Les Nations unies vont rendre publiques leurs archives sur les crimes de guerre nazis

Les Nations unies vont rendre publiques leurs archives sur les crimes de guerre nazis

photo de profil

Par Thibault Prévost

Publié le

Les documents d’époque sur les crimes du IIIe Reich, détenues par l’ONU à la Wiener Library de Londres, seront accessibles via une archive en ligne. Un moyen de lutter contre le négationnisme.

À voir aussi sur Konbini

Soixante-dix ans après sa fermeture, l’archive des Nations unies contenant les dossiers de preuves des crimes de guerre nazis de la seconde guerre mondiale, composée de dizaines de milliers de documents, va finalement être ouverte au grand public, rapporte le Guardian. La Wiener Library de Londres, qui détenait jusqu’alors les documents, a patiemment numérisé l’archive et l’a dotée d’un outil de recherche pour qu’historiens, chercheurs et simples amateurs puissent naviguer le plus clairement possible dans le dédale des procès du IIIe Reich. Au total, ce sont 900 gigaoctets de documents qui seront accessibles dans la semaine sous format PDF, dont certains de plus de 2 000 pages.

Ces dossiers, dont les plus anciens remontent à 1943 – parallèlement à la création de la Commission des Nations unies sur les crimes de guerre (UNWCC) et un an après la création de l’ONU –, jettent une lumière nouvelle sur les agissements du régime nazi et la réponse de la communauté internationale à l’aube de la Guerre froide. On y apprend ainsi que le gouvernement polonais, en exil, avait transmis à l’UNWCC des descriptions détaillées de camps de concentration comme Auschwitz ou Treblinka, et ce dès 1943, tandis que le gouvernement tchèque transmettait lui des preuves de la responsabilité directe d’Adolf Hitler dans les massacres commis par les nazis en Tchécoslovaquie. Des rapports sortis clandestinement de l’Europe de l’Ouest occupée pour rejoindre l’Angleterre libre, et enrichir le dossier d’accusation contre le régime nazi et ses dignitaires.

Faciliter le travail des historiens et lutter contre le négationnisme

Jusqu’alors, les documents rassemblés par la Wiener Library et précieusement gardés par l’ONU à New York étaient inaccessibles à la majorité du commun des mortels : pour qu’un chercheur puisse le consulter, il fallait tout d’abord qu’il obtienne l’approbation de son gouvernement, puis le consentement du secrétaire général des Nations unies, avec interdiction de prendre des notes ou de faire des copies, détaille le Guardian. Quant à la Wiener Library, elle collabore avec l’International Tracing Service, qui aide les descendants des victimes de la Shoah à retrouver la trace de leur famille. La publication de ces documents, auquel l’Allemagne n’a jamais eu accès, facilitera infiniment le travail des généalogistes et des historiens, notamment pour combattre le négationnisme… et, pourquoi pas, rouvrir certains dossiers, fermés hâtivement à la fin des années 1940 par l’UNWCC alors que l’Allemagne de l’Ouest devenait un allié dans le combat contre le nouvel ennemi communiste.