La mort de Hande Kader, icône LGBT, provoque la colère à Istanbul

La mort de Hande Kader, icône LGBT, provoque la colère à Istanbul

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Par Juliette Geenens

Publié le

Des centaines de manifestants sont descendus dans la rue deux semaines après que le corps de la militante LGBT a été retrouvé brûlé, le 8 août dernier.

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Hande Kader a tout d’une martyre. Devenue une figure LGBT lors de la Gay Pride réprimée par le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan, cette travailleuse du sexe transsexuelle de 23 ans a été retrouvée morte au début de mois d’août, son corps mutilé et brûlé. Son meurtre a suscité une vive émotion et une grande colère chez une centaine de protestataires turcs qui ont défilé dans la rue ce week-end, relatent plusieurs médias internationaux ce lundi 21 août. Parmi les manifestants, Davut Dengiler, le colocataire  de Hande Kader, qui raconte à la BBC :

“Hande était une des personnes les plus gentilles du monde. Elle était très calme en temps normal, mais aussi hyperactive. Elle allait toujours aux défilés LGBTI [lesbienne, gay, trans, intersexué, ndlr]. Elle poursuivait que cause qui lui semblait juste, jusqu’à la fin.”

À Istanbul, une petite foule s’est rassemblée, munie de drapeaux arc-en-ciel et de pancartes qui réclament “justice pour Hande” et “justice pour tous”. La communauté trans et homosexuelle de la ville s’est saisie du meurtre de la jeune femme pour dénoncer la violente homophobie qui sévit en Turquie. Tous craignent la menace qui plane au-dessus des droits et des libertés des personnes LGBT dans ce pays.

Car si l’homosexualité n’est pas considérée comme un délit en Turquie (ce qui n’est pas le cas partout dans le monde), la haine à l’encontre des homosexuels et des trans est très vive et mène à des séries de meurtres peu médiatisés, qui restent impunis par la loi.

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L’homophobie et la transphobie tuent

L’assassinat de Hande Kader n’est pas le premier du genre à Istanbul. Quelques jours avant celui de Hande Kader, le corps carbonisé d’un réfugié syrien homosexuel a été retrouvé dans la rue. Selon l’ONG Transgender Europe, en 2015, la Turquie est en Europe le pays le plus dangereux et le plus mortel pour les transgenres et transsexuels, devant l’Italie. Mais pour l’association, il n’existe pas d’endroit où les trans sont en totale sécurité, rapporte la BBC.

Hande Kader, bien malgré elle, a été érigée comme un modèle de l’activisme LGBT, quand, l’an dernier, le président Erdogan a annulé la Marche des fiertés à Istanbul, prévue des mois à l’avance, à cause du Ramadan. Des protestataires ont bravé l’interdiction, affrontant des autorités particulièrement violentes, qui ont tenté de disperser la foule à grands renforts de Flash-Ball, de canons à eau et de bombes lacrymogènes.

La jeune transexuelle, à l’époque âgée de 23 ans, avait fait face à un véhicule de la police turque, assise au milieu de la chaussée. Des photos d’elle en larmes, prises par les agences de presse Reuters et AFP, avaient énormément circulé dans les médias faisant d’elle une figure de cette Gay Pride violemment réprimée.