Violences, racisme : un rapport fustige les pratiques de la police de Baltimore

Violences, racisme : un rapport fustige les pratiques de la police de Baltimore

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Par Théo Chapuis

Publié le

Un rapport du département de la Justice américain accuse la police de Baltimore de pratiques illégales, visant notamment la communauté afro-américaine. 

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La honte. Dans son rapport de 164 pages, le département de la Justice américain fustige la police de Baltimore (Maryland) pour son comportement vis-à-vis des citoyens noirs. Le ministère “conclut qu’il est raisonnable de penser que le département de police de Baltimore (BPD) se livre à des comportements et des pratiques habituelles qui enfreignent la Constitution ou la législation fédérale”.

Parmi les comportements incriminés, les enquêteurs du département de la justice pointent du doigt des “interpellations, fouilles et arrestations anticonstitutionnelles”. Ils accusent aussi un “usage excessif de la force”, qui s’apparente même à une technique de représailles lorsque les agents “n’aiment pas les réponses” des individus interpelés.

L’institution suprême accuse le BPD de s’en prendre aux Afro-Américains de manière systématique avec “la mise en œuvre de stratégies de maintien de l’ordre qui entraînent des disparités graves et injustifiées dans le taux d’interpellations, de fouilles et d’arrestations de Noirs”.

Le ministère constate qu’en plus des palpations habituelles lors d’un contrôle, les policiers exigent des citoyens noirs qu’ils se déshabillent, une pratique contraire à la Constitution comme le rappelle Le Monde.

Jusqu’à 30 contrôles en quatre ans

Alors que les Noirs représentent 63 % de la population de la ville, le rapport note qu’ils sont victimes de 84 % des contrôles de police. Mieux encore, ils représentent 95 % (!) des 410 citoyens contrôlés au moins 10 fois par la police entre 2010 et 2015. D’après les enquêteurs, aucun individu d’une autre couleur de peau n’a eu à subir plus de 12 contrôles pendant ce laps de temps. Un homme aurait même été contrôlé 30 fois en moins de quatre ans, aucun de ces contrôles n’ayant mené à des poursuites judiciaires. Dans l’ensemble, pour 26 contrôles sur 27, aucune poursuite n’est ensuite engagée.

Le ministère fait également part de ses “inquiétudes” à propos du transport des personnes. C’est précisément ainsi que Freddie Gray est mort. Le 12 avril 2015 à Baltimore, dans le Maryland, le jeune homme de 25 ans était interpelé puis emmené dans un fourgon de la police locale. Il en est ressorti avec une fracture des vertèbres cervicales, survenue dans des circonstances qui ne seront jamais clairement établies.

Après les émeutes de Ferguson à l’été 2014, les tensions raciales aux États-Unis ont repris de plus belle à la suite de la mort de Freddie Gray, un cas de violences policières devenu symbole du mouvement Black Lives Matter. Les émeutes qui ont suivi son décès avaient entraîné l’instauration d’un couvre-feu à Baltimore.

À lire –> Les policiers responsables de la mort de Freddie Gray ont été innocentés

À qui la faute ? D’après le rapport, ces “défaillances” sont la conséquence d’une “déficience de politiques, de formation, de supervision et de recherche de responsabilités” ainsi que de “stratégies de maintien de l’ordre qui n’intègrent pas efficacement la communauté que la police [de Baltimore] sert”.

La hiérarchie dans le viseur

Ces “tactiques agressives” sont le résultat d’une politique du “eux contre nous” qui vient de la hiérarchie de la police de Baltimore, assène le rapport. Ainsi, les gardiens de la paix “[s’aliènent] les civils qu’ils sont censés protéger”. Dans le rapport, un agent de police raconte qu’un supérieur lui a ordonné “d’inventer quelque chose” pour justifier l’arrestation injustifiée de plusieurs jeunes Afro-Américains commandée par ses chefs.

La procureure générale de l’État du Maryland, Marilyn Mosby, a pris acte de ce rapport. Dans son commentaire, elle indique qu’il “confirme des choses que nombre d’entre nous savons déjà et dont nous avons une expérience de premier plan”. De leur côté, les enquêteurs soulignent qu’ils constatent une “vaste reconnaissance” des problèmes incriminés et “un vif intérêt pour réformer”. Wait and see.