La sonde spatiale Juno tire son nom d’une blague grivoise de Galilée

La sonde spatiale Juno tire son nom d’une blague grivoise de Galilée

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Par Thibault Prévost

Publié le

Si la sonde d’exploration de Jupiter s’appelle “Juno”, c’est pour perpétuer une blague mythologico-nerd faite par Galilée il y a 400 ans. Humour cosmique.

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L’ingénierie aérospatiale et l’astronomie ne sont pas les plus grands viviers à humoristes de la société, il faut bien l’avouer. Pour autant, derrière les baies vitrées des centres de contrôle, dans les oreillettes ou sur les messagerie Slack des équipes travaillant au prochain prototype de robot d’exploration martienne, une étrange espèce d’humour parvient tout de même à proliférer. Souvent méta, prenant racine dans des recoins improbables, il passe devant les esprits grossiers du grand public sans se faire remarquer, dissimulé derrière une référence historique, un choix de police improbable pour présenter la plus grande découverte scientifique du siècle… ou le nom d’une sonde d’exploration interplanétaire, par exemple.

Car la sonde Juno, qui est parvenue à agripper l’orbite de Jupiter le 5 juillet au petit matin (et s’est déjà fendue d’une référence au groupe Blue Oyster Cult pour le faire savoir), ne doit pas son nom au hasard mais à une savante combinaison d’humour, de sarcasme et de mythologie. Cette référence humoristique prend racine il y a 400 ans, rapporte le Daily Dot, et se veut comme une sorte de big up au saint patron de l’astronomie, Galilée, dont l’humour n’était à l’époque pas piqué des hannetons. En 1610, l’astronome découvre quatre lunes en orbite autour de Jupiter, et décide de les nommer Io, Europe, Ganymède et Callisto. Des noms qui correspondent, dans la mythologie romaine, à ceux de quatre des maîtresses mortelles de Jupiter – les amours innombrables du “dieu des dieux” constituent un sujet de prédilection de la peinture classique.

Un nuage pour dissimuler ses ébats

En 2011, lorsque la Nasa dévoile sa nouvelle mission d’exploration vers la planète géante, elle présente donc la sonde Juno… prénommée d’après Junon, la femme de Jupiter, jalouse de ses infidélités. Ce matin, lorsque Juno a annoncé au monde qu’elle était entrée en orbite autour de la planète, elle l’a fait avec une série de tweets. Le second d’entre eux ? “Je suis prête à découvrir tous tes secrets, Jupiter. Prépare-toi.” Une référence à la fois subtile et grivoise, qui n’a pas échappé à la communauté d’astronomes de Reddit.

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Mieux encore, comme l’explique le redditeur Nattybumppo, la blague ne s’arrête pas là. Selon le mythe, pour éviter de se faire griller par sa femme, Jupiter n’avait rien trouvé de mieux que de se planquer derrière un nuage pour faire ses affaires. Un stratagème littéralement éventé par Juno, qui trouvait bizarre de voir Io en plein ébats avec un cumulo-nimbus, et représenté par une peinture du Correggio, Jupiter et Io (vers 1530). Côté science, l’objectif principal de la sonde pendant ses vingt mois de mission sera d’analyser la composition de la planète gazeuse pour déterminer ce qui se trouve en son centre. Soit, littéralement, de percer le rideau de nuages. Et la Nasa ne s’en cache même pas. Petits farceurs, va.