Au fait, y a-t-il davantage d’arbres ou de grains de sable sur la Terre ?

Au fait, y a-t-il davantage d’arbres ou de grains de sable sur la Terre ?

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Silhouette of a tropical tree at sunset

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Par Nadège Joly

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À ma droite, le beau, le grand, le roi de la verdure : l’arbre. À ma gauche, le minuscule, le chaleureux, le squatteur du désert : le grain de sable. Qui de ces deux merveilles de la nature possède le plus grand nombre de membres ? On vous offre un match exclusif :  arbres VS grains de sable, et c’est maintenant !

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Des satellites pour compter les arbres

“Depuis longtemps, nous savons donner un nombre d’hectares d’arbres présents sur la planète et même distinguer certaines espèces, distinguer un feuillu d’un résineux par exemple”, constate Cécile Vignolles. Une récente étude parue dans Nature estime ainsi leur nombre à 3 040 milliards. Soit 410 arbres par humain. Pas mal !

Mais voilà, “15 milliards d’arbres sont abattus chaque année” pour 80 millions de spécimens plantés. L’équilibre est précaire, le nombre d’arbres sur la planète diminue au fil du temps. Cécile Vignolles explique : “La forêt est un puits de carbone. Elle stocke énormément de ce gaz à effet de serre. Combien ? On ne sait pas. C’est pourquoi le CNES va lancer de nouveaux satellites dont Biomass.”  Ce dernier servira notamment à mesurer la diminution de cette biomasse et donc à quantifier réellement le volume des forêts.  

Le casse-tête des grains de sables

Personne, non plus, n’a foulé les plages et les déserts pour compter un à un les grains de sable qu’il avait sous ses pieds.  Et tant mieux, parce qu’il en aurait oublié : il y en a aussi au fond des rivières, des mers et des océans.  
Un grain de sable est une roche, un minéral (souvent du quartz) qui s’est désagrégé. “On parle de sédiment granulaire dont la taille se situe entre 63 microns (0,063 millimètres) et 2 millimètres“, explique Éric Chaumillon, chercheur en géologie marine du littoral à l’université de La Rochelle.  
Et si c’est un coquillage qui s’est fracturé en mille morceaux ? C’est aussi un grain de sable, à condition que sa taille entre dans la norme. Si c’est au-dessus, on parle de graviers ou de galets. En dessous, c’est de l’argile. Donc un grain de sable c’est un mini bout de roche venu (la plupart du temps)… de la montagne !

D’où le sable dans l’eau qui ruisselle depuis les montagnes et se dépose au fond des cours d’eau. Mais alors faut-il sortir le tuba pour les compter, ceux-là ?
Non, pas besoin. “Pour dénombrer les grains de sable de la planète, de nombreuses hypothèses coexistent, affirme Éric Chaumillon. Mais il faut avoir conscience qu’elles ne donnent pas le nombre exact de grains, seulement des ordres de grandeur.” Donc, à chaque fois, on suppose des choses comme le fait que le grain de sable soit sphérique et qu’il mesure 1 millimètre cube. Il est ainsi plus facile de savoir combien de grains sont présents dans 1 mètre cube de sable, par exemple.

Presque autant de gouttes d’eau dans l’océan que de grains de sable

“L’une des hypothèses les plus connues établie que le volume de sable de la planète représente 1 % du volume de la croûte terrestre, celle-ci faisant 1 % de celui de la Terre”, indique Éric Chaumillon. Et 1 % de 1 % du volume de la Terre, ça donne 200 millions de milliards de milliards de millimètres cubes, et donc de grains de sable. Oui, 200 000 000 000 000 000 000 000 000, soit 2 x 1026. Énorme !
Une autre hypothèse part du principe que le sable, c’est 25 % des sédiments continentaux (le reste c’est de l’argile, du calcaire). “Même avec cette méthode, on retombe sur le même ordre de grandeur, soit 200 millions de milliards de milliards de grains de sable.” Soit presque autant que de gouttes d’eau dans l’océan (elles sont 20 millions de milliards de milliards).
Mais bon voilà, le sable est aussi en voie de disparition. “La quantité de sable pillée (pour approvisionner les chantiers de constructions notamment) est énorme vis-à-vis de la quantité de sable réellement exploitable sur la planète.” Ici, Éric Chaumillon, évoque le fait que le sable des déserts, trop fin pour faire du béton, n’est pas exploitable dans l’industrie du bâtiment. “Les actions isolées ne sont pas le réel problème. La somme des attaques, elle, nous fait glisser dans une situation périlleuse”, ajoute-t-il Puisque le sable n’est pas inépuisable, il met 100 000 années à se renouveler !

And the winner is ..

Avec environ 200 millions de milliards de milliards de grains de sable contre 3 000 milliards d’individus pour les arbres, les grains de sable battent par KO les arbres. Toutefois, ce n’est qu’une bataille. La nature n’a pas dit son dernier mot, il va falloir veiller au grain pour suivre ce combat de titans !