La Nasa souhaite privatiser la Station spatiale internationale

La Nasa souhaite privatiser la Station spatiale internationale

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Crédit: WIkipedia/CC

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Par Thibault Prévost

Publié le

Forcée de choisir entre la gestion de l’ISS et les futures missions sur Mars, la Nasa est prête à laisser la Station spatiale au secteur privé d’ici 2020.

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En 2020, si tout se passe comme prévu, la Nasa aura envoyé un nouveau module d’exploration sur la surface martienne avec la ferme intention d’y découvrir des traces de vie et un lieu d’atterrissage potentiel pour les futurs colons humains. Une mission non-habitée, la dernière inscrite sur le calendrier de l’agence, qui coûtera à elle seule 2 milliards de dollars. Les voyages habités vers la planète rouge, beaucoup plus coûteux et ambitieux, sont prévus pour 2025 à 2030, lorsque le vaisseau Orion et la nouvelle fusée Space Launch System (qui facture à elle seule 35 milliards de dollars) seront enfin opérationnels. Mais si la Nasa conserve un budget conséquent (19,3 milliards de dollars) pour préparer l’avenir de l’exploration spatiale, elle se trouve néanmoins face à l’obligation de gérer ses ressources, quitte à se désengager de certains programmes. En 2020, la Station spatiale internationale (ISS) sera donc (en partie) privatisée.

La station orbitale est pourtant une réussite éclatante, et l’un des plus ambitieux projets de coopération scientifique entre nations : construite progressivement depuis 1998 et initialement prévue pour durer jusqu’à 2015, elle est actuellement programmée pour fonctionner jusqu’à 2024. Son principal fournisseur de pièces, Boeing, étudie même l’idée de la prolonger jusqu’à 2028, soit quasiment le double de sa durée de vie initiale, alors que de nouveaux modules gonflables viennent d’être attachés à la structure. En d’autres termes, l’ISS est un outil scientifique durable et robuste, qui nous permet de tester toutes sortes de choses en microgravité et sert de terrain d’entraînement aux nouveaux acteurs du voyage spatial privé, SpaceX en tête. Mais la Nasa a désormais les yeux rivés sur Mars, et l’administration Obama sur ses livres de comptes. Résultat: les États-Unis, principal contributeur du projet, ne financeront bientôt plus l’ISS, et sont prêts à vendre leur participation à une entité commerciale, qui cohabitera avec les autres agences spatiales internationales qui gèrent la structure.

Quelle forme prendra la participation privée ?

Dans une conférence de presse organisée le 18 août, William Hill, responsable des programmes d’exploration au sein de la Nasa, a été très clair quand à la stratégie de l’agence : “Notre désir est de remettre l’ISS soit à une entité commerciale, soit à un autre type de structure privée, pour que la recherche en orbite basse puisse continuer.” Côté calendrier, la cession devrait se faire courant 2020. D’ici là, nul doute que les sociétés de transport spatiales privées, telles que Boeing, SpaceX, Virgin Galactic ou Blue Origin, maîtriseront le voyage spatial habité (SpaceX s’y met en 2017) pour assurer le service de taxi orbital à moindre coût. Reste maintenant à savoir quelle forme prendra la participation du secteur privé  à la gestion de la station, comment les autres nations impliquées géreront la cohabitation et, plus important, quelle entreprise sera intéressée.