On n’est pas près d’arrêter de mater des vidéos de fantômes

On n’est pas près d’arrêter de mater des vidéos de fantômes

photo de profil

Par Salomé Vincendon

Publié le

De Casper à Ghost Whisperer, les fantômes restent profondément ancrés dans notre culture. Que l’on y croie ou que l’on doute de leur existence, le mysticisme qui les entoure nous intrigue tous.

À voir aussi sur Konbini

Fantômes, spectres, ombres surnaturelles… Ces êtres de l’au-delà sont au cœur de nombreux livres, films et séries. Ils font vraiment partie de l’imaginaire collectif, voire du monde réel pour ceux qui croient en leur existence.

Dernièrement, la photo d’une brume blanche à forme humanoïde a fait le buzz sur les réseaux sociaux. Cette étrange vapeur serait, selon certains, l’esprit d’un accidenté de la route montant au ciel. Ce genre de phénomènes récurrents et médiatisés alimentent l’idée controversée que les fantômes font partie de notre monde (malgré le fait que seuls de rares chanceux aient pu capturer une preuve de leur existence).

Internet regorge de ces photos et vidéos. Certaines sont clairement fausses, comme celles de la chaîne YouTube du Fantôme blanc qui multiplie les vidéos aux titres aguicheurs, tout en précisant dans les descriptions qu’il s’agit de montages : “Regardez attentivement, c’est un fack [sic]. Mais comme vous êtes bête, vous ne lirez pas la description comme d’habitude !” 

D’autres laissent planer le doute, mais toutes ont du succès. Par exemple, cette vidéo d’un fantôme courant sur un terrain de football, qui cumule 64 000 vues sur la chaîne YouTube Ghost Hunters, ce qui n’est presque rien pour les vidéos sur ce thème, certaines atteignant plusieurs millions de vues. Cette vidéo est suivie sur la chaîne d’une dizaine d’autres reprenant le même principe : une vidéo amateur filmant un moment de vie banal et capturant par accident la présence d’un fantôme.

“Les gens ont envie de croire au paranormal”

Il ne s’agit souvent que d’une apparition discrète et éphémère qui laisse planer le doute chez les sceptiques, mais qui encourage les croyants. Pourtant, les commentaires penchent le plus souvent du côté du “fake” (faux), arguant que la vidéo a été trafiquée : “Pire trafic que j’ai jamais vu“, “Toute ta vidéo est fausse” ou encore “C’est du photoshop“.

Seules quelques exceptions laissent un doute en faveur de l’au-delà. Les internautes semblent donc ne pas croire à ce qu’ils voient dans les vidéos, voire ne pas croire aux fantômes tout court. Alors pourquoi sont-ils si nombreux à cliquer sur des vidéos aux titres comme “Spectateurs de football effrayés par le fantôme d’un stade en Indonésie Vidéos Effrayantes” ?

Bon, peut-être qu’un titre aussi aguicheur pourrait faire cliquer n’importe qui, mais également parce que “les gens ont envie de croire au paranormal” selon Jean-Michel Abrassart, auteur de La croyance au paranormal : Facteurs prédispositionnels et situationnels. “Ce sont des phénomènes qui sont à la limite de la réalité, qui existent dans un entre-deux mais qui ne se manifestent jamais de façon explicite”, affirme l’auteur.

Le monstre du Loch Ness, les ovnis et autres phénomènes surnaturels déclenchent une certaine “fascination, on a envie de les voir, de regarder quelque chose de convaincant qui prouve leur existence, et on est vite déçu par les images“, continue Jean-Michel Abrassart. La méfiance première laisse alors immédiatement place au scepticisme le plus complet, et donc à la conviction que ces images sont fausses.

J’ai truqué et j’ai menti

Selon Jean-Michel Abrassart, le succès de ces vidéos découle des nombreuses émissions de chasseurs de fantômes qui ont eu leur heure de gloire sur certaines chaînes TV. Les vidéos YouTube consacrées aux fantômes sont en fait “une version amateur de ces émissions très regardées” avec une dimension supplémentaire propre au Web : le besoin du clic.

La semaine dernière, un chasseur de fantômes nommé Guss DX a avoué que l’une de ses enquêtes sur les fantômes était fausse : “J’ai truqué et j’ai menti“, a-t-il avoué. Lors de l’un de ses tournages dans le sud-ouest, au château de Moncade, dans la ville d’Orthez (Pyrénées-Atlantiques), il a fait en sorte que certains objets tombent sans raison, et fait croire à ses abonnés qu’il s’agissait d’un fantôme.

Après ses excuses, il explique avoir eu du mal à supporter les attentes de ses fidèles : “La pression du résultat, je me sentais, peut-être à tort, attendu au tournant“. Les vidéos qui précédaient celle sur le château de Moncade ne démontraient rien de sensationnel, et les abonnés se lassaient. “J’ai certainement donné trop de crédit à ces remarques négatives, se justifie le chasseur de fantômes avant d’ajouter : “J’ai voulu répondre à cette attente.”

Dans sa vidéo, Guss DX fait référence à l’impératif de la peur, qu’il doit faire ressentir à ses abonnés qui “attendent de voir du sensationnel, veulent du frisson et veulent voir du fantôme”. Pour Jean- Michel Abrassart, c’est aussi l’une des raisons qui fait le succès de ces vidéos en ligne. Les spectateurs “aiment se faire peur, en fait, regarder une vidéo, c’est comme aller dans une maison hantée pour se faire une frayeur“.

La plupart des images reprises sur des chaînes YouTube jouent beaucoup avec ce besoin d’horreur surnaturelle en titrant à coups de “Vidéo effrayante” ou de “Fantômes effrayants”. Certaines précisent le moment où le film a été pris, afin de non seulement crédibiliser son contenu, mais également de faire de ces quelques minutes filmées une véritable histoire à transmettre, une histoire qui fait peur et qui sera vue pour cette raison.