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Quand la Fashion Week de Paris célèbre l’Europe et la jeunesse

Quand la Fashion Week de Paris célèbre l’Europe et la jeunesse

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Par Manon Baeza

Publié le

Des messages énergiques et optimistes ont été délivrés durant la Fashion Week homme de Paris.

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Du 21 juin au 25 juin s’est tenu la Fashion Week homme printemps/été 2018 à Paris. Après New York en janvier dernier et sa mode engagée contre le président Donald Trump, c’était au tour de la capitale française de voir déferler, très subtilement, de nombreux messages politiques – tous néanmoins très optimistes.

Une jeunesse célébrée chez Dior et Kenzo

Il est facile de rapprocher la collection Dior, baptisée “Late Night Summer”, de l’espoir suscité par la récente élection d’Emmanuel Macron. Kris Van Assche, le directeur artistique de la marque, explique que le nom “Late Night Summer” fait référence à la première soirée que l’on fait avec l’aval de ses parents. Cette première nuit où les coups de foudre fusent. Ce défilé souhaitait refléter ce moment dans notre vie où l’on comprend que notre apparence et l’aura que l’on dégage occupent une place importance dans les relations amoureuses. Une prise de conscience qui arrive bien souvent au lycée, d’où l’utilisation de mannequins aux longues jambes dénudés qui n’ont pas plus de 18 ans.
Nous avons aussi aperçu de nombreuses pièces avec l’inscription “Atelier – 3 rue de Marignan” – adresse qui s’avère être celle de l’atelier de Dior. À l’occasion des 70 ans de la Maison, Kris Van Assche a souhaité mêler héritage et jeunesse, tout en gardant l’ADN de la marque. Un challenge largement relevé par le directeur artistique qui propose une collection très réussie célébrant aussi bien l’homme Dior d’antan que le futur. Regarder ce défilé, c’est comme assister à l’évolution même de la marque. Kris Van Assche a en effet réussi à faire de sa collection une véritable métaphore. Car au vu de ses créations, il ressort que toutes, avec ou sans message, honorent l’adolescence. Ses coupes de costumes font parfois référence aux uniformes scolaires et contrastent parfois avec les touches streetwear de ses créations qui nous rappellent instantanément la jeunesse d’aujourd’hui. Le show de Kris Van Assche a ainsi apporté une bouffée d’air frais et un vent d’optimisme sur l’avenir de la France.

Humberto Leon et Carol Lim, les directeurs artistiques de Kenzo, ont de leur côté décidé de présenter leur nouvelle collection au sein du lycée Camille-Sée, situé dans le 15e arrondissement de Paris. Seuls des mannequins asiatiques ont défilé pour la marque japonaise, et le show était alimenté de magnifiques prestations artistiques colorées sur les murs de l’établissement.
Un lieu et une prestation qui s’inscrivent dans la mouvance de cette Fashion Week parisienne, qui souhaitait faire passer un message d’espoir pour la nouvelle génération, laquelle promet d’être créative.

De manière implicite ou explicite, Dior et Kenzo ont toutes deux souhaité célébrer la jeunesse. Une célébration qui s’inscrit dans l’air du temps tant les millennials ont aujourd’hui une très forte influence dans la sphère mode. Réel message d’espoir ou simple stratégie marketing ? Restons optimistes, et optons pour une célébration sincère de cette jeunesse, dont l’avenir est insouciant mais prometteur.

Une touche d’espoir de la part de Balenciaga

De son côté, Demna Gvasalia, le directeur artistique de Balenciaga, a fait défiler au Bois de Boulogne de jeunes papas qui étaient parfois accompagnés de leurs propres enfants. Un défilé familial, qui nous a ramenés fin des 80’s, début des 90’s, et qui a réussi à rendre cool des pièces qui ne l’étaient plus depuis quelque temps, comme les polos par exemple. C’est là toute la force de Demna Gvasalia : faire primer le confort dans ses créations et, ainsi, proposer des pièces à la fois élégantes et cool.

Les nombreux messages qui appelaient à garder espoir et à avancer malgré toutes les tensions politiques que connaît l’Hexagone nous ont également interpellés. Les inscriptions “Europa“, “Think Big” (“Soyez ambitieux”) ou encore “The power of dreams” (“Le pouvoir des rêves”) étaient en effet récurrentes. L’aspect très familial du show ainsi que les messages d’espoir contrastaient avec les tensions que connaît la France. C’est dans la capitale française ciblée par les attaques terroristes que le créateur appelle à une Europe plus soudée et fait part de ses ondes positives quant à l’avenir. Un message optimiste qu’il a souhaité renforcer en faisant défiler des enfants, car selon lui “les enfants représentent cet espoir” rapporte-t-il à Vogue.

Les collections énergiques de Balmain

Olivier Rousteing a écrit une véritable lettre d’amour à la France avec le défilé Balmain. Après avoir participé peu avant les élections présidentielles à l’émission C à vous – dans laquelle il annonçait son soutien à Emmanuel Macron –, le créateur a reçu de nombreux commentaires sur son compte Instagram le félicitant pour son français si parfait. C’est à ce moment-là que le directeur artistique de Balmain a compris que les gens pensaient qu’il était Américain, a-t-il indiqué à Vogue.
Il a donc décidé de franciser sa collection à travers les coutures florissantes de Balmain et a alors repensé l’iconique marinière bretonne en monochrome, qu’il a “balmainisée” en créant des vestes étincelantes. On a également retrouvé un hommage à la grande Coco Chanel à travers des vestes faisant référence aux tailleurs en tweed gansé de la créatrice, qu’il a revisités pour les hommes. Certaines nous renvoient à la silhouette de Mugler, tandis que les vestes safari et les grosses lunettes de vue rappellent Yves Saint Laurent. Toutes ces références françaises ont cependant parfois été agrémentées d’étoiles, qui ne sont pas sans rappeler celles du drapeau des États-Unis.
Olivier Rousteing a su être patriote sans être protectionniste, le tout en restant fidèle à l’esthétique qu’il a créé chez Balmain. Fier du résultat des élections présidentielles, il assure qu’elles sauront donner de l’espoir à sa génération et à celle d’après. Dans les années 1980, la France brillait à travers le monde, et le créateur croit au retour de son rayonnement. À travers sa collection très énergique, Olivier Rousteing a su nous faire passer des messages pleins d’espoir et de confiance.

La renaissance d’une génération avec les défilés de Rick Owens et Vetements

Comme s’ils incarnaient la renaissance d’une génération, les mannequins à l’allure freak de Rick Owens descendaient (presque) du ciel. Une scénarisation symbolisant une lueur d’espoir pour l’Europe et la France.

Enfin, Demna Gvasalia a expatrié son label Vetements à Zurich, véritable paradis fiscal européen. Le créateur a en effet récemment décidé de sortir des calendriers de la Fashion Week. Il a donc proposé un lookbook ne réunissant que des “real people” portant ses créations. Aussi énergique qu’ironique, sa collection a su créer une réelle symbiose au sein de la Suisse, changeant ainsi Zurich, au départ si paisible, en l’une des villes les plus cool d’Europe.

Même si la sphère mode ne s’était pas réellement prononcée au cours des élections présidentielles françaises, il semblerait qu’elle ait néanmoins été effrayée et marquée par le potentiel résultat de celles-ci. Comme souvent, c’est subtilement mais efficacement qu’elle s’est prononcée. Avec ses nombreux messages optimistes qui renvoient un sentiment d’espoir et d’unité, ces quatre jours de mode au sein de Paris ont su magnifier et célébrer l’Europe, la France et la jeunesse d’aujourd’hui.