Selon ce prof américain, perdre son temps sur Internet est productif

Selon ce prof américain, perdre son temps sur Internet est productif

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To be self-aware is no where more evident than on the social networking phenomenon, Facebook. People are always checking up on their status, and on their freidns reactions to themselves. In this photograph a young man is looking at photographs of himself he has loaded onto the site.

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Par Bérénice Rebufa

Publié le

Kenneth Goldsmith est professeur de littérature à l’université de Pennsylvanie. Dans son livre Wasting Time on the Internet, il développe une théorie bien différente de celles de ses confrères au sujet du Web. 

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Kenneth Goldsmith est un professeur de littérature de l’université de Pennsylvanie. Il y a deux ans, il a créé un cours d’écriture créative qu’il a appelé “Wasting Time on the Internet” (“Perdre son temps sur Internet”, en VF). Les étudiants devaient simplement sonder “l’ennui d’Internet”, mais très vite son cours a fait l’objet d’un boom créatif et ses élèves ont fait preuve d’une épatante création collective.

Cette expérience l’a transformé en “optimiste radical” et son cours a très vite évolué pour devenir un séminaire appelé “Time Wasting” (“Perte de temps”, en français), qu’il tient aux quatre coins du monde. Fin août, il a sorti un livre du même nom que son cours initial , Wasting Time on the Internet. Cet ouvrage a été écrit pour raconter son expérience et prouver que sa positivité est fondée.

Une remise en cause de la doxa

Alors que les plupart des gens s’inquiètent des effets négatifs du Web, il y voit une nouvelle culture positive en construction.  Dans une interview donnée au New York Times, parue le 5 août, il décrit sa nouvelle vision du Web :

“Les théoriciens disent qu’Internet nous rend bête, mais quelque chose de magique s’est produit quand mes élèves ont gaspillé leur temps ensemble. Ils sont devenus plus créatifs les uns avec les autres. Ils disent que nous sommes moins sociaux, au contraire je pense que sur Internet les gens sont tout le temps en communication. Ils disent que nous ne lisons pas, mais je pense que nous lisons tout le temps, simplement c’est en ligne.”

Kenneth Goldsmith est également un artiste qui fonctionne beaucoup au ressenti. C’est pour cela qu’il a eu besoin de mener cette expérience, afin de se faire sa propre idée sur le Web. “En tant que poète, je voulais observer, j’avais besoin de ressentir les choses”, explique-t-il au journal new-yorkais.

Les réseaux sociaux, un nouveau mode d’expression

Kenneth Goldsmith aime comparer la philosophie du XXe siècle et les usages de la génération des réseaux sociaux : “Le postmodernisme échantillonne les idées et les remixe, c’est exactement ce qui est fait dans le monde numérique.” C’est ici qu’intervient le pouvoir créatif dans les réseaux sociaux. “Dans le monde en ligne, la seule chose dont on est le maître c’est notre collection, nos archives, et comment nous l’utilisons”, développe le poète.

Internet et les réseaux sociaux sont donc pour Kenneth Goldsmith la continuité du postmodernisme, ce grand courant de pensée né à la fin du XXe siècle qui continue à profondément marquer notre époque. Pour Kenneth Goldsmith, une future personne instruite sera quelqu’un de “curieux et qui collecte les meilleurs idées et sait comment les exploiter”.

Pour l’artiste, les posts Facebook sont un nouveau moyen de s’exprimer et la marque d’une nouvelle culture, et non la fin de cette dernière. Un moyen pour la nouvelle génération de prendre la parole et d’exprimer sa créativité, dans des publications qu’il compare volontiers à des chroniques historiques, à l’instar du journal de Samuel Pepys au XVIIe siècle.