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Kenya : le web rend hommage aux étudiants victimes du massacre de Garissa

Kenya : le web rend hommage aux étudiants victimes du massacre de Garissa

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Par Anaïs Chatellier

Publié le

Quelques jours après l’attentat qui a provoqué la mort d’au moins 147 personnes au Kenya, le web continue de s’indigner contre cet acte barbare et l’indifférence de la communauté internationale. 
Jeudi 2 avril, à l’aube, un groupe d’islamistes somaliens shebab, affilié à Al-Qaïda, prend d’assaut le campus de l’université de Garissa au Kenya, située à environ 150 kilomètres de la frontière avec la Somalie et qui hébergeait des centaines d’étudiants originaires de différentes régions.  Ils lancent des grenades avant de séparer les étudiants musulmans et non-musulmans. Les premiers sont priés de quitter les lieux tandis que les seconds sont gardés en otage. Au total, ce sont 142 étudiants qui ont péri durant l’attaque, trois policiers et trois militaires.
Les témoignages des survivants sont douloureux et confirment la barbarie de l’acte : les terroristes n’ont pas hésité à s’amuser avec leurs otages avant de les tuer sauvagement. Depuis cette attaque considérée comme la plus meurtrière sur le sol kenyan depuis l’attentat contre l’ambassade américaine de Nairobi en 1998, les internautes continuent à s’indigner aussi bien de l’acte terroriste que de l’indifférence de la communauté internationale alors que le président kenyan a décrété trois jours de deuil national.

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“Ils ne sont pas qu’un nombre”

Les attentats qui ont secoué la France au début de cette année 2015 avaient provoqué une vague d’indignation sans précédent dans le monde entier, sous le signe de “Je suis Charlie”. Depuis, les internautes reprennent régulièrement le slogan pour affirmer leur soutien à un pays ou un peuple qui vient de vivre un drame. Ainsi, lorsque Boko Haram détruisait des villages entiers au Nigéria la même semaine que la tuerie à Charlie Hebdo, le hashtag #JesuisNigerian était créé pour demander au monde entier de ne pas faire l’impasse sur ce qu’il venait de se dérouler. Il y a peu de temps encore, le hashtag #JesuisTunisien était créé juste après les attaques du Bardo.
Si le 3 avril, #JesuisKenyan devenait le deuxième topic le plus populaire sur Twitter, nombreux sont les internautes qui soulignent un engouement beaucoup moins important alors qu’il s’agit bien du même procédé : un groupe de personnes armées tuant des personnes qui ne pensent pas comme eux. Certains n’hésitent pas à poser la question : “une vie africaine est-elle moins importante ?”.


Au-délà d’un nombre de tweets moins importants, c’est réellement le silence relatif de la communauté internationale qui indigne la twittosphère. Peu de chefs d’État ou de personnalités politiques ont pris la parole pour montrer leur soutien, aucune marche n’est encore prévue, alors que beaucoup s’étaient réunis à Tunis en soutien aux récents événements.
C’est comme s’il y avait deux poids, deux mesures. D’ailleurs, les internautes n’ont pas hésité à le rappeler en ironisant sur le fait que l’intérêt occidental pour les statues et le patrimoine détruits par Daech, incident remonté jusqu’au Conseil de Sécurité des Nations Unies, a été plus conséquent dans les médias et sur les réseaux sociaux que la mort d’au moins 147 personnes.
En parallèle, la juriste et activiste Ory Okolloh a décidé de s’éloigner de la référence aux attentats parisiens en créant le hashtag #147notjustanumber – 147 n’est pas juste un nombre – en rappelant que derrière ce chiffre se cache de nombreuses vies qui ont été arrachées injustement et tout autant de familles qui sont détruites. Elle a donc décidé de poster l’un après l’autre, les noms et les photos des victimes.