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La Nasa finit par admettre qu’elle n’a pas assez de pognon pour envoyer l’humain sur Mars

La Nasa finit par admettre qu’elle n’a pas assez de pognon pour envoyer l’humain sur Mars

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Par Thibault Prévost

Publié le

Après cinq années passées à nous vendre de grands plans de colonisation martienne, la Nasa a admis qu’elle n’en avait pas les moyens financiers.

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Finalement, nous ne verrons peut-être pas d’être humain sur la planète rouge d’ici 2030 faute de budget accordé à la Nasa, et c’est vraiment l’information la plus déprimante de la journée. Car depuis cinq ans, à coups de spots viraux et de posters rétrofuturistes, l’agence spatiale américaine avait fini par réellement nous convaincre que nous assisterions de notre vivant à la colonisation martienne. Une nouvelle fusée – la monumentale SLS -, une nouvelle navette – Orion -, et même un nouveau véhicule blindé complètement dingue présenté le 8 juin dernier par le Kennedy Space Center : la Nasa semblait pourtant en pleines emplettes avant le grand départ.

Et pourtant, le 12 juillet, l’administrateur dédié aux programmes d’explorations habitées de la Nasa, William H. Gerstenmaier, a admis que son agence n’avait actuellement pas les moyens de tenir ses engagements martiens. “Je ne peux pas mettre de date sur le projet d’exploration humaine sur Mars, pour la simple raison qu’avec le budget actuel, qui a augmenté d’environ 2 %, nous n’avons pas les systèmes de surface pour aller sur Mars. Et cette entrée, cette descente et atterrissage sont un défi gigantesque pour nous”, déclarait-il ainsi à l’occasion d’une conférence.

En d’autres termes, la Nasa n’a pas assez d’argent pour construire le dispositif qui permettra d’atterrir sur Mars. La faute aux budgets, certes, mais aussi un peu à l’agence elle-même : le système Orion/SLS coûterait 2 milliards de dollars chaque année, et chaque lancement coûterait environ 1 milliard de dollars, rappelle Ars technica. Une mission vers Mars telle que conçue par la Nasa dans son plan “Journey to Mars” – un plan déjà vertement critiqué par le National Research Council lors de sa publication – implique 4 ou 5 lancements chaque année. En 2016, son budget annuel pour les programmes d’exploration spatiale s’élevait à 3, 7 milliards de dollars. Les chiffres ne tiennent pas.

Pendant ce temps-là, SpaceX…

En juin dernier, l’administrateur de l’agence Robert Lightfoot assurait pourtant sans ciller que le projet d’envoyer des humains sur Mars d’ici 2033 était toujours d’actualité. Avant lui, l’administration Trump envoyait également des signaux encourageants à l’agence en priorisant l’exploration spatiale, en signant un décret qui fait de l’exploration martienne en 2033 une mission officielle de l’agence et en la laissant relativement épargnée par sa politique de réduction budgétaire, ses ressources annuelles passant de 19,6 à 19,3 milliards de dollars. Visiblement, la Nasa vient de lui signifier que ce ne serait pas suffisant… de là à mettre un coup de pression au président américain, à qui l’exploration spatiale tient visiblement à cœur ?

À défaut d’aller sur Mars dans l’état actuel des budgets, Gerstenmaier a quand même ouvert la porte à une autre possibilité : le retour à l’exploration lunaire, chère à George W. Bush et annulée par l’administration Obama. L’idée serait d’utiliser le système SLS/Orion : “si nous découvrons qu’il y a de l’eau sur la Lune, que nous voulons mener de plus grandes opérations pour l’explorer, nous avons la possibilité de le faire grâce au système Deep Space Gateway”, a ainsi affirmé Gerstenmaier. Pour Ars Technica, cette déclaration est surtout une façon de garder la face et de laisser entendre que la Nasa a toujours le contrôle sur les destinations qu’elle choisit. Seulement, en construisant des fusées aussi onéreuses, rappelle le site, il n’est pas dit qu’elle ait les moyens pour quoi que ce soit.

Pour de nombreux observateurs, à la lumière de ces informations, la Nasa n’a plus vraiment le choix si elle veut conserver ses chances d’atteindre Mars dans les deux décennies à venir : elle doit collaborer plus profondément avec des entreprises privées et se désengager du complexe militaro-industriel, symbolisé par Boeing ou Lockheed Martin, qui lui fournit ses véhicules. Entre SpaceX, Blue Origin et United Launch Alliance, l’agence a l’embarras du choix. Mieux, la Nasa devrait commencer à faire gaffe : le 13 juillet, SpaceX vient de soumettre une demande de financement public pour des programmes d’exploration de l’univers profond, avec l’idée, on le rappelle, d’emmener des humains sur Mars en 2022.