Avec Ooniprobe, vérifiez si votre opérateur mobile manipule votre connexion Internet

Avec Ooniprobe, vérifiez si votre opérateur mobile manipule votre connexion Internet

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Par Thibault Prévost

Publié le

Des membres de la communauté Tor ont conçu Ooniprobe, un outil de diagnostic qui repère lorsque votre opérateur mobile censure ou bride votre connexion.

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Si jamais vous cherchez à savoir si votre opérateur d’Internet mobile garde la mainmise sur votre connexion – non, ce n’est pas de la paranoïa, c’est de la précaution –, bonne nouvelle, il existe désormais une application pour ça. Développée par des membres de la communauté Tor (The Onion Router, le navigateur du dark web qui garantit l’anonymat de ses utilisateurs) et disponible sur Android et iOS, Ooniprobe, repérée par Numerama, vous permet d’effectuer rapidement un diagnostic de votre connexion mobile pour évaluer sa qualité.

Fruit du projet OONI (Open Observatory for Network Interference) lancé mi-2011, l’application open source (évidemment) propose trois tests différents : le premier tente de savoir si votre opérateur bloque certains sites via le serveur DNS, le second vérifie la présence ou non d’un proxy qui manipulerait le trafic Internet et le troisième teste votre vitesse de connexion pour savoir si elle est bridée ou non. De même, l’application vous propose de constater quelles applications de messagerie instantanée (Facebook Messenger, WhatsApp) seraient éventuellement bloquées. Chacun de ces tests s’accompagne d’une sorte de didacticiel, afin que même les plus néophytes en la matière puissent comprendre de quoi il retourne. Lorsque des sites présentent des signes de censure, Ooniprobe vous propose des explications et des solutions pour y remédier (le plus souvent, utiliser le protocole HTTPS ou Tor).

Cartographie participative de la censure

Comme le rappellent à la fois Numerama et le blog spécialisé Korben, l’application n’en est qu’à ses débuts, et la présence d’indices de censure ne signifie pas forcément une censure en soi. Par exemple, certains opérateurs utilisent des proxys à des fins parfaitement innocentes ou des erreurs de connexions peuvent venir du site lui-même. De même, Ooniprobe n’est pas sans risque : utiliser l’application pour analyser votre connexion peut vous exposer à des poursuites légales selon le pays dans lequel vous vous trouvez : sur une page dédiée, Ooniprobe explique que de nombreux militants des droits numériques sont ainsi poursuivis pour “espionnage” car ils utilisent des outils similaires.

Au-delà de son utilité relative au quotidien (peu de chances que votre réseau domestique soit censuré, par exemple), Ooniprobe offre une autre fonction intéressante : en mettant en commun les données relevées par ses utilisateurs, l’application permet de cartographier la censure dans le monde de manière suffisamment précise pour qu’on s’y attarde. En France, par exemple, la censure existe, sans surprise, pour des sites liés à l’apologie du terrorisme, tandis que d’autres pays européens (Suède, Royaume-Uni, Allemagne, Finlande) ne filtrent rien. La Russie et la Chine sont évidemment à la pointe du filtrage politique mais, plus surprenant, les États-Unis semblent ne rien filtrer de leur trafic Internet – probablement un truc en rapport avec leur conception libertaire de la liberté d’expression. Au moins, eux, ils n’ont pas de problèmes de bridage, simplement d’espionnage de masse.