Le nageur olympique surnommé “la baleine” est meilleur que vous et moi

Le nageur olympique surnommé “la baleine” est meilleur que vous et moi

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Par Olivia Cassano

Publié le

Arrivé dernier dans le tour préliminaire du 100 mètres nage libre, l’Éthiopien Robel Kiros Habte fait à présent l’objet de moqueries sur sa performance et son embonpoint, qui lui ont valu le surnom de Robel la baleine. Une nouvelle fois, Internet prend des allures de cour de maternelle.

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Se moquer du physique des athlètes, c’est un grand classique du sport, une habitude de merde qui vise généralement les femmes. Mais le fait que, cette fois, la personne ciblée soit un homme n’est en aucun cas une consolation.

Mardi 9 juillet, l’Éthiopien Robel Habte concourait dans l’épreuve du 100 mètres nage libre. Il est arrivé 59e sur 59, avec un chrono de 1 minute, 4 secondes et 95 centièmes, soit 17 secondes après le gagnant (l’Australien Kyle Chalmers, qui a terminé en 47 secondes et cinquante-huit centièmes.) Robel Habte n’a pas eu l’air contrarié par ce résultat, il était même plutôt ravi après sa performance, pas vraiment grandiose. Il a déclaré à Reuters : “Je suis très heureux car c’est la première fois que je participe aux Jeux olympiques !”

Robel Habte était le seul nageur à ne pas avoir fait un temps de moins d’une minute et le seul à ne pas avoir un corps svelte et sculpté. Il a donc immédiatement fait le buzz sur Internet, des images de sa course et de son corps circulant sur les réseaux sociaux… avec leur lot de critiques.

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Traduction : “Le hashtag #RobeltheWhale est vraiment hors de propos. Au moins, les baleines savent nager.”

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Traduction : “Comment ce nageur éthiopien (Robel Habte) s’est-il débrouillé pour participer aux Jeux olympiques ? Il est en surpoids et tellement lent que ça en est gênant.”

Beaucoup se sont demandé comment Robel Habte était parvenu à se qualifier, vu sa piètre performance, certains laissant entendre que ce serait par népotisme (son père est le président de la Fédération éthiopienne de natation). Et même si c’était le cas, vu comme les compétitions croulent sous les accusations de manigances, le surnommer “la Baleine”, c’est juste dégueulasse.

Robel Habte a déclaré au Daily Mail qu’il trouvait ces moqueries étaient blessantes, d’autant que ce “dad bod” s’était formé durant sa convalescence après un accident de voiture.”Je ne suis pas surpris d’être arrivé dernier et loin derrière, je m’y attendais, a-t-il expliqué. L’Éthiopie n’est pas un pays connu pour ses nageurs, je ne me suis pas entraîné dans une piscine olympique.” Les succès olympiques éthiopiens sont plus souvent obtenus sur la terre ferme, mais Robel Habte veut montrer son pays sous un jour différent.

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Traduction : “Mais laissez #RobelTheWhale tranquile. D’abord, vous nous sortez que les Éthiopiens sont trop maigres, maintenant qu’on est trop gros. On ne peut pas s’en sortir, littéralement pas.”

En natation, la ligne qui sépare un gagnant d’un perdant est plus fine qu’un cheveu, même un dixième de secondes peut faire la différence. Par ailleurs, ce ne serait pas un peu malvenu de se moquer d’un athlète olympique, alors qu’on est probablement affalé dans son canapé à manger des chips ? J’aimerais bien voir ces haters tenter de battre son chrono…

Il n’a pas les abdos saillants, il est plutôt lent, c’est peut être uniquement la position de son père qui l’a mené à Rio, mais ces moqueries restent un problème. Elles témoignent d’une culture où les gens se sentent le droit de juger le corps de quelqu’un d’autre. Bien ou mal acquise, sa place à Rio, Robel Habte la mérite bien plus que ceux qui l’ont appelé “la Baleine”.