Vidéo : oubliez l’hoverboard, voici la moto volante Kitty Hawk Flyer

Vidéo : oubliez l’hoverboard, voici la moto volante Kitty Hawk Flyer

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Par Thibault Prévost

Publié le

La start-up soutenue par Larry Page, le fondateur de Google, a présenté un véhicule volant personnel à rotors capable de vous transporter au-dessus d’un lac.

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Imaginez : vous êtes tranquillement installé dans votre chalet au bord du lac de Garde (600 mètres carrés de surface habitable, jardin d’hiver, piscine chauffée), en train de préparer l’apéro avant de recevoir vos voisins pour vous détendre en regardant le soleil se coucher dans la quiétude du soir quand, soudain, vous réalisez que vous avez oublié d’acheter une baguette et que la boulangerie la plus proche se trouve de l’autre côté du lac, à vingt minutes de bagnole. Enfer et damnation ! Voilà la soirée foutue.

Heureusement pour vous, le Kitty Hawk Flyer flambant neuf qui se balance gentiment à la corde de votre ponton personnel est là pour vous sauver. Ni une ni deux, vous enfourchez la bête, faites chauffer les rotors et décollez. La traversée du lac vous prend deux minutes et vous provoquez quelques interjections ébahies de la populace quand vous amerrissez dans le port d’en face, foncez à la boulange, commandez votre baguette –encore chaude, avec ça – et repartez aussi sec en jouant les filles de l’air. La Silicon Valley a vraiment pensé à tout.

Comme son nom l’indique, le Kitty Hawk Flyer, présenté le 25 avril par la start-up Kitty Hawk (soutenue par Larry Page himself à hauteur de 90 millions d’euros) est le dernier-né de la jeune famille des véhicules volants, qui semblent réellement voués à envahir, sinon nos villes, du moins nos campagnes dans un avenir (relativement) proche. Quelque part entre le Flyboard Air de notre Gaulois Franky Zapata, martyr de la french tech, et le taxi-drone eHang 184 que la ville de Dubai compte faire voler dès cet été sans aucune garantie de sécurité, le Flyer de Kitty Hawk est donc un véhicule volant personnel électrique équipé de huit rotors, au design inspiré des essais de moto volante – on dit hoverbike, dans le jargon – et équipé de deux gros flotteurs à la manière d’un hydravion. Les rotors sont répartis en étoile autour du pilote (protégé par des grilles métalliques, quand même), qui sera installé dans une position de motard. Le tout possède une allure un peu étrange, quelque part entre le drone de prise de vues hypertrophié et la soucoupe volante désossée.

Signe extérieur d’individualisme

Selon l’entreprise, la bête serait capable de voler au-dessus de l’eau à 40 kilomètres/heure et 4,60 mètres d’altitude, contrôlée par deux joysticks. Durée du test : cinq minutes, selon le New York Times, qui ajoute que le prototype serait commercialisé à la fin de l’année, sans que l’on connaisse son prix. Tout ce que l’on sait, c’est que les souscripteurs, moyennant 100 dollars pour trois ans, bénéficieront d’une remise de 2 000 dollars sur l’engin. Ce qui laisse supposer un prix pas franchement abordable pour le ménage moyen, qui, de toute façon, n’habite pas au bord du lac et n’en a donc pas l’utilité immédiate.

Car tout le problème est là, au fond : d’accord, le truc est encore à l’état de prototype et la version définitive bénéficiera certainement d’un ravalement de façade avec carrosserie, LED dans tous les coins et tableau de bord tactile connecté aussi bien à votre domotique qu’à vos réseaux sociaux, mais il y a peu de chances pour que les équipes de Kitty Hawk découvrent un moyen de rendre huit rotors aussi silencieux qu’un aspirateur Dyson.

Alors certes, comme le dit Larry Page, le Kitty Hawk Flyer ne nécessite (curieusement) aucun permis – aux États-Unis, du moins – et sa prise en main paraît aussi instinctive qu’un Vespa, mais le drone géant est aussi un merveilleux outil pour qui adore se faire haïr de ses voisins à chaque décollage et amerrissage. Selon le journal, les huit rotors “hurlent aussi fort qu’une vedette”, ce qui fait beaucoup, BEAUCOUP, de bruit. Brad Templeton, un consultant sur le projet interrogé par le New York Times, résume parfaitement l’idée :

 “J’adore l’idée d’aller dans mon jardin et d’enfourcher ma voiture volante. Je déteste l’idée que mon voisin en ait une.”

Les quelques irréductibles qui franchiront quand même le pas le feront donc pour s’offrir un vieux fantasme – et franchement, quoi de plus naturel ? –, mais le fantasme a un prix : devenir l’incarnation même de la richesse ostentatoire et sans gêne. Ne venez pas vous plaindre si vous retrouvez vos rotors découpés à la scie sauteuse.