Les forêts tropicales rejettent désormais plus de CO2 qu’elles n’en absorbent

Les forêts tropicales rejettent désormais plus de CO2 qu’elles n’en absorbent

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(©Andre Zumak/Flickr)

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Par Jeanne Pouget

Publié le

Les forêts tropicales arrivent à un tel seuil de dégradation qu’elles rejettent désormais plus de carbone qu’elles n’en absorbent, préviennent les scientifiques.

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Véritables poumons verts, les forêts fonctionnent comme des puits de carbone puisqu’elles absorbent le CO2 et rejettent de l’oxygène. Mais selon une étude publiée le 28 septembre dernier dans la revue Science, les forêts tropicales seraient en train de suffoquer sous le gaz carbonique, au point de ne tout bonnement plus réussir à effectuer ce cycle vertueux naturel et nécessaire à la santé de notre planète.

En étudiant des données récoltées par images satellites pendant douze ans et effectuées sur le terrain, les scientifiques ont observé un véritable retournement de situation. Les forêts commencent à émettre davantage de gaz carbonique que d’oxygène. Autrement dit, ces poumons verts arrivent à saturation et contribuent à émettre davantage de CO2 plutôt qu’à l’absorber.

L’humain à l’origine de ce phénomène

Les raisons peuvent être naturelles (incendie, tempête, attaque phytosanitaire…), mais ce sont le plus souvent les activités humaines (déforestation, exploitation…) qui en sont la cause. L’étude souligne particulièrement ce facteur en pointant du doigt le rôle de la déforestation massive et de la dégradation forestière causées par les humains.

Alessandro Baccini, l’un des coauteurs de l’étude, s’inquiète dans les colonnes du Guardian :

“La forêt ne fait pas ce que nous pensions qu’elle faisait. […] Comme toujours, les arbres retirent du carbone de l’atmosphère, mais le volume des forêts n’est plus suffisant pour compenser les pertes. La région [de l’Amazone] n’est plus un puits.”

Les chercheurs affirment en outre que les forêts des régions d’Amérique du Sud, d’Afrique et d’Asie, qui jouaient jusqu’à présent un rôle crucial en absorbant le gaz carbonique, en rejettent désormais 425 000 kilotonnes par an dans l’atmosphère. Soit plus que celui émis par la circulation des voitures aux États-Unis.

Selon eux, les gouvernements portent une part de responsabilité dans cette dégradation. Notamment certaines nations comme le Brésil ou la Colombie, qui accélèrent la déforestation au lieu d’adopter des mesures pour lutter contre. “C’est choquant, se désole Alessandro Baccini, mon fils ne verra peut-être pas beaucoup de forêts. À ce rythme de changement, il n’y en aura bientôt plus.”

Les chercheurs se veulent néanmoins positifs en affirmant que les moyens et la technologie sont là pour inverser la tendance. Et faire des arbres, de nouveau, nos alliés.

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