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Le magnétoscope est définitivement mort et enterré

Le magnétoscope est définitivement mort et enterré

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Par Thibault Prévost

Publié le

Au Japon, le dernier fabricant de magnétoscopes a annoncé l’arrêt définitif de la production. Un crève-coeur pour les irréductibles.

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Le claquement de la barre en plastique qui se lève pour découvrir l’ouverture. Le déclic de la VHS bien en place. Le murmure du rembobinage bien trop long — en ce temps-là, on devait être patient —, le bruit sec du bouton de lecture, les deux secondes de neige et puis la vidéo, enfin, tressautante, striée, parfois floue, parfois coupée, ou soudainement muette sans explication.

La vidéocassette d’antan a un charme désuet, à l’ère du téléchargement en 1080p, qui nous fait repenser avec une tendresse hypocrite à des technologies en tout point inférieures à celles du présent. Voilà, c’est fini : le dernier fabricant de lecteurs VHS, Funai Electric (aussi connue sous le nom Sanyo sous nos latitudes), a annoncé l’arrêt de la fabrication, rapporte le site Ars Technica, relayant une information du journal japonais Nikkei. En 2016, il était plus que temps.

Du temps de sa splendeur, dans les années 1990, Funai Electric vendait 15 millions de magnétos par an. L’année dernière, il ne s’en est vendu que 750 000 — ce qui est en soi un chiffre aberrant pour une technologie résolument obsolète.

Des puristes irréductibles

De fait, non seulement les DVD et les Blu-Ray ont porté un coup presque fatal à l’antique cassette en terme de qualité d’image, mais le téléchargement et les enregistreurs numériques ont ensuite fini le boulot, privant la VHS de son dernier avantage (si l’on considère que l’enregistrement d’un film dans une qualité à pleurer de honte et incluant les publicités à l’entracte présentait un avantage sur quoi que ce soit).

Personne, ou presque, ne viendra pleurer sur la tombe du lecteur VHS et son format préhistorique, se dit-on. Raté: c’est sans compter sur les irréductibles puristes qui, non content de trouver un charme vintage à ces abominations du siècle passé, arriveront même à les défendre en arguant qu’elles sont le seul support valable pour profiter convenablement d’un bon gros nanar au budget microscopique “tel que le réalisateur l’aurait voulu”.

Interrogés par The Independent, un collectionneur britannique qui parcourt sans relâche le marché de l’occasion —certaines VHS de films d’horreur peuvent atteindre 1 500 livres (1 800 euros) — estime que “certains films sont trop nettoyés en DVD et Blu-Ray […]. On peut voir tous les défauts, le mauvais maquillage, tout.”

Aujourd’hui, le magnétoscope rejoint donc le cimetière des technologies des années 1990, accompagné de l’écran cathodique, du Palm, du Minitel et du beeper. Et tant pis pour les acharnés du grindhouse: la VHS est morte, vive la VHS !