À New York, le Met refuse d’exposer différemment un tableau de Balthus érotisant une très jeune fille

À New York, le Met refuse d’exposer différemment un tableau de Balthus érotisant une très jeune fille

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Par Mélissa Perraudeau

Publié le

Une New-Yorkaise a lancé une pétition pour qu’un tableau érotisant une petite fille soit accompagné d’un avertissement. Malgré les 10 000 signatures, le célèbre musée refuse.

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Le tableau Thérèse rêvant – du peintre français Balthus (de son vrai nom Balthasar Klossowski), peint en 1938 et exposé dans la collection permanente du Metropolitan Museum of Art (Met) – fait l’objet d’une pétition remarquée depuis la semaine dernière.

Il met en scène Thérèse Blanchard, qui avait environ 12 ans lorsqu’elle était la voisine du peintre. Le Met précise qu’elle apparaît, seule ou accompagnée de son frère Hubert, dans une série de dix tableaux réalisés entre 1936 et 1939.

La semaine dernière, la façon dont Thérèse rêvant est exposé au Met a alerté une visiteuse, la New-Yorkaise Mia Merrill, responsable des ressources humaines dans une entreprise de finance. Dans sa pétition lancée dans la foulée, elle dénonce la mise en avant d’une petite fille sexualisée dans un “portrait évocateur d’une fille pubère se reposant dans un fauteuil, ses jambes pliées permettant de voir sa culotte” :

“C’est perturbant que le Met expose fièrement une image pareille. Il s’agit d’une institution renommée et de l’un des musées les plus grands et les plus respectés des États-Unis.

L’artiste de ce tableau, Balthus, était célèbre pour sa fascination pour les filles pubères, et on peut aisément arguer que ce tableau romantise la sexualisation d’un enfant.”

Comprendre “les implications liées à l’exposition” du tableau

Mia Merrill évoque une exposition organisée au Met en 2013, “Balthus: Cats and Girls—Paintings and Provocations”, qui incluait certains de ses travaux “ouvertement pédophiles”. Ces derniers étaient alors contextualisés : un panneau indiquait aux visiteurs et visiteuses que certaines pièces pouvaient être “dérangeantes”.

Cela montre, selon la New-Yorkaise, que l’institution “comprend les implications liées à l’exposition des travaux de l’artiste dans leur collection permanente”. Ces enjeux sont d’autant sensibles depuis l’affaire Weinstein et le mouvement #MeToo :

“Compte tenu du climat actuel avec des agressions et allégations sexuelles qui deviennent chaque jour plus publiques, le Met, en mettant en avant ce travail sans procurer aucune sorte d’éclairage, soutient, peut-être de façon involontaire, le voyeurisme et l’objectification des enfants.”

Succès de la pétition mais refus du Met

La trentenaire a répété qu’elle ne demande pas que le tableau soit censuré ou détruit, mais que le musée prenne conscience de ce que l’exposer implique, et qu’il prenne ses responsabilités en s’engageant contre la promotion de la pédophilie.

Mia Merrill propose donc que le tableau soit déplacé dans une autre salle, ou simplement que son cartel soit complété d’une mention comme “Certaines personnes trouvent cette pièce outrageante ou dérangeante, compte tenu de la fascination artistique de Balthus pour les filles jeunes”. Elle souhaite qu’il y ait une mention des implications pédophiles du tableau, pour montrer que le musée ne les cautionne pas et prévient ses visiteurs·trices.

En quelques jours, la pétition a dépassé son objectif de 10 000 signatures. La New-yorkaise y précisait qu’elle allait également envoyer une lettre au musée en plus de la pétition. Mais dimanche dernier, Ken Weine, le porte-parole du musée, a balayé la possibilité de changer la façon dont Thérèse rêvant est exposé.

Arguant que “le sens de l’art est de refléter de nombreuses périodes, et non uniquement la période actuelle”, il a défendu sans aucune réserve l’affichage de l’œuvre. Le New York Post rapporte ainsi que le porte-parole a expliqué la mission du Met sans considérer clairement les implications pédophiles du tableau :

“Notre mission est de collecter, d’étudier, de conserver et de présenter des œuvres d’art significatives de toutes les époques et de toutes les cultures afin de connecter les gens à la créativité, au savoir et aux idées.”

La mobilisation continue toutefois, le nombre de signatures de la pétition ne faisant qu’augmenter.

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Traduction : “J’ai lancé une pétition 

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