Ils ont merdé en 2015

Ils ont merdé en 2015

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Par Thibault Prévost

Publié le

Des petites conneries quotidiennes aux immenses énormités, ils ont sorti les plus belles bêtises de l’année. Konbini les compile et propose une phrase alternative.

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En gros, ça s’est plus ou moins toujours passé comme ça :

1. Réfléchir.

2. Agir.

C’est en suivant ces deux points que l’homme a pu bâtir de grandes civilisations, partir à la conquête de l’espace et apprendre à faire cuire du bacon. Or, si simple qu’il puisse paraître, ce schéma n’est pas encore évident pour chaque représentant de la race humaine. La preuve, en 2015, de nombreuses personnalités ont marqué l’année par une déclaration, un petit mot, un tweet ou tout simplement une boulette qu’elles ont dû regretter par la suite.

D’Eve Angeli à Donald Trump, de Robert Ménard à Johnny et de Jawad à la préfecture de Nice, les Français ont lu, entendu et vu beaucoup, beaucoup, beaucoup de conneries en 2015. Konbini a sélectionné celles qu’il a jugées les plus savoureuses et proposé une autre phrase à la place qui, si elle avait été mieux choisie, aurait peut-être évité à son auteur(e) de passer pour une andouille. Bon appétit.

United Colors of Nadine Morano

Parce qu’un best of des plus grosses conneries proférées cette année ne serait jamais digne de ce nom sans la Sainte Patronne de l’aphorisme émétique, voici à nouveau LA phrase lue, relue, publiée, commentée, analysée et critiquée jusqu’à la nausée :

Nous sommes un pays judéo-chrétien, le général De Gaulle le disait, de race blanche, qui accueille des personnes étrangères.

Ce qu’elle aurait dû dire: “J’assume pleinement la responsabilité de cet échec et j’en tire les conclusions en me retirant de la vie politique.” Si seulement, Nadine.

Johnny “war machine” Hallyday

Après les attentats, la France est entrée “en résistance”. Or, boire des coups en terrasse et graffer “Fluctuat Nec Mergitur” ne ressemble pas à une réponse appropriée pour Johnny Hallyday. Le rockeur l’a déclaré sérieusement dans une interview au Parisien reprise ici par Francetv info :

Si je n’étais pas chanteur, je prendrais une arme et j’irais combattre [les terroristes].

Ce qu’il aurait dû dire : “Si ma prostate ne m’en empêchait pas, je prendrais une arme et j’irais combattre [les terroristes]”. Oh yea-eah.

La table, le chauffeur et Nicolas Sarkozy

Imaginez, vous vous baladez tranquillement dans la rue quand soudain, paf, un coup de pied dans le derche. Surpris, vous vous dirigez vers la première table de café qui passe et la renversez violemment, avant de descendre de la voiture dans laquelle vous vous trouviez. D’ailleurs, maintenant que vous y regardez de plus près, vous réalisez que le chauffeur n’est pas celui que vous avez choisi.

Vous êtes perdu ? C’est normal. Le 16 octobre dernier, en plein meeting à Limoges pour soutenir la candidate locale aux régionales, le logiciel de discours politique niché sous le crâne de Nicolas Sarkozy a tout simplement planté. Le temps de relancer son système d’exploitation en mode sans échec, le mal était fait, la phrase dite, et l’ancien président devenu un fantasme clinique pour tous les chercheurs en neurosciences du pays.

Mesdames-messieurs, Nicolas Sarkozy, la Pythie de Delphes de la politique française :

Je voudrais leur dire qu’on a reçu le coup de pied au derrière mais que c’est pas parce que vous voulez renverser la table que vous descendez de la voiture dont vous vous abstenez de choisir le chauffeur.

Ce qu’il aurait dû dire : Rien, il aurait dû demander un tableau Velleda et faire un schéma. C’est toujours plus clair, avec un schéma.

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Courtney Love, über-diplomate

L’année 2015 aura également été marquante pour son bras de fer opposant les taxis à Uber. Et au milieu de la foire d’empoigne générale de la fin juin, une victime collatérale inattendue : Courtney Love. L’épouse de feu Kurt Cobain se retrouve sans le vouloir au beau milieu des affrontements. Elle tweete alors plusieurs messages désespérés, dont deux nous semblent dignes de figurer dans ce top des plus grosses conneries :

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[…] C’est ça la France ?? Je suis plus en sécurité à Bagdad.

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François Hollande, où est la police bordel ??? C’est normal pour vos citoyens d’attaquer les visiteurs ? Ramène ton cul à l’aéroport. Wtf ???

Ce qu’elle aurait dû dire : Peut-être déjà commencer par éviter une référence à une ville qui subit des attentats meurtriers au moins une fois par mois depuis 2003. Et au passage, interpeller le président ainsi, c’est lui faire bien des honneurs : lui qui préfère de loin Barbara, Dassin ou Ferré n’est sans doute pas très branché grunge.

BHL, l’Art de la guerre en costard

Il a remis ça. Après Bernard en YougoslavieBernard en AfghanistanBernard en Ukraine et Bernard en Libye, 2015 aura vu naître un nouvel épisode de la vie de combattant fictif du philosophe français : Bernard en première ligne face à Daech. Comment ? Une “tenue de combat” ? Mais pour quoi faire ?

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Ce qu’il aurait dû dire : “Je veux que les Français me voient en philosophe combattant mais comment rester élégant en enfilant un vulgaire treillis ? Soyez chics et laissez-moi devenir André Malraux, ou au moins Jacques Derrida ! Franchement, Bernard, ce serait plus honnête.

Ségolène Royal, fatwa sur le p’tit déj’

La ministre de l’Ecologie est une tête brûlée. Une militante. Une dure de dure. Et lorsqu’elle a quelqu’un dans le nez, elle mord. Après une attaque d’une violence inouïe contre le Roundup de Monsanto, la nouvelle pasionaria des militants écologistes remet ça en s’en prenant à l’invincible Nutella, dont l’huile de palme est apparemment responsable de la destruction de forêts entières, et invite la France au boycott.

Les militants anti-déforestation tombent en pâmoison, les lobbies de la palme contre-attaquent, on frôle le conflit diplomatique avec l’Italie. Vaincue, Ségolène Royal tombe au champ d’honneur et s’excuse sur Twitter. Le Nutella, lui, continue sa sinistre entreprise de destruction du globe.

Il faut replanter massivement des arbres, parce qu’il y a eu une déforestation massive qui entraîne aussi du réchauffement climatique. Il faut arrêter de manger du Nutella, par exemple, parce que c’est de l’huile de palme.

Ce qu’elle aurait dû dire: “(Les enfants) ont besoin d’un bon petit déjeuner. Du pain, du lait, un jus de fruit, et deux tartines de pain avec du Nutella. des noisettes, du lait écrémé… Nutella, il en faut de l’énergie pour être un enfant. Une déclaration à faire sur Glorious, d’Andreas Johnson. Voilà, maintenant vous connaissez le titre de cette foutue chanson.

Rachel Dolezal, daltonienne

Vous avez toujours rêvé d’être noir, or vous êtes blanc ? Faites comme Rachel Dolezal : croyez-y tellement fort que vous le deviendrez… ou presque. Mais n’est pas Claude Nougaro qui veut. Militante américaine des droits des personnes de couleur dans l’Idaho, la jeune femme s’est fait “outer” en tant que blanche par ses propres parents (pas cool) – alors même qu’aux Etats-Unis, le “blackface” est considéré comme un déguisement de blanc raciste, ou du moins condescendant. Embarrassant.

Oui, mais pas autant que sa tentative de justification. Dans une interview au Today Show le 15 juin, Rachel Dolezal se déclare alors “transraciale”. Tollé général dans une Amérique aujourd’hui si sensible aux phénomènes d’appropriation culturelle et de privilège blanc ; mais si le mot fait scandale, c’est parce qu’il existe déjà pour désigner la situation de jeunes enfants adoptés et élevés dans des foyers ethniquement et culturellement différents de ceux de leur naissance. Oups.

Ce qu’elle aurait dû dire : “Je n’ai aucune idée de comment je vais me sortir de cette histoire et si vous connaissez un terrier de lapin inoccupé afin de m’y planquer en position fœtale pour les deux à trois cents prochaines années, j’en serais fort aise.”

Robert Ménard, cauchemar en cuisine

Cette année, l’homme fort de Béziers aura joué les VRP de la xénophobie avec un zèle admirable. Quand il n’est pas trop occupé à vouloir armer sa police municipale où à expulser du migrant squatteur, Bob Ménard a aussi quelques passe-temps. Ce 30 octobre, le Charles Martel de l’Hérault a une épiphanie : pour vaincre le péril du Grand Remplacement, il faut bouter les kebabs hors de France.

Je trouve qu’à un moment donné, trop c’est trop. Quand il y a trop d’immigrés dans un pays, c’est trop d’immigrés. […] À un moment donné, dans le domaine alimentaire, dans le domaine de la restauration, je trouve que trop de kebabs, c’est trop.

Ce qu’il aurait dû dire: “Chef, tu me mets un salade-tomates-oignons-samouraï avec frites-coca s’teuplaît ? Et radine pas sur la bidoche, frère.”

Karim Benzema et ses potes un peu “tarlouzes”

2015 aura également été l’année où Mathieu Valbuena et Karim Benzema, deux joueurs de l’équipe de France de football, se retrouvent pris dans une affaire de chantage à la sextape. Déjà bien assez gênante comme ça, cette histoire l’est encore plus lorsqu’on découvre les compte-rendus de l’audition de l’avant-centre auprès de la justice… Et plus particulièrement lorsqu’il tente une défense d’équilibriste pour justifier d’avoir traité son camarade de “tarlouze” lors d’une conversation téléphonique le 19 octobre :

Après, “tarlouze”, on peut le dire à tout le monde, à ses amis, à ses potes. Pour moi, pour la nouvelle génération, c’est amical.

Ce qu’il aurait dû dire : “Madame la juge, croyez-moi, je ne le pensais pas”. Au collège ça marche, alors pourquoi pas en justice ?

Eve Angeli, ingénue

14 novembre 2015. La France se réveille sous le choc après les attentats les plus meurtriers qu’elle a jamais connus. Pour beaucoup de Français, la situation est particulièrement bouleversante. C’est le cas d’Eve Angeli, tellement bouleversée qu’il ne lui reste qu’une chose à faire : poser nichons à l’air.

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Ce qu’elle aurait dû dire : Rien. Rien du tout.

Jawad Bendaoud, logé-nourri… blanchi ?

Au milieu d’une actualité morose, une bonne tranche de rigolade, ça n’a pas de prix. Prenons quelques instants pour saluer Jawad Bendaoud, marchand de sommeil de Saint-Denis, connu sur Internet sous le nom de “logeur du Daech”, qui offrait alors aux téléspectateurs de BFMTV l’exclusivité de cette perle savoureuse :

“[…] On m’a demandé de rendre service, j’ai rendu service. […] Si j’avais su [qu’ils étaient terroristes] vous croyez que je les aurais hébergés ?”

Ce qu’il aurait dû dire : “J’avoue, j’ai merdé là.”

Manuel Valls, la mémoire dans la peau

Attentats terroristes, crise migratoire et montée du Front National : cette année aura aussi été celle de Manuel Valls, présence télévisuelle paternelle et rassurante, le sourcil froncé, le menton fier et l’œil noir de celui qu’il vaut mieux ne pas emmerder. Le général De Gauche est comme ça, inflexible. Il sait ce qu’il fait, fait ce qu’il dit et dit ce qu’il veut. Alors quand sa propre famille politique hurle son dégoût face à sa proposition de déchéance de nationalité pour les binationaux (une idée piquée à Sarkozy après visionnage sur DVD piraté de son discours de Grenoble en 2010), la veine temporale du Premier ministre se met à convulser.

Ça commence à bien faire, cette bande de socialos tout juste bonne à rabâcher du Jaurès en s’empiffrant de chipolatas au congrès de la Rochelle. Il a un pays à diriger, lui. En remontant les manches de sa chemise blanche déjà tachée de sueur, Manuel Valls essaie de peser ses mots. Peine perdue :

Une partie de la gauche s’égare au nom de grandes  valeurs en oubliant le contexte, notre état de guerre et le discours du président devant le Congrès. La détermination est totale, nous irons jusqu’au bout et que chacun à gauche en soit convaincu.

Ce qu’il aurait dû dire (en l’occurrence, ce qu’il disait en 2010, à propos de la déchéance de nationalité) : “C’est contraire à nos principes républicains, à nos valeurs. (…) Ce qui est insupportable, c’est cet amalgame entre l’insécurité et l’étranger. (…) C’est une mauvaise chose, c’est dangereux pour la démocratie et pour nos valeurs.”

Donald Trump, quart d’heure américain

S’il y a bien une qualité qu’on peut reconnaître au Don, c’est la science de la punchline. Magnat des médias, le désormais candidat à la présidentielle a fini par réaliser la corrélation fascinante entre l’énormité de ses déclarations et l’augmentation de sa cote de popularité. Le 7 décembre, après avoir médité toute la nuit au son de la Star-Spangled Banner face à son effigie grandeur nature en or massif , Donald trouve enfin la formule parfaite. Le sourire en coin, déjà satisfait de son prochain tour de force, il recoiffe sa mèche, bombe le torse, se racle la gorge et balance :

J’appelle à un arrêt total et complet de l’entrée des musulmans aux Etats-Unis jusqu’à ce que nos représentants comprennent ce qu’il se passe.

Ce qu’il aurait dû dire: “Ecoutez, moi mon truc, c’est de raconter des conneries, c’est tout. La présidentielle, c’est juste un pari à la con que j’ai perdu avec les copains un soir de cuite mais entre nous, si ça pouvait s’arrêter là, ben ça m’irait très bien. Allez j’vous laisse, ma femme a préparé un couscous.”

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On ne la fait pas à Jean-Marie Le Pen

Le Borgne a beau avoir été mis à la porte de son propre parti en août dernier, il restera toujours l’âme du parti à la flamme. Esseulé et vieillissant, le Jules César de l’extrême-droite trouve quand même le moyen de faire entendre ses grognements xénophobes. Le 16 janvier dernier, dix jours après les attentats de Charlie Hebdo, Jean-Marie Le Pen donne une interview au tabloïd russe Komsomolskaïa Pravda. Et pour lui, pas de doute : l’attaque de Charlie Hebdo est une histoire de barbouzes.

Cette histoire de carte d’identité oubliée par les frères Kouachi me rappelle le passeport d’un des terroristes du 11 Septembre miraculeusement retrouvé dans un New York en cendres. (…) Toute l’opération (des frères Kouachi) porte la signature de services secrets. Bien sûr, nous n’avons pas de preuves. Je ne dis pas que les autorités françaises sont derrière ce crime, mais qu’ils ont pu avoir permis qu’il ait lieu.

Ce qu’il aurait dû dire: “Cette affaire porte indubitablement la patte de l’organisation judéo-maçonnique mondiale entretenue en France par les hérauts de la bien-pensance boboïsante de l’UMPS qui mèneront ce pays vers la grande dissolution civilisationnelle, et j’en ai l’intime conviction, n’est-ce paaaas.” Qu’on se rassure, chaque jour qui passe nous rapproche un peu plus de sa mise sous curatelle.

La facétieuse préfecture de Nice

Parce que oui, en 2015, faire flotter au petit matin un énorme étendard à la gloire du IIIe Reich sur la façade du palais de la préfecture, sans prévenir personne qu’il s’agit du tournage d’un film et pas de la dernière coquetterie de Christian Estrosi avant les régionales, ça la fout mal. D’autant plus dans une région qui, deux mois plus tard, chiffrera 46% en faveur de Marion-Maréchal Le Pen, battue par… Christian Estrosi.

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Ce qu’ils auraient dû laisser dans les boîtes aux lettres des Niçois :

“Chers voisins,

Le 28 septembre, la préfecture de Nice organise une grande réception costumée sur le thème de l’Allemagne des années 30. Il se peut donc que vous soyez quelque peu dérangés par le volume de la musique (Wagner, nous, on adore), les aboiements des bergers allemands, le claquement intempestif des bottes dans le grand hall du Palais ou le déploiement de drapeaux nazis dans la cage d’escalier. Nous vous prions d’excuser la gêne occasionnée, mais n’hésitez surtout pas à venir boire un coup de schnapps avec nous !

Heil Hitler,

La préfecture”

Article co-rédigé par Thibault Prévost & Theo Chapuis