Pologne : l’opposition dénonce un “coup d’État” après l’adoption d’une réforme de la justice

Pologne : l’opposition dénonce un “coup d’État” après l’adoption d’une réforme de la justice

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Par Virginie Cresci

Publié le

La Commission européenne menace la Pologne de sanctions, après l’adoption d’une réforme mettant à mal la séparation des pouvoirs.

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Le Parlement polonais a voté ce jeudi 20 juillet une loi inquiétante pour la démocratie dans ce pays d’Europe centrale. Le parti conservateur Droit et Justice (PiS), majoritaire et très populaire dans l’opinion publique, comme le souligne Le Monde, a voté une proposition de loi de réforme de la justice, qui met à mal la séparation des pouvoirs nécessaire à toute démocratie.

Ces réformes visent surtout à accroître le pouvoir exécutif, au détriment du judiciaire. Le personnel judiciaire sera ainsi renouvelé et choisi par le gouvernement. Le Parlement polonais a voté ce lot de réformes importantes à 235 voix pour, 192 contre et 23 abstentions. Directement après l’annonce du vote, des manifestants se sont rués devant le Parlement pour protester contre ce qu’ils nomment un “coup d’État rampant”, qui selon les témoignages recueillis par Libération sonne la fin de l’indépendance de la Justice en Pologne.

La Pologne pourrait sortir de l’Union européenne

Aujourd’hui, l’Union européenne a rappelé à l’ordre la Pologne. “Nous sommes désormais très proches de déclencher l’article 7 du traité de l’UE”, a averti Frans Timmermans, le vice-président de la Commission européenne. Concrètement, cela signifie que l’Europe peut directement sanctionner la Pologne, en l’empêchant par exemple de voter au sein du Parlement européen. Préoccupé par cette réforme, Donald Tusk, chef du Conseil européen et ancien président du Conseil des ministres polonais, a voulu rencontrer le président ultraconversateur Andrzej Duda, mais ce dernier a refusé.

Grzegorz Schetyna, le chef du principal parti d’opposition (centre droit) a prévenu que cette annonce du vice-président européen est “un signal de plus, sans doute le dernier”.”Si la politique du gouvernement polonais ne change pas, s’il n’y a pas d’ouverture, s’il n’y a pas de confirmation que nous voulons être dans l’UE, cette politique vis-à-vis de l’indépendance de la justice se finira par un processus de sortie de la Pologne de l’UE”, a-t-il ensuite ajouté. Ces dernières années, la situation de la Pologne inquiète de plus en plus Bruxelles, entre restrictions de la liberté de la presse et tentative d’atteinte au droit à l’avortement.