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“Vous ne respectez pas ce pays, cassez-vous !” : quand un flic déverse sa colère sur des réfugiés

“Vous ne respectez pas ce pays, cassez-vous !” : quand un flic déverse sa colère sur des réfugiés

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on September 22, 2009 in Calais, France.

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Par Rachid Majdoub

Publié le

Dans une vidéo filmée au smartphone, on entend un policier agresser verbalement un groupe de réfugiés pour les inciter à quitter leur campement de fortune situé dans le 19e arrondissement de Paris.

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“Quoi, tu ne comprends pas ? Ouais, c’est ça espèce de merde, tu comprends quand ça t’arrange ! Allez vous faire foutre !”

C’est en ces mots que le policier conclut son agression verbale. Et si ces phrases sont en gras et séparées par autant de points d’exclamation, c’est parce qu’elles sont hurlées, violemment.

La scène se déroule entre six et sept heures du matin, le lundi 22 février 2016, sous la ligne aérienne du métro Stalingrad dans le 19e arrondissement de Paris. Derrière le téléphone portable qui la filme : Adam, un Soudanais de 25 ans. Face à lui et ses compagnons de rue réveillés brutalement, une dizaine de flics selon le jeune réfugié. Parmi ces policiers, l’un est hors de contrôle, et crie en anglais :

“Je m’en fous. Vous foutez la merde ici ! Vous ne respectez pas ce pays ! Cassez-vous ! Je m’en fous, vous ne respectez pas ce pays ! Vous crachez sur ce pays ! J’en ai rien à foutre [un migrant tente de s’exprimer, il est rapidement coupé].

J’en ai rien à foutre [prononcé trois fois de plus]. Prenez vos affaires et cassez-vous. Si vous ne bougez pas on va vous faire bouger. Vous comprenez ? On va vous faire bouger. Ne jouez pas aux cons avec nous ! OK ?”

Des “harcèlements permanents”

Postée sur Facebook par un étudiant en journalisme habitué à suivre le quotidien des réfugiés, la vidéo envoyée par un militant local a ensuite été relayée par BuzzFeed. Un document que Siné Mensuel s’était procuré bien plus tôt, des mains d’Adam lui-même qui raconte au site du magazine satirique qu’il s’est décidé, épuisé, à immortaliser les “harcèlements permanents” des forces de l’ordre qui “viennent désormais plusieurs fois par nuit les déloger“.

Hassan confie quant à lui que “c’est tout le temps comme ça, sauf que d’habitude ils parlent français. On ne comprend pas toujours […]. On nous traite comme des animaux“. Des “animaux” qui, faute d’hébergement, sont contraints, à hauteur d’une vingtaine à une trentaine, de squatter illégalement sous le pont du métro Stalingrad après avoir été déplacés de La Chapelle, station voisine.

Du côté des hommes en bleu, peuvent-ils se permettre d’intervenir de la sorte ? En cas de violence physique pour les déloger, cela peut conduire à l’ouverture d’une instruction. Dans tous les cas, ces gardiens de la paix auraient pu faire preuve de plus d’humanité, ce matin-là, en évitant une attitude condamnable.