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Le CSA part en guerre contre le sexisme dans la téléréalité française

Le CSA part en guerre contre le sexisme dans la téléréalité française

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Par Thibault Prévost

Publié le

L’institution de régulation des contenus télé a prononcé des avertissements contre W9, NT1 et NRJ12, leur reprochant le sexisme de leurs émissions de téléréalités.

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“Propos stéréotypés et dégradants”, “propos portant atteinte à l’image de la femme”, candidates “réduites à leur apparence”… Première nouvelle : la téléréalité française est sexiste.

Le 16 juin, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui supervise et régule les contenus diffusés à la télévision française, a “fermement mis en garde” NRJ12 et est “intervenu” auprès de W9 et NT1 pour leur rappeler certains principes élémentaires concernant l’image de la femme à la télévision.

En cause, les programmes de téléréalité “Les Marseillais”, “les Anges” et “Le Bachelor” ainsi que le magazine de divertissement “Le Mad Mag”.

Comme le précise Le Monde, les remontrances du conseil font pour le moment office d’avertissement. Si d’autres propos ou mises en scène sexistes devaient se reproduire dans ces émissions (et quiconque a déjà jeté un œil à ces programmes parierait bien dessus), elles passeraient alors en catégorie III, seraient déconseillées aux moins de 12 ans et se verraient cantonnées dans une tranche horaire nocturne, après 22 heures.

Compliqué à gérer pour les chaînes, qui vont devoir trouver un moyen d’assagir ces émissions pour ne pas risquer de perdre leur cœur de cible adolescent, tout en maintenant leur colonne vertébrale de chair, de sensualité et de punchlines qui fait tout leur sel aux yeux du public.

Classement au physique et assujettissement

Plus spécifiquement, certaines séquences ont retenu l’attention du CSA. Dans l’épisode des Marseillais du 27 avril, les candidats présentent les candidates à un nouvel arrivant en lui demandant de les classer en fonction de leur physique, de la plus “dar” à la plus “cheum”, #mdr #ouestlerespect.

Le CSA ne goûte pas cet humour et a préféré y voir “une démarche dégradante” envers les femmes “puisqu’elles se trouvent réduites à leur apparence”. Dans l’émission du Bachelor, c’est la séquence-clé de voûte de chaque épisode, celle ou le beau mâle alpha sélectionne ses partenaires potentielles en leur filant une rose à 2 euros achetée la veille à Rungis, qui “exacerbe l’assujettissement d’un groupe de jeunes femmes au bon plaisir d’un homme, mettant ainsi en avant une volonté de dépendance dévalorisante de leur part”. En 2016, après quinze ans de téléréalité, le CSA découvre donc, horrifié, le rôle de la femme-trophée.

Plus généralement, et c’est aussi plus grave, le CSA inclut dans ses mises en garde le même paragraphe adressé aux trois chaînes pour leur reprocher le sexisme latent de leur programmation:

“Le CSA a également précisé à la chaîne que, d’une manière plus générale, il s’inquiétait vivement de la tonalité et des ressorts de cette émission qui conduisent à favoriser la diffusion de séquences, de dialogues, d’images et de postures de nature à donner une représentation des femmes marquée par des stéréotypes dévalorisants, présents tout au long de ce programme.”

C’est un début. Mais on n’efface pas quinze ans de voyeurisme et d’objectification télévisuelle comme ça, surtout quand les vieilles recettes fonctionnent toujours aussi bien — la seconde saison du combo diabolique Les Ch’tis vs les Marseillais, représentait 17 % de part d’audience chez les moins de 25 ans et rassemblait en moyenne 810 000 téléspectateurs.