Plusieurs nuits sous tension à Paris après la mort de Shaoyo Liu, père de famille chinois

Plusieurs nuits sous tension à Paris après la mort de Shaoyo Liu, père de famille chinois

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Capture d’écran vidéo Le Parisien.

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Par Cyrielle Bedu

Publié le

Après la mort dimanche 26 mars de Shaoyo Liu, tué par un policier dans des circonstances encore troubles, plusieurs manifestations tendues ont eu lieu à Paris. La dernière s’est déroulée mercredi 29 mars devant l’hôtel de ville de Paris.

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Dimanche 26 mars, dans le 19e arrondissement de Paris, un ressortissant chinois de 56 ans dénommé Shaoyo Liu est mort au cours d’une intervention de police. Des membres de la brigade anticriminalité (BAC) s’étaient rendus à son domicile au cours de la soirée, après avoir été appelé pour régler ce qui semblait être un différend familial. Selon une source policière contactée par Le Monde, “quand [les policiers] arrivent sur place, ils entendent crier, et quand ils entrent à l’intérieur de l’appartement, l’individu s’en prend à un policier avec un ciseau”. Dans un communiqué, la préfecture de police de Paris indique que Shaoyo Liu, qui tenait selon sa famille une paire de ciseaux à la main car il était en train d’écailler du poisson, aurait ensuite “tent[é] de porter un nouveau coup au fonctionnaire blessé. […] Un des policiers a[urait] effectu[é] un tir de riposte avec son arme de service pour protéger son collègue”. Shaoyo Liu a été tué par ce tir. Le policier invoque la légitime défense.

Mais la famille de Shaoyo Liu, qui était présente sur les lieux pendant l’intervention, conteste les faits. Selon leur avocat, qui compte porter plainte auprès du parquet pour “homicide volontaire par personne dépositaire de l’autorité publique”, il n’y aurait pas eu de différend familial et Shaoyo Liu n’aurait blessé aucun policier. Les circonstances de la mort de ce père de cinq enfants restent donc encore très troubles.

Au lendemain de sa mort, une manifestation s’est tenue dans le 19e arrondissement de la capitale, pour dénoncer ce que la communauté chinoise considère être une bavure policière. À ce jour, le policier qui a tiré sur Shaoyo Liu est en arrêt maladie.

La communauté chinoise dans la rue

Lundi 27 mars, au lendemain de la mort de Shaoyo Liu, une première manifestation a eu lieu devant le commissariat du 19e arrondissement de Paris. Au début pacifique, le rassemblement qui réunissait près de 150 personnes, dégénère aux alentours de 22 heures. Trois policiers sont légèrement blessés. Près de 35 personnes sont interpellées par les forces de l’ordre, selon la préfecture de police de Paris.

Au lendemain de cette première manifestation, dans la journée du 28 mars, quelques dizaines de personnes se sont pacifiquement rassemblées devant le commissariat du 19e arrondissement. Le même jour, la Chine, par la voix de la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying, avait protesté officiellement auprès des autorités françaises et demandé à la France de garantir “la sécurité et les droits” de ses ressortissants. Pékin “exige” également que Paris fasse “toute la lumière sur cette affaire”. Car récemment, une autre affaire avait déjà touché la communauté chinoise de Paris : en août dernier en effet, des milliers de représentants de la communauté chinoise s’était fortement mobilisés après la mort de Zhang Chaolin, tué à Aubervilliers au cours d’une agression, pour clamer leur sentiment d’insécurité grandissant.

Les manifestations se multiplient

Le 28 mars, à la tombée de la nuit, une nouvelle manifestation réunissant près de 400 personnes a de nouveau dégénéré devant le commissariat du 19e arrondissement. Cette fois, dix personnes ont été interpellées.

À la suite de ce second rassemblement mouvementé, la famille de Shaoyo Liu a lancé un appel au calme à la communauté chinoise, lors d’une conférence de presse qu’elle a tenue avec ses avocats.

Mais malgré cela, le soir-même de cet appel, une autre manifestation, organisée cette fois en plein coeur de Paris, devant l’Hôtel de ville, a été le théâtre de nouveaux heurts entre la police et les manifestants.

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