Le Ku Klux Klan utilisé dans un court pour combattre l’extrême droite

Le Ku Klux Klan utilisé dans un court pour combattre l’extrême droite

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Par Louis Lepron

Publié le

Une forêt, un clair de lune et une scène éclairée avec quelques torches : une personne habillée d’une robe blanche du Ku Klux Klan s’avance et présente, fièrement, sa nouvelle tenue. Face à elle, un noir, la corde au cou, entouré par deux autres personnes de l’organisation suprématiste blanche.
Le message est fort :

Derrière ce court métrage, un post-producteur logé en banlieue parisienne, Philippe Joubert. Il a 35 ans et a décidé, à quelques semaines des élections municipales et européennes, de pousser une gueulante visuelle, mélangeant Ku Klux Klan, humour et couperet de la réalité. L’idée est d’évoquer la libération d’une parole raciste en France et une dédiabolisation certaine de l’extrême droite.
Contacté par Konbini, il avance que ses projets personnels, en parallèle de son travail de post-production sur des publicités pour Nissan ou la SNCF, sont pour lui des “soupapes de survie”. Et c’est la première fois qu’il aborde la politique, “un grand écart intéressant”, pour une production qu’il a entièrement produite et “supportée par toute l’équipe de manière autonome”.
Nous lui avons posé quelques questions.
K | Qu’est-ce qui vous a poussé à faire ce court ? 
Cette vidéo est une réaction au battage médiatique à l’approche des municipales, qui a commencé à prendre de l’ampleur après l’affaire médiatique autour de Christine Taubira [en octobre 2013, Christine Taubira avait été comparée à un singe, ndlr]. Des gens se sont permis de parler de races, des propos repris par des journalistes, reçus de plein fouet par des personnes qui n’ont pas de recul sur tout ça.
K | Ça va si mal que ça en France ?
Il y a un laisser-aller : il n’y a pas forcément plus d’intolérants mais certains se sentent galvanisés. Il faut dire qu’on a tous accès aux médias plus facilement : tout le monde prend la parole pour tout et n’importe quoi. Aujourd’hui, on tend un micro au racisme.
K | Le choix du Ku Klux Klan n’est pas anodin : c’est une imagerie forte. 
L’idée c’était de s’éloigner d’une image trop proche de nous, à l’aide d’un imaginaire puissant, tourné en ridicule. Si j’avais fait une référence à un parti politique français connu, ça aurait été trop proche de notre quotidien. Le Ku Klux Klan a une imagerie qui a traversé les années et c’est d’autant plus violent maintenant.
K | Comment s’est déroulé le tournage ? 
On a tourné dans la forêt de Senlis, au Nord de Paris. C’était quelque chose de spécial pour les acteurs comme Gilles Vajou de se vêtir de cette manière. Même si c’est une comédie, il y a forcément une tension qui monte. Tout le monde était galvanisé par le message : c’était un peu comme une pièce de théâtre, dans la façon de jouer.
K | Quand on voit ce court, on pense à Django Unchained, sorti il y a un an, qui se moquait lui aussi du Ku Klux Klan.
Il n’y pas forcément de références à Django Unchained, mais on pense forcément à ce film comme à celui des frères Coen, O’Brother (2000), ou à Mississippi Burning (1998) d’Alan Parker. Dans ces productions, il y a des situations de décalages : elles comportent des gens normaux cagoulés qui ont des reflexions d’abrutis. L’humour réside ici, il montre l’absurdité de ces regroupements.
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Réponses recueillies par Théo Chapuis

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