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En désaccord avec l’Éducation nationale, le président du Conseil supérieur des programmes a démissionné

En désaccord avec l’Éducation nationale, le président du Conseil supérieur des programmes a démissionné

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Par Astrid Van Laer

Publié le

Ce mardi 26 septembre, Michel Lussault, président du Conseil supérieur des programmes à l’Éducation nationale depuis trois ans, était l’invité de la matinale de France Inter. Il y a annoncé sa démission, pointant du doigt le ministère de la rue de Grenelle, dont il n’apprécie pas la politique.

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Michel Lussault était au micro de Nicolas Demorand, ce mardi 26 septembre. Visiblement très remonté, le président du Conseil supérieur des programmes (CSP) − l’instance chargée d’écrire les programmes scolaires − a expliqué sur l’antenne de France Inter qu’il démissionnait de ses fonctions en pointant explicitement la responsabilité du ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer :

“Je démissionne pour envoyer peut-être un message au ministre, au ministère et à tous ceux que l’éducation intéresse, pour essayer d’arrêter le jeu qui est lancé depuis quelques semaines qui consiste à agiter un certain nombre de sujets et à satisfaire quelques bas instincts d’une clientèle politique.”

Michel Lussault a ajouté que “l’école va[llai]t mieux que ce type de débats”. Ce dernier ne semble pas avoir apprécié la manière qu’a eue Jean-Michel Blanquer de gérer les dossiers à son arrivée au ministère. Il estime au départ avoir été “plutôt enclin à rester discret”, mais considère que le ministre lui “paraît avoir franchi quelques limites dans des interviews, dans certains hebdomadaires”, en remettant en question “de façon très brutale et unilatérale des évolutions qui avaient été longuement discutées pendant les années précédentes”.

“L’école n’est pas un service qui vend des prestations”

Des propos corroborés par un entretien accordé au Monde, dans lequel il évoque sa rencontre décevante avec le ministre en août dernier, alors qu’il était en poste depuis trois ans, nommé par Najat Vallaud-Belkacem :

“J’ai eu le sentiment qu’il ne connaissait pas vraiment ce que nous avions fait et n’avait pas la volonté de nous confier quoi que ce soit. Je lui ai dit que le CSP permettait notamment de sortir des débats partisans. Je n’ai pas réussi à le convaincre. Dans ces conditions, il devenait difficile pour moi d’envisager un maintien, ce que je n’ai pas caché au ministre.”

En répondant aux questions de Nicolas Demorand au sujet du grand chantier que constitue la refondation de l’école, son discours s’est fait plus alarmiste encore. Il a ainsi multiplié les propos peu optimistes sur l’avenir de l’école française, en déclarant notamment : “Nous n’avons pas une formation des maîtres à la hauteur.” Il a également mis en cause les responsabilités qui sont placées sur les épaules de l’école, qu’il juge trop grandes, délestant la famille d’un poids qu’elle devrait, selon lui, en partie assumer : “Les parents ne peuvent pas seulement être des clients de l’école, ce n’est pas un service qui vend des prestations, il faut une coéducation.” Ses propos se voulant être un avertissement :

“Nous sommes un grand pays de culture […], mais nous sommes devenus les rentiers d’une école qui formait à peu près bien les élèves. On s’en inquiète trop tard.”

De son côté, Jean-Michel Blanquer a réagi à l’annonce de Michel Lussault en déclarant que ce n’était “vraiment pas grave qu’il s’en aille” :

“C’est le choix de M. Lussault de démissionner. J’ai entendu qu’il l’avait fait dans des termes outranciers. Le simple fait qu’il utilise des termes outranciers le disqualifie pour la fonction qu’il exerçait, donc il en tire les conséquences.”

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