L’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle se lance dans la reconnaissance faciale

L’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle se lance dans la reconnaissance faciale

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Par Thibault Prévost

Publié le

Paris Aéroport va tester un nouveau dispositif de reconnaissance faciale, qui pourrait concerner 20 % des passagers. La Cnil est d’accord.

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Depuis les attaques terroristes de Paris et de Nice, chaque personne entrant en France est désormais enregistrée lors de son passage à la frontière. Une mesure de sécurité draconienne qui a eu pour conséquence de doubler le temps d’attente aux aéroports, notamment à celui de Paris-Roissy-Charles-de-Gaulle, qui voit défiler quotidiennement plus de 180 000 voyageurs. Pour fluidifier les flux de passagers, la société Paris Aéroport (anciennement Aéroports de Paris, ADP) vient de lancer les tests d’un nouveau dispositif de reconnaissance faciale automatisée, ainsi que le rapporte Bloomberg, qui pourrait concerner jusqu’à 20 % des voyageurs s’il venait à être définitivement mis en place.

Le système, géré par la société portugaise Vision-Box, pourra comparer les données biométriques du visage d’un voyageur en provenance de l’un des 28 pays de l’Union européenne à la photo figurant sur son passeport (probablement biométrique lui aussi), pour le laisser passer plus rapidement les contrôles. Un temps d’attente plus court… mais des données biométriques enregistrées on ne sait où. Qu’importe, la Cnil a donné son accord en janvier 2016 et, dans la foulée, le gouvernement publiait un décret autorisant l’exploitation des photos des passeports biométriques des voyageurs.

Déjà en place depuis 2012, en version optionnelle

Une simple “amélioration” d’un système mis en place en 2012 à l’aéroport de Roissy sous le nom de Parafe (Passage rapide aux frontières), composé d’un sas de contrôle automatique d’identité, qui permettait de bloquer quiconque était recherché par les forces de l’ordre ou non reconnu par le système. Jusque-là, le passage par Parafe n’était cependant pas obligatoire, et ne concernait que 3 % des passagers de l’aéroport, précise Numerama. Ce qui n’empêche pas ADP d’étendre le dispositif : si 37 machines sont actuellement en fonctionnement, l’entreprise en a commandé 87 de plus pour 2021, dont 45 seront livrées cette année. Selon Augustin de Romanet, PDG de Paris Aéroport, l’entreprise a investi 6 millions d’euros de sa poche pour accélérer le processus, plutôt que d’attendre que le gouvernement débloque les fonds.

Alors qu’en mars 2016 Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’Intérieur, appelait publiquement de ses vœux le déploiement des technologies de reconnaissance faciale dans les aéroports et gares français, ses rêves sont progressivement en train d’être exaucés. Et la tendance est mondiale, puisque les États-Unis, l’Australie ou l’Allemagne sont également en train de tester la technologie. Reste maintenant à gérer les deux problèmes majeurs de la technologie : la relative inefficacité des algorithmes de reconnaissance faciale, qui ont encore vachement de mal à remplir leur mission (et à s’empêcher d’être racistes, aussi, mais c’est une autre histoire), et la gestion des données une fois récoltées. Comme nous l’expliquions précédemment, se faire hacker son numéro de carte de crédit est déjà assez emmerdant, mais se faire voler l’image biométrique de son œil, son visage ou ses empreintes digitales peut être autrement plus dévastateur…