Perquisitions chez des opposants au projet d’enfouissement de déchets radioactifs à Bure

Perquisitions chez des opposants au projet d’enfouissement de déchets radioactifs à Bure

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Par Astrid Van Laer

Publié le

Mercredi 20 septembre, des perquisitions ont eu lieu chez des militants opposés au projet Cigéo, qui prévoit l’enfouissement de déchets nucléaires à Bure, un village situé dans la Meuse. Retour sur ce projet et les arguments qu’avancent ses détracteurs pour tenter de l’empêcher de voir le jour.

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Pas moins de 150 gendarmes ont perquisitionné la “Maison de la résistance”, située à Bure, un petit village de la Meuse, mercredi 20 septembre, vers six heures du matin. Pour les militants anti-Cigéo, il s’agit, depuis plusieurs années, de “l’épicentre de la lutte” contre ce projet d’enfouissement de déchets radioactifs.

Pour rappel, un déchet radioactif, comme l’explique Le Figaro, désigne “toute substance issue de l’industrie nucléaire pour laquelle aucune réutilisation n’est prévue, et dont le niveau de radioactivité ne permet pas d’être rejetée sans contrôle. Ces déchets proviennent notamment des centrales nucléaires qui produisent l’électricité, du secteur de la recherche ou de celui de la défense”.

Europe 1 rappelle que le projet Cigéo a été lancé en 1998. Il prévoit d’enfouir des matériaux, qui resteront potentiellement nocifs pour des millions d’années, sous une nappe phréatique. En tout, 3 % des déchets radioactifs français seraient à terme entreposés sur ce lieu. Le coût de l’opération d’acheminement des déchets sous terre a été estimé par le ministère de l’Énergie à 25 milliards d’euros. Ils sont pour l’instant entreposés en surface dans plusieurs sites, notamment dans la Manche.

Climat tendu

Les forces de l’ordre ont agi sur commission rogatoire d’un juge, après des dégradations et violences datant de cet été. Selon Alex, l’un des opposants au projet qui s’est confié aux journalistes de France 3, il s’agissait d’une intervention plus que musclée :

“Ils sont rentrés au pied de biche ce matin. Ils ont cassé des vitres de caravane, ils ont cassé la porte de la Maison de résistance. Ça faisait 13 ans que ce lieu existait. Il faut savoir qu’il y a eu aujourd’hui cinq lieux qui ont été perquisitionnés un peu partout sur le territoire.”

La porte-parole de l’association Sortir du nucléaire, Charlotte Mijeon, dénonçait sur France Bleu ce matin“plusieurs mois de harcèlement policier permanent, dans les villages autour de Bure, des rondes incessantes de véhicules de gendarmerie, d’hélicoptères, des contrôles d’identité”.

À Bure, cela fait plusieurs mois que les relations avec les forces de l’ordre sont très tendues. En effet, au cours d’affrontements avec des militants antinucléaires, des grenades ont été utilisées, comme à Sivens. Lors d’une manifestation mi-août, Robin, 27 ans, avait comparé auprès de RTL sa blessure au pied à la mort Rémi Fraisse : “Si j’avais pris cela à la tête, j’étais mort aussi”. Il avait ajouté :

“Je vois mon pied tout doucement qui apparaît. La chaussure est fondue complètement, je vois mes os, mes tendons. […]

L’os du gros orteil est pulvérisé et les trois os des autres orteils ont des multiples fractures. J’ai le tibia qui a également été brûlé sur la jambe gauche. L”infection est possible pendant un mois et s’il y a infection, là c’est l’amputation des cinq orteils.”

Pas de réaction de Nicolas Hulot

Jeudi 21 septembre, les militants anti-Cigéo donneront une conférence de presse sur le sujet. S’ils ont reçu un soutien public de la part d’associations comme Greenpeace – qui rappelle qu’elle est “fondamentalement opposée” au projet Cigéo et “condamne” les méthodes violentes de la police –, du côté du ministre Nicolas Hulot, aucune réaction.

En effet, le ministre de la Transition écologique et solidaire n’a pas donné sa position sur le sujet depuis qu’il est en fonction. Toutefois, depuis octobre 2016, une photo de lui circule, avec un panneau sur lequel il est écrit “Cigéo Bure, je dis non”. Mais depuis, silence radio.

Yannick Jadot, l’ancien candidat des Verts à l’élection présidentielle s’est pour sa part prononcé contre ce projet, proposant une alternative qu’il juge “moins chère [et] plus sûre” :

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