriture prédictive”.

Un algorithme s’est chargé de trouver des modèles (“patterns”) de narration propres aux frères Grimm en analysant un corpus de textes. L’IA, après s’être entraînée, a généré un texte convoquant l’imaginaire du conte de manière totalement décousue. Trois personnes se sont ensuite chargées de rendre l’ensemble lisible et cohérent. L’œuvre se nomme La Princesse et le renard.

Que vaut ce texte ? De l’avis des auteurs, le style et la narration correspondent bien à ceux des frères Grimm, mais l’intrigue est un peu idiote et fout un peu plus les chocottes que la normale – notre jugement à nous est un poil plus sévère, mais c’est tout à fait subjectif. Faites-vous votre propre avis avec la traduction ci-dessous (le conte entier est payant, seul le début est accessible. Vous pouvez écouter un extrait ici) :

“Il était une fois un cheval doré, avec une selle dorée portant une magnifique fleur violette dans sa crinière. Le cheval amena la fleur dans le village où la princesse dansa de joie, se réjouissant à l’idée de paraître belle et magnifique.

‘C’est magnifique, dit-elle à son père, roi du pain et du fromage. Est-ce que tu lui donneras quelque chose à manger et à boire si je consens à épouser le prince ?'”

Voyez-vous, cela faisait longtemps que le roi avait demandé à sa fille avec insistance d’épouser le seul prince candidat de la région. Le problème, c’est qu’elle ne l’aimait pas et elle n’avait eu cesse de décliner ses avances.”

On ne va pas se lancer dans l’éternel débat “oh doux Jésus l’IA va-t-il remplacer l’humain même dans l’art ? C’est horriiiible”. Nul ne saurait le dire et nous laissons le soin aux prophètes de décortiquer le futur. Mais cet exemple nous dit quelque chose : l’IA peut être une source d’inspiration valable. Elle peut déclencher des associations d’idées, nous inspirer et nous déconcerter. Ce serait une excellente comparse pour faire du brainstorming.

Les champions de go qui s’étaient fait terrasser par AlphaGo et racontaient leur expérience dans un excellent documentaire diffusé sur Netflix (que nous avions commenté) n’en disaient pas moins. Mais nous n’en sommes pas encore là avec nos amis de Calm. D’autant plus que l’algorithme d’écriture prédictive de Botnik, Voicebox, soulève encore quelques interrogations.

Voicebox (qu’il est possible de tester sur le site web) propose de nous faire écrire façon saga Harry Potter, en imitant Freud ou en s’inspirant des recettes de pancakes. Résultat : l’outil est juste inutilisable, la grammaire et la sémantique prennent beaucoup trop cher. Mais qui sait. Peut-être qu’avec quelques de gros progrès, Voicebox deviendra un outil aussi précieux qu’un correcteur orthographique. L’IA ne sera ni plus ni moins qu’une petite aide au quotidien. Rien d’effrayant.