La pollution de l’air peut désormais servir d’encre à un stylo

La pollution de l’air peut désormais servir d’encre à un stylo

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Par Thibault Prévost

Publié le

L’entreprise indienne Graviky Labs a développé l’Air Ink, un stylo dont l’encre est constituée d’air pollué et recyclé, selon une technique venue du MIT.

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Ces dernières années, le monde de la recherche et celui de l’art se sont entrecroisés pour découvrir qu’il existait pas mal de façons de transformer la pollution atmosphérique en produits moins nocifs pour l’être humain, avec des résultats allant du purement spectaculaire au potentiellement révolutionnaire.

Côté artistique, le Chinois Wang Renzheng prouvait en décembre dernier à quel point Pékin était irrespirable en récoltant l’air de la ville pendant 400 heures puis en le transformant en brique, tandis que deux mois plus tôt, le Néerlandais Daan Roosegaarde dévoilait une tour d’assainissement qui transforme les particules fines polluant l’air de sa ville en gemmes à porter sur soi (et étaler, au choix, sa conscience écologique exacerbée ou son cynisme total), prouvant brillamment qu’on peut aussi s’amuser avec la pollution atmosphérique qui annihile lentement mais sûrement toute vie sur Terre.

Côté scientifique, en revanche, pas de jolies vidéos de présentation mais des solutions à plus grande échelle : en octobre 2015, le diplômé du MIT Media Lab Anirudh Sharma sortait Kaalink, une encre noire pour imprimante entièrement composée de particules de carbone, ainsi que le procédé pour développer la méthode à échelle industrielle. Un an plus tard, l’entreprise fondée par l’Indien, Graviky Labs, a décliné le concept à plus petite échelle : l’Air Ink, une encre de stylo-bille et/ou de bombes de peinture composée de “suie”, des particules fines de moins de 2,5 micromètres, créées par des par des combustions imparfaites et rejetées par des cheminées ou des pots d’échappement.

Grâce à un partenariat avec une marque de bière de Singapour, l’Air Ink a lui aussi eu le droit à sa jolie vidéo de présentation, dans laquelle on voit des artistes locaux créer une fresque murale au spray de peinture, rejetant de fait les nano-particules dans l’air pour refermer la boucle parfaite de la pollution atmosphérique.

Le 12 mai dernier, un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) relevait que 80 % des villes possédaient un air de qualité désastreuse pour la santé. Et si le procédé de Graviky Labs est une solution prometteuse et créative, que l’on serait tenté de rentrer dans la case des feel good news, il y a quand même quelque chose de déprimant à se dire que les seules solutions innovantes au problème de la pollution de l’air viennent d’artistes et de start-up plutôt que d’États ou de conglomérats industriels.